A Vincennes, la mairie a modifié le plan local d'urbanisme et préempte des terrains sans prévenir les propriétaires. Argument affiché : construire des logements sociaux. Mais il s'agit plutôt d'une opération immobilière juteuse selon un avocat d'une des victimes.
Maïté Grenier a toujours vécu à Vincennes. Elle est propriétaire d'un immeuble, mais elle vient d'apprendre qu'elle va devoir partir. La ville compte le raser et récupérer le terrain. "Vous êtes expropriée, vous avez trois mois pour partir", voilà ce que lui annonce la mairie.
Argument de la ville et du maire UDI Laurent Lafon : elle veut construire ici des logements sociaux. Actuellement, Vincennes atteint seulement 10 % de ces habitations, contre 25 % requis.
Mais Maïté Grenier loue déjà une partie de ses appartements en tant que logements sociaux. Pour son avocat, Maître Rajess Ramdenie, il s'agit en fait d'une opération immobilière juteuse.
Multiplication des projets d'expropriation
"On constate à Vincennes la multiplication des projets d'expropriation avec toujours le même but affiché : construire des logements sociaux. Mais en réalité, ils sont très minoritaires dans ces projets. La plupart du temps, c'est vendu à des promoteurs immobiliers au prix fort."Exemple avancé par les détracteurs du maire : la ZAC Fontenay. Plusieurs maisons ont été rasées pour construire des appartements et des commerces, avec seulement 35 % de logements sociaux. Les anciens propriétaires ont du vendre et partir.
43 nouveaux propriétaires sont menacés
Ces autres Vincennois redoutent le même sort et viennent d'apprendre que leurs maisons sont concernées par le nouveau plan d'urbanisme de la mairie : 43 nouvelles parcelles sont concernées.Pour une femme, Vincennoise depuis toujours, "c'est un scandale". La mairie lui demande de quitter la maison de famille de son mari.
Laurent Lafon, le maire de Vincennes, ne souhaite pas s'exprimer. Il affirme que le cadre juridique est respecté. Pour les Vincennois, le seul dialogue possible semble donc devoir se faire au Tribunal administratif de Melun.
Un reportage de Cécile Magne et Veit Blumlhuber :