Comment assurer la continuité des offices avec la propagation du coronavirus dans la région ? Plusieurs paroisses tentent de trouver des solutions, comme la mise en place de messes retransmises par vidéo. Mais cela ne va pas sans poser des problèmes.
"C'est un vrai défi spirituel", affirme d'emblée Mgr Bruno Valentin, évêque auxiliaire de Versailles (Yvelines). Car comme toute la société, il est confronté à un phénomène "inédit" et doit trouver des solutions pour ses fidèles face à la propagation du coronavirus."D'un point de vue spirituel, la religion chrétienne est incarnée. Faire une messe à distance, cela change tout. Ensuite, c'est un vrai défi technique pour les curés et les fidèles", poursuit-il.
Dans les Yvelines, 65.000 personnes se retrouvent chaque dimanche dans les églises selon les chiffres fournis par le diocèse. Si les lieux de cultes restent ouverts au public, pas question de mettre en danger les visiteurs.
Garder le lien
"Visites téléphoniques", transmission des intentions de prières par mail, ou création d'espaces de solidarité : les paroissiens tentent de s'adapter face à leurs habitudes bouleversées.Première tentative de messe en direct diffusée le dimanche 15 mars, à la collégiale Notre-Dame de Poissy dimanche dernier. Tous les prêtres n'ont pas pu y assister explique Matthieu Berger, curé de la paroisse Notre-Dame de Poissy, Villennes et Médan et qui célèbre la messe, car certains "ont plus de 70 ans" et sont confinés chez eux.
Ambiance particulière aussi, dans ce lieu de culte vide. "Ce qui est douloureux pour les prêtres, c'est d'avoir une église vide", raconte-t-il.Alors pour le combler, chaque jour, une newsletter est envoyée aux inscrits. Le numérique est aussi un moyen d'accéder aux gens : "tous les soirs, nous sommes en direct sur Periscope, Facebook Live. C'est un moment d'échange très beau avec les personnes isolées ou les familles", détaille le prêtre.
Comment fêter la Pâques ?
Mais cette situation pourrait durer des semaines et ne va pas sans poser de nombreux problèmes au diocèse. "Ce que l'on vit aujourd'hui est inédit, et ce que l'on va vivre va l'être encore plus", prédit Mgr Bruno Valentin.Car au rythme de ce qui se profile, la Pâques catholique, qui a lieu le dimanche 12 avril, risque bien d'être fêtée en confinement. "Ne pas avoir les offices de Pâques, c'est inouï. On ne sait pas comment on va faire face", explique-t-il.
Une des pistes serait de proposer aux catholiques un parcours spirituel à domicile qui commencerait le jeudi précédent. "Cela nous oblige à fouiller loin dans nos racines. Les juifs, autour de Pâques, font des repas. On s'inspire de cela pour savoir si les chrétiens ne peuvent pas fêter de la même façon."
En attendant, certains franchissent encore la porte des lieux de culte. "C'est toute l'inquiétude de la société que l'on voit à travers ces gens qui passent", conclu l'évêque.