À Conflans-Sainte-Honorine, les chauffeurs de bus, en grève depuis jeudi 7 novembre, entendent bien poursuivre le mouvement de grève. Tous réclament de meilleures conditions de travail, un salaire décent et le maintien de leurs acquis.
Huit lignes sont gérées dans ce dépôt de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), et 93 conducteurs y sont employés. A l'appel du syndicat FO, la grève est suivie à "100%", selon les personnes mobilisées.
Tout comme leurs collègues de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise), les manifestants n’ont pas repris leur travail, pour la deuxième journée consécutive.
Depuis le 1er janvier, Francilité Seine-et-Oise remplace la société Transdev pour les lignes de bus qui dépendent de ce dépôt. Les salariés mobilisés évoquent plusieurs problèmes depuis ce changement d’opérateur.
Un mécontentement général
"Nous avons des acquis sociaux que nous souhaitons garder avec ce transfert, comme notre salaire. Il faut une année et demie pour trouver des accords de substitution", lance Abderrezzak, conducteur de bus au dépôt de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) et syndiqué Force Ouvrière.
À 62 ans dont 16 au sein de l’entreprise, il dénonce notamment un salaire qui n’est pas adapté aux conditions de travail : "Depuis le 1er janvier, le matériel est défectueux et on ne le renouvelle pas. Il n’y a plus de personnel à Conflans. L’amplitude de travail augmente. Avant, nous avions 10 à 12 minutes de pause. Le temps notamment d’aller aux toilettes et de se mettre à quai. Maintenant, nous n’avons que 2 à 3 minutes : ce n’est pas vivable."
Une colère que partage aussi son collègue Mathieu 38 ans, dont 3 ans à Conflans-Sainte-Honorine. "Une journée réglementaire, c’est six heures de temps de travail effectif avec une bonne vingtaine de minutes de pause. Pourtant, il y a des services qui durent 7h57 ou plus. Il arrive d’avoir des services d’une durée de 8h à 8h30 pendant une semaine, puis de petits services la semaine d’après, pour ne pas être bien payés à la fin du mois", pointe ce conducteur encarté au syndicat Force Ouvrière.
"Avec la fatigue cumulée, cela ne sert à rien. Pourquoi ne pas mettre des services moins importants, pour éviter cette fatigue ?", suggère-t-il.
La charge de travail est sans cesse plus lourde, sans compter un manque d’encadrement. C'est ce que pense sa collègue Angelique, conductrice de 53 ans non-syndiquée.
"Il n’y a désormais plus que des régulateurs au dépôt de Conflans-Sainte-Honorine. J’ai par exemple eu un problème lors de mon service. Un passager avait vomi dans mon bus. J’ai donc dû appeler le dépôt de Saint-Ouen-l’Aumône, puisqu’il n’y a plus de personnel chargé de gérer les lignes à Conflans. Saint-Ouen-l’Aumône a dû rappeler ensuite Conflans, pour qu’on me dise au final qu’il n’y a pas de bus de remplacement disponible. Il a fallu rentrer avec, faire le lavage, puis repartir. Autant de temps où le bus n’est pas utilisé", déplore-t-elle avec ses 22 ans de service.
Île-de-France mobilités en faveur d’une reprise du trafic
Du côté de la direction du dépôt, on indique se trouver face à certaines obligations. "Il y a deux dépôts qui travaillent de façon différente. Aux yeux de la loi, j'ai une obligation avant la fin du mois de mars 2025 d'avoir une méthode de fonctionnement unique pour ces deux sites. C'est ce qu'on l'appelle les accords de substitution. La difficulté est de trouver le juste milieu, entre les deux façons de fonctionner. Je veux bien qu'on construise des accords de substitution homogènes et intelligents, en revanche il faut que cela se fasse au même montant", indique Cédric Boisson, directeur Francilité Seine-et-Oise.
"La première piste d'amélioration est de revoir l'ensemble des temps de parcours. Ce qui permettra aux conducteurs d'arriver au bout de la ligne, avec un temps fiable et donc de repartir à l'heure sans qu'ils soient stressés. Cette problématique était déjà existante, avant le changement d'opérateur. Côté matériel roulant, nous allons recevoir six nouveaux matériels en fin d'année, puis 25 l'année prochaine. Ce qui en représente 31 au total, soit 21% du parc qui sera renouvelé. La demande de renouvellement datait de plus de quatre ans, elle devenait chaque année de plus en plus importante", complète ce responsable.
IDF Mobilités, l'autorité en charge de la gestion des transports dans la région, condamne dans un communiqué, "les blocages des centres bus et souhaite que le dialogue social entre le personnel et l’opérateur puisse reprendre au plus vite afin de ne pas pénaliser dans la durée les voyageurs. Nous suivons la situation avec attention".
Pour l’heure, les conducteurs entendent poursuivre le mouvement jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites.