Un juge d'instruction a été désigné suite à la plainte déposée par la famille de Samuel Paty. Il doit faire la lumière sur les failles qui ont conduit à la mort du professeur en octobre 2020 dans les Yvelines, alors que les menaces qui pesaient sur lui étaient connues.
L'assassinat de Samuel Paty aurait-il pu être évité ? "J'en suis convaincue, intimement persuadée", répond Maître Virginie Le Roy, l'avocate de la famille de Samuel Paty ce vendredi matin au micro de franceinfo.
Dans le cadre de la plainte déposée il y a plus d'un an par la famille du professeur tué à Conflans-Sainte-Honorine (78) contre le ministère de l'Intérieur et de l'Education nationale pour "non-assistance à personne en péril" et "non empêchement de crime", l'avocate a confié qu'une instruction avait été ouverte. "Un juge d'instruction a été désigné, il va poursuivre les investigations."
À qui la faute ?
Pour Virginie Le Roy, la priorité est désormais de faire la lumière sur la responsabilité de chaque acteur dans le drame qui a conduit à l'assassinat de ce professeur d'histoire-géographie. "Samuel Paty était menacé", insiste l'avocate de la famille. La désignation d'un juge d'instruction permettra donc de déterminer les manquements et les failles possibles des services de renseignements, des services de police, de la DGSI (Direction général de la Sécurité intérieure) et de l'académie de Versailles.
Le 16 octobre 2020, l'enseignant en histoire-géographie de 47 ans a été poignardé puis décapité près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) par un réfugié russe d'origine tchétchène. Cet islamiste radicalisé avait été abattu dans la foulée par la police. Il reprochait au professeur d'avoir montré en classe, lors d'un cours sur la liberté d'expression, des caricatures de Mahomet.
Le "Fonds Marianne", consternant pour l'avocate
Les déclarations de l'avocate de la famille interviennent au lendemain de la publication d'un rapport de la commission d'enquête du Sénat et d'un nouveau rapport administratif sur la gestion du "Fonds Marianne", lancé en 2021 par la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa.
Pour les rapporteurs, le processus de sélection des associations bénéficiaires du fonds de 2,5 millions d'euros, mis en place quelques mois après l'assassinat du professeur Samuel Paty, a été "bâclé, opaque et fragmenté": le délai de l'appel à projets a été ramené de 70 à 20 jours, ce qui ne permettait pas aux associations de "présenter des projets véritablement construits", rapporte l'AFP.
Des structures qui ne présentaient "aucune garantie quant à leur sérieux et à la qualité de leur action" ont "non seulement été sélectionnées mais ont également reçu les subventions les plus importantes", insistent-ils, toujours selon l'AFP.
"Le constat est sans appel sur la dérive de ce que nous appelons un coup politique", a déclaré lors d'une conférence de presse Jean-François Husson (LR), le rapporteur de l'enquête du Sénat consacrée à ce dossier controversé, évoquant une "grande opération de communication" de la part de la ministre.