La consultation citoyenne sur la reconstruction de l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine prévue le 29 juin prochain aura bien lieu. La question environnementale sur le traitement de nos déchets est au coeur de cet affrontement.
Le 29 juin prochain, la marie d’Ivry prévoyait d’organiser une consultation sur la reconstruction du plus grand incinérateur d’Europe qui se situe aux portes de Paris. Un scrutin sous la forme d’une question : "Êtes-vous pour ou contre le projet de reconstruction du centre de traitement de déchets ?" Début juin, la préfecture du Val-de Marne a saisi la justice pour demander l'annulation du scrutin. La contre-attaque du maire PCF de la ville, Philippe Bouyssou, a été immédiate. L'édile a, à son tour, indiqué saisir la justice en urgence pour en demander le maintien.
"Cette consultation est une action symbolique pour donner la parole aux habitants", explique le maire à l'AFP, qualifiant la décision du préfet d'"inacceptable".
Finalement le Tribunal admnistratif a tranché et n'a pas autorisé la mairie a organisé cette consultation citoyenne. Mais elle aura quand même lieu puisque le Collectif 3R l'organisera.
>> Le dossier de William Van Qui et Didier Morel. Ils ont rencontré Kris Schaerer, habitante d'Ivry, Pierre Hirtzberger, Directeur des services techniques du Syctom, Romain Zavallone, Conseiller municipal d'Ivry-sur-Seine (EELV) et Philippe Bouyssou, Maire d'Ivry-sur-Seine (PCF)
730.000 tonnes d'ordures de 15 communes sont traitées à Ivry
L’usine de traitement des déchets construite en 1969, gérée par le Syctom (Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères regroupant 84 villes de la région francilienne) est la plus importante d’Europe mais sa technologie a vieilli. Sa reconstruction est aujourd'hui nécessaire. L'actuel incinérateur brûle les déchets de 15 communes dont Paris, soit l'équivalent de 730.000 tonnes d'ordures par an. Le futur incinérateur, lui, aura une capacité réduite de moitié, soit 350.000 tonnes.Porté par le Syctom ce projet, dont le coût avoisine les 2 milliards d'euros comporte deux volets: la reconstruction de l'actuelle usine d'incinération et la création d'une usine de valorisation organique (UVO).
Le projet est contesté aussi bien par les associations environnementales que citoyennes. Selon elles, ce projet "démesuré" est en décalage avec la loi de transition énergétique qui demande 65% de recyclage d'ici 2025. "On fait le choix d'investir dans une technologie passée et controversée alors qu'on pourrait mettre cet argent dans la prévention et le recyclage" affirment les associations.
Même constat chez les habitants, mobilisés dès les premières heures contre ce projet. En 2017, une pétition citoyenne avait récolté plus de 27.000 signatures.
"J'ai deux enfants dont l'un est asthmatique donc la pollution de l'air, j'y pense tous les jours et ce projet m'angoisse", dit Sandra, une habitante. "Je suis à 100% contre le projet mais ce qui me chiffonne le plus, c'est la méthode. On ne nous a jamais demandé notre avis et lorsqu'on ose émettre des doutes, on nous culpabilise et nous infantilise en nous disant qu'il faut être responsable et que les déchets ne vont pas disparaître comme par magie", fustige Eric, 33 ans, qui a grandi dans la ville.
La préfecture rappelle qu'une enquête publique a été menée l'année dernière. Elle souligne que les premières concertations remontent à l'année 2004 et que le projet a définitivement été validé à l'automne. Pas de quoi décourager le collectif local 3 R et l'association Zéro Waste France qui ont décidé de poursuivre le combat devant les tribunaux. Au total, trois recours ont été déposés et devraient être jugés l'année prochaine.