La loi “bien vieillir” a été adopté mardi 19 mars à l’Assemblée nationale. Dans ce texte, un amendement prévoit le droit pour les résidents d’Ehpad, publics et privés, d’amener avec eux leurs animaux de compagnie. Hygiène et sécurité, catégories d’animaux, limite de taille... Certaines conditions doivent être néanmoins respectées.
Philippe Juvin, député LR des Hauts-de-Seine, est à l’initiative de cet amendement. A l'occasion de la visite de l’Ehpad Résidence de la Cité verte à Sucy-en–Brie dans le Val-de-Marne, il a répondu à nos questions.
Pourquoi avez-vous proposé cet amendement ?
Philippe Juvin : J’ai fait cette proposition parce que rentrer dans un Ehpad, c’est déjà une rupture. Il ne faut pas en ajouter une seconde en imposant aux personnes âgées de se séparer de leur compagnon de vie. La prise en charge dans un établissement ne doit pas être une violence. Si demain, je suis seul, alité et grabataire et bien, je veux avoir le droit à la visite de mon chat.
Quel impact ont les animaux sur les pensionnaires ?
PJ : Je vous parle en tant que député, mais aussi en tant que médecin : avoir un animal à ses côtés, c’est bon pour la santé mentale et pour la santé physique. Bon pour le moral parce que ça aide à lutter contre l’isolement, et bon pour le corps puisque cela favorise les mouvements et les déplacements, notamment lorsque l’on sort l’animal. Les gens perdent moins d’autonomie lorsqu’il y a des animaux.
L’Ehpad de demain, c’est un domicile. Et dans un domicile, on est libre. Libre de recevoir qui on veut, libre de se boire un petit porto et libre de garder avec soi ses animaux. C’est pour ça que l’Ehpad doit être un lieu de liberté pour lutter contre l’isolement. Dans les établissements qui en accueillent déjà, les chiens et les chats deviennent de véritables agents médiateurs de vie.
Certains redoutent que l’arrivée de ces animaux complique la prise en charge des pensionnaires dans les Ehpad, qu’en pensez-vous ?
P J : C’est mal connaître les Ehpad que de penser que la présence d’animaux va être un poids supplémentaire sur ces structures. Il ne faut pas redouter leur présence et le personnel des Ehpad n’a pas peur, au contraire. Aujourd’hui, j’ai échangé avec le personnel de l’Ehpad de la Cité verte à Sucy-en–Brie qui en accueille déjà, et cela se passe très bien. Une aide-soignante m’a même confié que lorsqu’elle partait en vacances, elle confiait son chien aux pensionnaires qui étaient ravis de s’en occuper.
Les animaux créent du lien social. Dans les résidences où l’accueil se fait déjà, ils sont une source de bien-être. Cela est vecteur de vie, de la solidarité et du partage. Avoir un animal, c’est un projet de vie et les personnes âgées ont également le droit d’avoir des projets de vie. Avec cet amendement, on donne de la liberté et du bien-être sans que ça ne coûte un euro supplémentaire.
Que va-t-il arriver si le propriétaire décède avant son animal ?
P J : Ce que nous disent les enseignements du terrain, c’est que l’animal est repris par la famille, l’établissement ou bien le voisin. Et dans un Ehpad de 80 personnes, on a 80 voisins. Ce sont les mêmes problématiques que lorsque ces personnes sont à domicile et l’Ehpad doit être la continuité du domicile. Je ne pense pas que la loi doit descendre aussi bas dans le détail. Lors de ma dernière visite, un pensionnaire m’a dit "laissez-nous prendre des risques”, j’ai bien aimé cet état d’esprit, il faut faire confiance aux gens.