Le championnat de France de bras de fer sportif se déroulera le samedi 4 mars à Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines et en direct sur le site de France 3 Paris Ile-de-France. L'occasion de découvrir cette discipline qui a du mal à se débarrasser de clichés tenaces, alors qu'elle demande des qualités hors du commun. Rencontre avec Aymeric Pradines, légende de ce sport et vice-président de la Fédération française des disciplines de force.
Aymeric Pradines a un palmarès long comme le... bras. L'athlète d'un mètre 80 pour100 kilos collectionne les titres de champions de France et fait partie du top 20 mondial de son sport. Il est également en charge du bras de fer à la FFForce depuis 2019, et sous la houlette, ce sport se structure mais il est encore impossible d'en vivre. Dans la dernière ligne droite avant la finale et entre deux rendez-vous avec ses patients, le kinésithérapeute/champion/Vice-président de fédération est débordé mais toujours enthousiaste à l'idée de partager sa passion pour ce sport découvert à Toulouse et qu'il essaye de rendre populaire dans tout le pays:
Le bras de fer se développe-t-il en France?
"Depuis 2019, on a multiplié par quatre le nombre de clubs et de pratiquants. On est présent dans toutes les régions de France, à part la Corse. Il y a 37 clubs en métropole et en outre-mer car on a développé la discipline à la Réunion, Tahiti et et en Nouvelle-Calédonie. Leurs représentants seront d'ailleurs présents à Saint-Germain-en-Laye.
Je m’occupe de la discipline depuis 2019 et j’ai obtenu l’accord pour rentrer au sein de la fédération multi-disciplines qu’est la FFForce réunissant bras de fer, la force athlétique, le functional training (Entraînement Fonctionnel), ou le kettlebell. On a obtenu l’agrément, puis la délégation ministérielle qui sont les deux reconnaissances du ministère des sports qui valident le sport comme une discipline à part entière.
Avec cette reconnaissance de l’Etat, nous sommes habilités à donner des titres. Cela date de 2019, c’est très récent. Avant le bras de fer ce n’était rien en France. On était vraiment en retard par rapport à d’autres pays, alors même que tout le monde a déjà fait un bras de fer dans sa vie, à l’école ou en famille. On trouve des pratiquants dans tous les milieux sociaux. Si je prends l’exemple du club de Toulouse que j’ai créé, il y a un médecin, un ingénieur, d’autres personnes qui travaillent dans le bâtiment. Il n’y a pas de profil-type contrairement aux idées reçues. Il y a des rugbymen aussi du Top 14 avec qui je suis en contact. Ils voudraient bien pratiquer mais il en est hors de question car ils pourraient se blesser... alors pour le moment ils ne font que regarder les vidéos..."
"On était vraiment en retard par rapport à d’autres pays, alors même que tout le monde a déjà fait un bras de fer dans sa vie, à l’école ou en famille."
Aymeric Pradines, vice-président de la FFForce
Pouvez-vous nous décrire ce sport?
"C’est un sport de combat et un sport de force. C’est assez loin de l’image qu’on peut en avoir. Cela n'a rien à voir non plus avec l’expression passée dans le langage courant. Quand on parle de bras de fer entre deux pays par exemple, on a l’impression que c’est un combat qui dure longtemps alors que le bras de fer est très explosif. chaque combat dure quelques secondes, rarement plus de dix. A la base c’est une lutte avec le bras mais il y a un engagement du corps : le placement est très important. Cela attire des gens de la lutte, du judo, de la force athlétique, de la musculation ou de l’haltérophilie. Pour ceux qui font de la force, il leur manque parfois un adversaire. Là il faut se confronter à un adversaire, s’adapter à sa morphologie. C’est ce qui fait le charme de cette discipline. Ce n’est pas le plus fort physiquement qui gagne forcément: en sport de combat c’est le meilleur qui gagne. Si on a juste les qualités athlétiques mais qu’on a pas le bagage technique, cela ne suffira pas".
Comment se déroule la compétition?
"Il y a des catégories d’âge, hommes/ femmes, handisport et bien sur de poids comme dans toutes les disciplines de combat ou de force. Par catégorie, il y a un champion bras gauche et un champion bras droit. Chaque athlète peut s’inscrire dans une ou deux catégories, il peut choisir un bras plutôt que l’autre. Mais ce n'est pas forcément un gaucher qui va gagner le bras gauche et inversement. Employer son bras dominant y joue mais avec des années de pratique ça s’égalise. Un débutant sera beaucoup plus à l’aise avec son bras dominant mais avec des années d’entrainement, il va apprendre à son autre bras à travailler correctement et à faire les connexions neuro-musculaires aussi performantes que le bras droit. Pour certains athlètes droitiers, leur bras le plus fort devient le gauche car avec la pratique, ils améliorent le contrôle moteur de leur bras soit-disant plus faible. Et souvent au haut-niveau, la même personne gagne à gauche et à droite car ils essayent d’équilibrer leur corps. Il y a de nombreuses techniques différentes à utiliser lors d’un bras de fer".
"Le bras de fer est sur la short-list des JO 2028 et on a même failli rentrer pour les JO de Paris 2024"
Aymeric Pradines, vice-président FFForce
Peut-on espérer voir un jour le bras de fer discipline olympique?
"Oui, le bras de fer est sur la short-list des JO 2028 et on a même failli rentrer pour les JO de Paris 2024. Par rapport au football ou au basket c'est un sport assez jeune: même si on en retrouve des traces à l'antiquité à Rome ou en Egypte, il a commencé à être codifié dans les années 60 aux Etats-Unis et la fédération mondiale a été créée en 1977. C’est pour cela que c’est un sport qui a un peu de retard dans son développement auprès du grand public. La fédération regroupe 80 pays. Les pays dominants la discipline sont la Russie, la Géorgie, le Kazakhstan car le sport est soutenu par l’Etat là bas et les pays de l’est en général. Depuis 1977, le bras de fer est passé du jeu ou de test de force à une vraie discipline sportive et ça continue à se développer. Les événement internationaux se multiplient, les meilleurs athlètes du monde commencent à gagner leur vie avec le bras de fer".
Le championnat de France de bras de fer sera à suivre sur france.tv/idf le 4 mars en direct du gymnase Philippe Pivert à Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines.