Pour sa seconde émission L'Artichaut prend ses quartiers à la nouvelle Scala. Salle parisienne qui a traversé les temps, elle est comparable au phénix, cet oiseau merveilleux, célèbre dans la mythologie des Égyptiens et des Grecs. Comme lui son histoire est devenue un mythe.
Scala d'hier, Scala d'aujourd'hui : mais toujours Scala !
*1873 : naissanceLa Scala est au point de vu architectural, un très beau théâtre, à l'italienne. 3 balcons, un grand parterre et une immense coupole en verre qui aux beaux jours glisse sur un rail.
De ce fait, la salle peut être ouverte ce qui permet de la désenfumer.
Café-concert extrêmement élégant de la Belle Époque, c'est l'endroit où il faut passer pour devenir ce qu'on appelle alors une "super vedette".
Pendant près de quarante ans, nombre de vedettes vont y naître, s'y succéder et faire de belles carrières tant en France qu'à l'international.
* 1914 : la guerre tout s'arrête
L'activité culturelle marche au pas des soldats et des nouvelles du front.
Les hommes sont mobilisés. La Scala ferme un an.
*1945 : réouverture
La Scala abandonne le concert pour devenir un théâtre de boulevard où sont reprises toutes les pièces à succès de Feydeau.
Autres temps, autre genre, et le succès est là, encore. Un succès différent qui fonctionne très bien jusqu'à la fin des années 20.
*1929 : la crise
Cette fois c'est un choc économique qui fait mettre un genou à terre aux grandes puissances de l'époque.
L'économie s'effondre. Beaucoup de salles ferment, et La Scala va devoir, pour vivre, se transformer, une nouvelle fois.
*1936 : cinéma Art-déco
Maître d'oeuvre de sa mue, l'architecte Maurice Gridaine, qui sera, pour la petite histoire, plus tard en 1946, le créateur du Palais des Festivals à Cannes.
Fini le théâtre à l'italienne. Le maître d'oeuvre casse tout et la Scala, devient un des plus beaux cinémas du coeur de Paris. Grand balcon en béton pour 400 personnes, 800 places au par terre, un écran panoramique et une acoustique extraordinaire.
Là encore, La Scala trouve le succès. Ce concept fonctionne très bien et ce jusqu'à la fin des années 60.
*1965 : déménagement du "Wall Srett" à la française
Mais qu'il est loin le temps de Belle Époque. L'époque où le quartier, entre Madeleine et Strasbourg-St Denis était une sorte de "Wall Street" à la française.
Hé oui, à cette époque, c'est là qu'était l'argent, les banques, les hommes d'affaire.
Toute cette activité part vers l'ouest parisien, le 8eme, le 17eme, et bientôt la Défense, puisque la 1ère tour est livrée en 65.
*1966 : le début des années sombres
Strasbourg-St Denis devient alors un quartier assez malfamé où se mêlent drogue et prostitution.
Une des conséquences de ce changement radical, beaucoup de salles du 10ème ferment. Beaucoup, mais pas La Scala !
Magnifique café-concert, superbe cinéma Art déco, une nouvelle fois La Scala s'adapte au temps et aux moeurs.
*En 1977 : nouvelle mue...
La Scala devient le 1er cinéma multiplex porno de Paris.
Non satisfaite d'être devenu le 1er multiplexe de la capitale, avec 5 salles de projection et 800 fauteuils,
comme à chaque renaissance La Scala cultive le particularisme en affichant sur le boulevard de Strasbourg, une programmation de films pornographiques !
Là encore, ça fonctionne très bien. C'est un succès.
*1980 : révolution technologique
Avec les années 80 de nouvelles technologies apparaissent. La VHS débarque. Cela ne fait pas forcement les affaires de tout le monde.
Plus besoin donc, pour regarder ce type de films, d'aller dans une salle de cinéma.
Les films pornos sont consommés à la maison, dans le salon !
Là encore, beaucoup de salles vont fermer, sauf... La Scala !
Ses portes restent ouvertes jusqu'en 1999. Et ce, même si plus aucun film n'y est plus projeté !
Vivante, mais dépouillée de sa superbe, La Scala devient un des lieux de drague le plus sordides du centre de Paris.
*1999 : après "le cul", le culte !
Virage à 380°, le lieu est acheté par l'église brésilienne, l'Eglise Universelle du Royaume de Dieu qui veut en faire son 1er temple en France.
