Le classement partiel de la Butte Rouge de Châtenay-Malabry met en danger la cité-jardin selon des associations

La cité-jardin de la Butte Rouge de Châtenay-Malabry date du début du XXe siècle. Un arrêté pris par Rachida Dati a classé la moitié de son périmètre, laissant à la mairie et aux promoteurs la possibilité de détruire une large partie des bâtiments.

La Butte Rouge ne risque pas de perdre son nom, mais son âme. Un récent arrêté pris par Rachida Dati, ministre de la Culture, classe une partie des 65 hectares de cette cité-jardin des Hauts-de-Seine qui va bientôt fêter son centenaire.

Si au premier abord la décision pourrait ravir les défenseurs du patrimoine, collectifs et associations sont vent debout contre cette décision.

"C'est une œuvre urbaine. C'est comme une peinture, vous ne pouvez pas enlever un morceau. Il y a une espèce de cohérence d'ensemble", indique Barbara Gutglas, architecte et membre de l'association Châtenay Patrimoine Environnement. Son association se bat ainsi pour que "l'ensemble soit protégé parce que c'est une qualité urbaine, architecturale, paysagère et sociale".

Arrêté pris entre les deux tours des législatives

Une enquête publique, qui s'est déroulée en avril dernier, avait pourtant rendu un avis demandant le classement total de la Butte Rouge en Site Patrimonial Remarquable (SPR). Pourtant, la ministre de la Culture a pris cet arrêté le 5 juillet dernier, en plein entre-deux tours des élections législatives, alors que le résultat laissait apparaître une défaite de l'ancienne majorité présidentielle.

Selon un communiqué conjoint des associations Châtenay Patrimoine Environnement, Sauvons la Butte Rouge et du Collectif Citoyen Chatenaisien, en ne classant qu'environ 50% de la zone, "en dehors de ce périmètre, on pourra détruire et reconstruire. Le projet prévoit de densifier, passant de 3300 logements à 4300. Plus de 1600 logements sociaux seront supprimés pour construire des immeubles de prestige avec jardins privatifs".

Pourtant, à en croire Barbara Gutglas, les logements restent habitables : "Le maire veut vider peu à peu les logements. Il y a actuellement 1000 logements vides et certains sont en très bon état. Il y en a peut-être 20% qui sont insalubres, mais quelques aménagements intérieurs ou nettoyages de façade sont à faire pour les réhabiliter."

Protection pour la cité-jardin ?

Le maire (LR) de Châtenay-Malabry, Carl Segaud, rétorque au Parisien que "tous les éléments ont été donnés pour pouvoir lever la réserve, et la ministre a pris sa décision en connaissance de cause. Nous avions lancé ce classement pour que la cité-jardin obtienne une protection, dont elle ne bénéficiait pas jusqu’à cet arrêté. Je ne peux donc que me réjouir de cette décision".

Pas de quoi rassurer les défenseurs du patrimoine et les associations locales qui rapportent que l'ONG Europa Nostra a classé la Butte Rouge parmi les sept sites patrimoniaux les plus menacés d'Europe.

Cette association décrit d'ailleurs la cité-jardin comme ayant été "conçue dans les années 1930 et a connu ses différentes étapes pendant 30 ans. L'objectif des concepteurs et des hommes politiques de l'époque était de répondre au besoin aigu de logements des populations vulnérables et des groupes socio-économiques défavorisés".

"On n'a pas envie que la cité-jardin devienne un musée"

Barbara Gutglas, membre de l'association Châtenay Patrimoine Environnement, l'affirme : "Nous allons attaquer cet arrêté devant le Conseil d'État. Cette cité est l'une des plus grandes et les mieux conservées. On défend le patrimoine. On n'a pas envie que la cité-jardin devienne un musée, mais on veut la protéger."

Encore aujourd'hui, les 220 bâtiments, qui comptent précisément 3 383 appartements et environ 7 000 habitants, sont quasi exclusivement des logements sociaux. Selon une enquête réalisée en 2016, 80% de la population de La Butte Rouge considérait que la qualité de vie était bonne ou très bonne.

Mais la récente ligne T10 du tramway, si elle apporte une nouvelle offre bienvenue de transports, a renchéri la valeur de ces terrains.

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