Les dix personnes arrêtées ce week-end dans un coup de filet contre un groupe d'ultradroite dont les autorités redoutaient "un passage à l'acte violent" contre des musulmans vont être présentées mercredi à un juge antiterroriste en vue de leur mise en examen, a annoncé le parquet de Paris.
Ces suspects --neuf hommes et une femme-- interpellés dans toute la France sont soupçonnés d'appartenir au groupuscule "Action des forces opérationnelles" (AFO) qui affiche l'objectif de "lutter contre le péril islamique".
Trente-six armes à feu et des milliers de munitions ont été retrouvées lors de perquisitions, y compris des éléments "entrant dans la fabrication d'explosif de type TATP" chez l'un des suspects, a précisé le parquet dans un communiqué. Parmi ces suspects, âgés de 32 à 69 ans, figure le chef de file présumé de ce réseau, Guy S., né en 1953, retraité de la police nationale vivant à Tonnay-Charente, selon une source proche de l'enquête. Le groupe comprend également un ancien militaire. Après quatre jours d'interrogatoire, leurs gardes à vue ont été levées en début d'après-midi et le parquet a annoncé requérir le placement en détention provisoire de neuf d'entre eux.
Confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), une enquête préliminaire pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle "avait d'abord été ouverte le 13 avril par le parquet de Paris. Le groupe, qui affichait ses ambitions sur le site internet Guerre de France, "essayait de recruter de nouveaux membres et d'étendre son maillage territorial en se structurant au niveau régional", explique le ministère public.
"Les éléments recueillis faisant craindre un passage à l'acte violent, aux contours demeurant toutefois imprécis à ce stade", le parquet avait ouvert une information judiciaire le 14 juin. "Plusieurs types d'actions ont été évoqués sans qu'aucun n'ait été réellement privilégié et retenu", souligne-t-il. Selon une source proche de l'enquête, des suspects ont parlé de s'en prendre à des musulmans radicalisés sortant bientôt de prison, à des mosquées radicales, voire à des femmes voilées ou des supermarchés hallal.
Ils avaient finalement été interpellés dans la nuit de samedi à dimanche - deux en Corse et deux en Charente-Maritime, un dans la Vienne et les autres en région parisienne - à la demande du juge d'instruction. Chez l'un d'eux, arrêté dans les Yvelines, ont été retrouvée les composants du TATP, un explosif artisanal souvent utilisé lors des récents attentats jihadistes en Europe, et "un feuillet guide de fabrication intitulé "le napalm maison".