Rejet du projet de prolongement de la ligne 1 du métro : "C’est une aberration sociale et écologique"

Alors que le ministre des Transports Clément Beaune a retoqué le projet de prolongement de la ligne 1 jusqu'à Val-de-Fontenay, les maires de Montreuil (Seine-Saint-Denis) et Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) dénoncent cette décision.

Il demande que le projet de prolongement de la ligne 1 "soit retravaillé". "Il n'est pas possible de déclarer le projet d'utilité publique en l'état car son impact sur l'environnement est préoccupant, notamment sur le Bois de Vincennes", a annoncé mercredi Clément Beaune à l’AFP.

Alors que l'Autorité environnementale et la commission d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique (DUP) ont émis des avis défavorables, Île-de-France Mobilités (IDFM) demandait malgré tout le feu vert du ministère des Transports. "Ces avis négatifs ne permettent pas de déclarer le projet d'utilité publique en l'état et nécessitent de reprendre plus largement les études afin de répondre aux observations formulées et de conforter la sécurité juridique du projet en vue d'une nouvelle enquête publique", estime le ministère dans un communiqué.

"Le ministre a demandé au préfet de la région Île-de-France, au préfet de Seine-Saint-Denis et à la préfète du Val-de-Marne, d’engager avec les collectivités locales la poursuite des études complémentaires du projet et, le cas échéant, de prendre les mesures conservatoires pour la future interconnexion avec la ligne 15 du Grand Paris Express à Val-de-Fontenay ainsi que de procéder aux premières acquisitions foncières", ajoute le communiqué.

"Le prolongement de la ligne 1 du métro de Vincennes à Val-de-Fontenay est attendu par de nombreux Franciliens. Le Gouvernement souhaite que les obstacles soient levés pour garantir sa réalisation dans les meilleures conditions, notamment environnementales", conclut le ministère.

"C’est vraiment l’environnement qui a gagné"

Alors qu’une enquête publique a été organisée du 31 janvier au 2 mars, des débats opposent toujours différents collectifs d’habitants. Du côté des opposants au projet, une pétition en ligne lancée par le collectif "Touche pas à mon Bois" réunit à ce stade plus de 68 000 signatures. "L'Etat a effectivement mieux à faire que d'allouer 1,8 milliard d’euros à un projet écocide dans le Bois de Vincennes, à bilan carbone négatif ayant reçu 3 avis défavorables sur 3", réagit sur Twitter le collectif suite à la décision de Clément Beaune.

"Une enquête publique a été respectée par le pouvoir. Donc le processus démocratique a fonctionné parfaitement. Il faut le saluer", estime Philippe Le Coroller, du collectif "Touche pas à mon Bois". "Pour nous, c’est une victoire dans le sens où le mot 'environnement' a été retenu. Au-delà bien sûr des considérations financières qui n’avaient pas de sens, c’est vraiment l’environnement qui a gagné. Si on sauve le bois, on a fait beaucoup pour la planète, c’est ça qui est important", juge Marie-Noëlle Bernard, une autre membre du collectif.

L’association Métro Rigollots Val-de-Fontenay, elle, défend l’utilité du prolongement. "Indispensable mais sans cesse repoussée. Un non-sens social, économique, écologique au moment où tous parlent de planification. A présent, quels moyens pour 'garantir la réalisation' de la ligne 1 ? Exigeons des engagements précis et chiffrés rapidement", réagit ce jeudi l’association, qui réunit 1500 habitants.

"C’est la douche froide, on nous promet encore des choses floues, explique Sylvain Blanquet, président de l’association Métro Rigollots Val-de-Fontenay. Les gens continueront d’utiliser leur voiture ou ils iront dans des bus bondés, qui n’avancent pas vite par rapport au métro. On continuera à subir le manque de moyens alors que le besoin est là."

"Localement, la population soutient le projet, ça concerne 5 millions de personnes. Et ça dépasse largement les problématiques du quartier. Il s’agit de la construction d’un système de transports bas carbone pour l’Île-de-France. C’est un choix de société : est-ce qu’on accepte d’avoir des travaux dans des zones naturelles pour le progrès de notre société, en faisant en sorte de protéger le plus d’arbres possibles, ou est-ce qu’on met tout sous cloche et on attend ?", ajoute-t-il.

"Le gouvernement met un coup d’arrêt au développement des mobilités et de l’économie de l’est-parisien"

Pour ce qui est des élus, les mairies de Montreuil et Fontenay-sous-Bois dénoncent la décision de Clément Beaune. "Le Gouvernement ne déclare pas le projet d’utilité publique. Il est pourtant si structurant pour les habitants de nos territoires à l’heure de la transition écologique. Restons pleinement mobilisés et continuons de nous battre pour ce projet !" réagit le maire de Montreuil Patrice Bessac (PCF) sur Twitter.

"En refusant de signer la DUP pour le prolongement de la ligne 1, le gouvernement met un coup d’arrêt au développement des mobilités et de l’économie de l’est-parisien, le tout, dans un contexte d'augmentation du prix des titres de transports et de privatisation du réseau. C’est une aberration sociale et écologique", dénonce également Jean-Philippe Gautrais (Nupes), le maire de Fontenay, dans un communiqué.

"C’est un coup d’arrêt sur le projet de la ligne 1, sur le développement des transports à l’Est parisien. Alors qu’il y a besoin d’un rééquilibrage entre l’Est et l’Ouest", souligne Jean-Philippe Gautrais.

Un tunnel de 5 km

Le projet retoqué prévoit de percer un tunnel de 5 km depuis Château de Vincennes jusqu'à la gare RER de Val-de-Fontenay. Le tout en passant par deux nouvelles stations : Les Rigollots à Fontenay et à la lisière de Vincennes, et Grands Pêchers à Montreuil.

Dans son avis défavorable, la commission d'enquête avait estimé que le coût du projet - estimé à 1,7 milliard d'euros - était "excessif" et "comparativement plus cher que des réalisations similaires". La commission d'enquête avait par ailleurs pointé du doigt une atteinte à l'environnement, évoquant un "nombre d'arbres abattus dans le Bois de Vincennes" qui pourrait être "beaucoup plus élevé que celui mentionné par IDFM".

La date limite pour la signature de la déclaration d’utilité publique est fixée au 2 mars prochain.

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