Loin des fresques monumentales, qui s’imposent dans les villes et les festivals du monde entier, les œuvres de petite taille se font dorénavant la part belle dans toutes les disciplines du street art. Papiers collés, mosaïque, pochoir, volumes, installations… Aucune catégorie n’échappe au phénomène
Ludiques, humoristiques, militantes, parfois irrévérencieuses, jouant souvent avec le contexte dans lequel elles sont apposées, les œuvres d’art urbain connaissent un véritable renouveau. Ce renouveau, on le doit à l’explosion des œuvres baptisées XXS – comprenez super petites – sur les murs de nos villes. Bien cachées, ces productions un rien confidentielles demandent qu’on y prête attention. En France, ils sont une cinquantaine d’artistes revendiquant ce mode d’expression, qui redonne au street art ses lettres de noblesse. Moins invasif que les fresques gigantesques souvent à l’honneur de leurs auteurs, le Street Art XXS développe des messages qui raisonnent avec l’époque. Et pour les trouver, il faut se livrer à une véritable chasse au trésor dans les villes, et souvent à leur périphérie.
Petites œuvres pour grands messages
Edith Pauly est journaliste et passionnée d’art urbain. Elle est incollable sur le sujet. « Le Street Art XXS, a contrario du grand format des fresques, ce sont des œuvres qu'on peut trouver au coin des rues, qui font entre 10 et 40 centimètres, pas plus. Quelquefois elles sont extrêmement difficiles à voir, d'autres fois plus évidentes, mais ça reste quand même très secret. Il y a de la mosaïque, il y a des papiers collés et des autocollants. Il y a ce que j'ai appelé le relief, parce que c'est un peu différent des sculptures. Il y a aussi les installations, en fait il y a un peu de tout… Il y a du message politique. Il y a par exemple beaucoup de choses sur l'écologie. Indirectement, il y a beaucoup de choses aussi faites par des femmes qui défendent le féminisme…»
Poésie sur les murs du 93
« Viens on rentre et on déchire le ciel » nous dit une Bardot sur fond fluo. « Reste libre, comme tu es né » … Rencontre dans les rues de Montreuil, en Seine Saint-Denis, avec l’auteur de ces textes, représentant actif du Street Art XXS, Singular Vintage. Ses techniques de prédilection sont le collage et le pochoir, au service de messages et d'une démarche artistique qui ne laisse rien au hasard… «C'est pour interpeller le pochoir, et pour faire réfléchir sur la société dans laquelle on est. Donc ça peut être via une image. Il y a des mots. Moi j'aime bien mélanger les 2, il n’y a pas besoin que ce soit un format très grand pour créer de l'impact. J'essaie de trouver une phrase qui va être soit emblématique du personnage que j'ai pochoirisé, soit une phrase qui reste assez intemporelle pour parler à des jeunes de notre époque».
Les quartiers pop, berceau naturel du street art
Pour Edith Pauly, la banlieue, les quartiers ouvriers, sont la toile de fond idéale pour ce mode d’expression « Les quartiers populaires sont beaucoup plus faits de bric, de broc, de petits terrains vagues, de petits jardins…. Et donc ça, ça permet aux gens de s'exprimer sans doute plus facilement. Après, il y a peut-être plus de revendications aussi dans les quartiers populaires que dans les quartiers plus aisés. Ça c'est aussi une possibilité. Maintenant les grandes fresques, on en voit partout. Mais elles sont faites très souvent avec des autorisations, alors que le street art petit format est aussi intéressant, parce que c'est un de ceux qui restent sauvages ».
Quand vous sortez, ouvrez l’œil et vous tomberez peut-être, vous aussi, sur l’une de ces grandes œuvres, faites en tout petit.