Un choix judicieux puisque ce culte s'adresse aux populations afro-américaines et afro-antillaise en nombre dans cet arrondissement parisien.
*2000 : non au culte, mais oui à la cult... ure !
C'est à cette époque que les gens des Arts et du cinéma se souviennent que La Scala était un lieu de création important. De création en tous genres.
Un lieu avec une histoire folle. Unis pour un même combat, ils se mobilisent contre la vente de La Scala à la secte et font jouer tous leurs réseaux.
C'est ainsi que Bertrand Delanoë, alors Maire de Paris, classe, non pas les murs qui sont en ruine, mais la destination du lieu, en "lieu de culture" et non un lieu de culte ou de commerce.
Face à cette décision administrative, l'Eglise Universelle du Royaume de Dieu ne peut rien. Le lieu est remis en vente.
*Septembre 2018 : résurrection, tout n'est qu'une question d'issue !
Il faudra, alors, attendre février 2016 pour que Mélanie et Frederic Biessy décident de racheter le lieu en perdition, en trouvant "LA" solution que personne n'avait trouvée en 15 ans : une nouvelle issue de secours.
Une issue de secours qui dès lors rendre possible l'exploitation du lieu au public et permet, une fois encore à la Scala de renaître de ses cendres.
Mais ça, c'est une autre histoire !
*La Scala, une nouvelle salle à Paris ... Qu'en pense François Morel ?
La Scala d'hier et d'aujourd'hui : la transformation
De la chrysalide au papillon
Deux ans d'un chantier titanesque. Coût total des travaux : 19 millions d'euros. L'architecte Richard Peduzzi aux commandes.
La Scala, une fabrique à vedettes, une fabrique à rêver
Dés son ouverture, en 1870, La Scala est une véritable "fabrique à vedettes" comme on les appelait... jadis.
Sous son nom, elle va réunir des talents qui vont devenir grâce à elle, de grands talents comme nous l'expliquer Olivier Schmitt, le directeur artistique de La Scala.
- Aristide Bruant, le futur propriétaire du "Chat Noir"
Aristide Bruant, fils de cheminot, vient de la gare du Nord et découvre La Scala.
Inspiré par le lieu, il écrit une chanson qui s'appelle "à la Scala".
Ce texte va, surtout, nous permettre de connaître l'intérieur du lieu et connaître également quelles étaient les personnes qui le fréquentait.
- Felix Mayol
Non seulement La Scala fait les vedettes, mais elle les attirent !
Désormais, les plus grands chantent à La Scala, à commencer par Felix Mayol, qui est le 1er à bouger en scène.
C'est l'auteur du célèbre "Viens poupoule" Il chante et surtout il bouge. Il "bouge" tellement bien sur scène que la légende dit qu'il va séduire l'écrivain Marcel Proust.
Proust va venir plusieurs soirs de suite et tomber "en amour" du corps de Mayol comme il l'écrit lui même dans sa correspondance.
- Fréhel
Ce sera la grande star du tournant du siècle à La Scala.
- Mistinguett
Une anecdote que raconte avec délectation Frederic Biessy, le Directeur Général de La Scala.
Juste avant la guerre, Mistinguett est la vedette de "La revue de La Scala".
Elle y connaît un vrai succès.
La Scala, un lieu "olé, olé"
Ces revues étaient très courues et assez "olé olé" ! dans l'esprit de la Belle Époque.
La plus célèbre d'entre elles, "Paris fin de sexe" tient l'affiche plusieurs mois en 1895.
Quand on dit "olé olé" ça veut dire que le café concert est un lieu d’effeuillage en scène
et de rencontres inter-générationnelles et sociale.
Ainsi, la grisette du Paradis espère rencontrer l’aristocrate russe ou le prince anglais du parterre et devenir, un jour, une princesse ou une aristocrate à son tour.
Cela arrivera à l’une de plus grande chanteuse de La Scala en 1900. Emilienne d'Alençon côtoya de très près le prince Paul Demidoff une des plus vielle fortune aristocratique de la vieille Russie.
Cette anecdote entretiendra, à l'époque, le mythe de tout est possible au café concert et que tout est possible surtout à La Scala.
La formule magique de La Scala
Une équation au troisième degrés du mathématicien Laurent Derobert, ami de Mélanie et Frédéric Biessy : de l'éphèmère de longue durée