L'association Rejoué œuvre pour un meilleur réemploi des jouets à Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. Ici, ils sont revalorisés, avant d'être revendus à moitié prix.
Ce dimanche de Noël sera, pour de nombreux enfants, le plus beau des matins de l'année. Au pied du sapin, des jouets, beaucoup de jouets, toujours trop de jouets… Des présents dont le cycle de vie est très court, mais également très polluant. Alors pour lutter contre le gaspillage des 100 000 tonnes de jouets jetés chaque année en France, l'association Rejoué, basée à Vitry-sur-Seine, propose de leur offrir une seconde vie.
C'est à deux pas de la mairie, dans cet ancien centre de tri postal de 2 000 m2, que les salariés de l'association s'affairent. Ici, les jeux, jouets et livres sont pris en main par près de 70 personnes, en insertion socioprofessionnelle.
Collectés, triés, nettoyés avant d'être réutilisés
Première étape pour eux : la collecte. Elle est organisée par le réseau d'entreprises partenaires de l'association qui mettent en place des récoltes tout au long de l'année. Ces entreprises financent par leur mécénat l'association Rejoué à hauteur de 30%.
Les jouets, condamnés par leurs propriétaires, sont ainsi acheminés jusqu'à l'atelier avant d'être triés. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le tri est très sélectif ! Objectif : garantir la qualité et la sécurité. "Environ 50% des jouets que nous collectons sont jetés", explique Claire Tournefier, fondatrice et directrice du développement de Rejoué. Les raisons à cela sont diverses : mauvais état, non-fonctionnels, pièces perdues ou encore absence de marquage "CE", qui atteste du respect de la réglementation européenne.
Les jouets gardés sont quant à eux triés par catégories et selon les normes de sécurité, avant d'être remis en état. "On commence par les retester, les compléter si besoin avec nos pièces détachées avant de les nettoyer", détaille Nathalie Ourry, directrice de l'établissement.
.Ils sont ensuite prêts à être revendus, à environ 50% du prix du neuf, ou à être redonnés à des enfants dans le cadre d'opérations de solidarité. Les professionnels de l'enfance peuvent se rendre dans la boutique qui leur est réservée, installée dans l'atelier de Vitry-sur-Seine. Les particuliers, quant à eux, peuvent acheter leurs nouveaux jouets dans les deux points de vente de l'association : dans le XIVe arrondissement de Paris et à Villejuif, dans une boutique éphémère qui ferme ses portes à la fin de l'année.
Economique, écologique et solidaire
Crée en 2012, l'association est un succès. "Tous les jouets que nous remettons à neuf sont vendus sans difficultés", explique la fondatrice de Rejoué. Un succès qui s'inscrit dans une évolution progressive des modes de consommation, accompagnée d'une démocratisation de la pratique de la seconde main. Un geste éco-responsable donc, surtout lorsqu'on sait que la durée de vie moyenne d'un jouet est de huit mois.
Par-delà la dimension écologique, Rejoué cherche également à développer une économie solidaire, en permettant à des personnes en difficulté de se réinsérer professionnellement. Actuellement, 47 salariés sont en insertion socioprofessionnelle, avec une dominante de femmes. "Nous avons plus de 60% de femmes dans l'atelier, souvent en situation de monoparentalité. L'objectif est de les aider à sortir de la précarité en leur apportant des compétences, notamment numériques et linguistiques", explique Nathalie Ourry au cours de la visite des locaux.
Quel horizon pour cette filière ?
En matière de jouets, la filière de la seconde main semble avoir un bel avenir devant elle. En 2020, le gouvernement s'est emparé du sujet avec la création de la filière REP (Responsabilité élargie des producteurs) dédiée aux jouets qui vise à réduire le gaspillage en permettant un meilleur recyclage. Selon l'Agence de la Transition écologique, l'ADEME, 50% des jouets seraient réemployables au moment où "les familles souhaitent s'en défaire".
En visite à l'atelier Rejoué ce jeudi 22 décembre, la Secrétaire d'État en charge de l'Écologie, Bérangère Couillard, a rappelé les objectifs du gouvernement : "Actuellement 4% des jouets produits sont réemployés. À partir du 1er janvier 2023, des points de collectes de jouets seront déployés sur le territoire avec pour objectif qu'en 2027, 9% des jouets soient réemployés. Soit 1 jouet sur 10." Environ 6 000 points de collecte devraient être mis en place sur l'ensemble du territoire national, selon l'AFP.
En 2020, les Français ont dépensé 1,7 milliard d'euros dans l'achat de jouets à Noël, avec une moyenne de 3 à 4 cadeaux par enfant. La solution pour un meilleur recyclage des jouets, tient, peut-être, au fait d'en acheter moins.