Après plusieurs plaintes de parents ayant fait état de discriminations à l'encontre de visiteurs handicapés mentaux à Disneyland Paris, l'association Unapei a annoncé jeudi le dépôt d'une plainte, une démarche qui "surprend" beaucoup Disney.
L'Unapei, fédération de familles et proches de personnes handicapées mentales, raconte avoir été alertée par de nombreuses familles et associations de personnes handicapées mentales pour des "actes de discriminations manifestes" dans ce parc d'attractions.
"La première discrimination est le délit de faciès", explique Thierry Nouvel, le directeur général de l'Unapei. En effet, "lorsqu'une personne handicapée mentale se présente devant une attraction, elle est refoulée, doit obtenir un pass dit prioritaire, ce qui équivaut à une heure et demie de formalités",
dit-il.
"Ce pass prioritaire conduit d'une part les personnes handicapées à être mises à l'écart (sortie des files classiques, obligation de prendre rendez-vous à heure fixe)", conteste l'Unapei. "D'autre part, il contraint les personnes à suivre des règles différentes et dérogatoires d'accès aux attractions, comme l'obligation d'être accompagnée par une personne valide, ou l'impossibilité de monter dans une attraction avec d'autres personnes handicapées".
Avec l'association Les Papillons blancs d'Epernay, l'Unapei affirme avoir organisé une opération de "testing" qui atteste des pratiques discriminatoires.
L'Unapei a publié quelques extraits de lettres de familles reçues, comme celui-ci :
"Nous nous rendons aux portes d'accès de l'attraction, prévues pour les personnes qui possèdent un "pass prioritaire". Là, stupéfaction, la personne en charge de l'attraction nous signifie qu'on a interdiction de faire l'attraction avec une telle quantité de personnes déficientes mentales et ce même si on a plus que le nombre d'accompagnateurs voulu."
La plainte contre X, qui sera déposée au tribunal correctionnel de Meaux, vise avant tout à "faire cesser ces pratiques de discrimination", qui n'ont pas lieu dans d'autres parcs d'attraction, souligne Thierry Nouvel.
Interrogée, la direction de Disney s'est dite jeudi "très surprise" par ces accusations. "Nous avons travaillé en collaboration avec l'Unapei pour établir un certain nombre de règles de sécurité", affirme Daniel Delcourt, directeur général adjoint en charge des opérations.
"C'est dans un souci de sécurité que nous demandons à ce que les personnes ayant un handicap mental s'identifient comme tel", explique-t-il, soulignant par exemple qu'en cas de problème, les pompiers doivent pouvoir connaître le nombre de personnes handicapées présentes sur une attraction.
Selon Daniel Delcourt, Disney est "totalement ouvert" à la discussion "s'il faut améliorer des choses". "Mais nous ne négocierons pas sur la sécurité", ajoute-t-il.