La cour d'appel des Yvelines a condamné lundi un garçon de 17 ans à 13 ans de prison pour assassinat et une fille de 16 ans à 10 ans de prison pour le meurtre d'Alisha, une collégienne de 14 ans frappée puis jetée dans la Seine à Argenteuil en 2021.
Après un procès à huis clos, la chambre des mineurs de la cour d'appel a rendu, en public, une décision qui distingue le rôle joué par les deux adolescents : assassinat pour le jeune homme en vertu de la "préméditation" via des "éléments préparatoires", et le meurtre pour la jeune fille, par son concours actif dans la mort d'Alisha le jour du drame, qui s'est noué sous les piliers d'un viaduc de l'autoroute A15 le 8 mars 2021.
En avril dernier, le parquet avait fait appel de la condamnation des deux adolescents à 10 ans de réclusion criminelle. Le procès en appel s'est tenu à Versailles fin septembre. La question de la préméditation était au cœur de ce deuxième procès.
La préméditation retenue pour le garçon
Le jeune auteur, âgé de 15 ans au moment du drame, a été condamné à 13 ans de réclusion criminelle, eu égard à "l'extrême gravité des faits" et des "éléments de personnalité", a déclaré la présidente dans un délibéré rendu publiquement, après un procès à huis clos.
La jeune fille,15 ans également lors des faits, a écopé de 10 ans de prison pour meurtre sur mineur de moins de 15 ans, mais la cour d'appel a exclu la préméditation la concernant.
Debout dans le box, les deux jeunes ont écouté attentivement le délibéré, sans laisser transparaître d'émotions. Elle dans un pull bleu très ample, lui arborant une fine moustache et des cheveux noirs relevés en chignon, leur attitude juvénile tranchant avec cet instant de gravité dans une salle d'audience pleine. "Vous avez abordé tous les deux un début de réflexion sur les faits que vous avez commis", a déclaré la présidente de la cour d'appel aux deux auteurs, les invitant à "poursuivre ce travail" pour "sortir de l'adolescence et devenir des adultes avec une place dans la société".
"Cela vous demandera des efforts, mais vous en êtes capables", a-t-elle ajouté.
"Alisha elle a gagné aujourd'hui, on a gagné", a réagi sa mère, la voix tremblante, entourée de son mari, d'un de leurs fils et de nombreux soutiens.
"Le pire pour nous, c'est qu'elle ne va jamais revenir, il faut vivre avec le fait qu'elle n'est pas là, mais eux ils vont payer, ils vont vraiment payer", a-t-elle confié. "Nous avons aujourd'hui tous ensemble restitué la véritable qualification à ces faits horribles", a déclaré Me Jean Tamalet, l'avocat de la famille d'Alisha.
Alisha, morte noyée dans la Seine
Le garçon et la fille de 16 ans comparaissaient initialement pour l'assassinat de la collégienne, battue et morte noyée dans la Seine en mars 2021 à Argenteuil, mais au terme de quatre jours de procès à huis clos, le tribunal avait décidé de requalifier les faits en "meurtre sur mineur de 15 ans", sans retenir le caractère prémédité des faits. La collégienne avait succombé le 8 mars 2021 après un guet-apens tendu par deux camarades de classe à Argenteuil.
Au pied des piliers du viaduc de l'autoroute A15 qui enjambe la Seine, la jeune fille avait retrouvé une fille de sa classe. Quelques minutes, plus tard, un garçon s'était approché de la victime pour lui asséner de multiples coups dont certains au visage, puis elle avait été jetée dans la Seine. L'autopsie a conclu à une mort par noyade. Les trois collégiens, scolarisés dans un établissement privé d'Argenteuil, entretenaient initialement de bons rapports. Ceux-ci se sont dégradés sur fond d'amourettes et de "futilités" adolescentes marquées par du harcèlement, avait pointé Eric Corbaux, procureur de la République de Pontoise à l'époque du drame.
Sources : AFP