Plysorol : dialogue de sourds entre direction et salariés

A l'usine Plysorol de Fontenay-le-Comte, en Vendée, les salariés ont décidé de retenir jusqu'à ce soir le DRH, et le "manager de crise" nommé par le gouvernement. 

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Ce sont deux logiques, deux mondes qui s'opposent : les managers parlent de "business plan", tandis que les salariés, eux, se demandent ce qui les fera vivre dans quelques semaines. 
Une réunion a démarré cet après-midi, elle se poursuit par une "séquestration" symbolique, et un dialogue de sourds. 

Un directeur face à des salariés exaspérés

Chez Plysorol, à la veille de la présentation d'un "plan de continuation", expression
qui suscite les quolibets, Michel Maire a réuni les salariés de cette entreprise
de contreplaqué sur leur site de Fontenay-le-Comte pour les informer de ses modalités.
Mais c'est un dialogue de sourd qui s'engage.
Le dirigeant intérimaire, en chemise à carreaux bleus clairs, ne souhaite aborder
que le "business plan" et les "questions industrielles", égrenant les prévisions
de chiffre d'affaires du groupe Bitar, propriétaire, qui affirme pouvoir poursuivre
l'activité de Plysorol en regroupant toutes ses activités sur le site d'Epernay
dans la Marne.
Face à lui, des hommes et des femmes, de tous âges. Certains, en couple, tirent
toutes les ressources de leur foyer de cette usine, et ne peuvent plus rien entendre
d'un avenir qui ne les concerne déjà pratiquement plus.
Ils partent en congés vendredi, pour quatre semaines, et savent que l'approvisionnement
en bois qui pourrait faire tourner leurs immenses machines, silencieuses depuis
le 20 juillet, a été stoppé dès le mois de juin.
"Quand nous allons revenir, fin août, expliquez-nous ce que nous allons faire?",
coupent les salariés éxaspérés. "On va rembaucher comment? Ou alors, vous nous
dites: +dans deux mois on est fermé+, eh bien voila! On veut le savoir", lance
un homme exaspéré, les yeux dans les yeux avec le manager.
Dans la pièce également, le directeur de leur usine, Didier Katalenic, présent
depuis six ans dans l'usine, qui regarde souvent le bout de ses chaussures ou esquisse
des sourires avec certains salariés, et le directeur des ressources humaines, Aymeric
Emon, arrivé il y a quelques mois, qui focalise visiblement pas mal de rancoeur.
"C'est pas un DRH, c'est un liquidateur", lance, amer, un homme aux cheveux blancs.
"Vous êtes payé pour ça, hein? Nous accompagner jusqu'à la fermeture?", ajoute
un autre, alors qu'à l'issue de la réunion, les salariés ont décidé de retenir
le manager de crise et le DRH dans l'usine au moins jusqu'au soir, peut-être pour
la nuit.
La "retenue" est douce: un plateau repas est immédiatement improvisé pour les
nourrir. Ils sont libres de se déplacer dans les locaux. Le directeur de l'usine
est libre de partir mais veut rester, par solidarité.
Les salariés savent bien que seul Ghassan Bitar, le Libanais à la tête du groupe
implanté en Afrique, pourrait répondre à leurs questions et que c'est lui qu'ils
ne verront pas.
Pendant la réunion, ils se souviennent, amers, de l'arrivée de ce "sauveur" qui,
à l'automne 2010, a surgi pour les arracher des griffes d'un précédent repreneur,
chinois, qui en voulait à leur seul trésor, des droits d'exploitation de bois d'Okume,
au Gabon.
Une richesse potentielle qui expliquait en grande partie l'intérêt que suscitaient
encore ces usines où, pourtant, les actionnaires successifs s'étaient bien gardés
d'investir dans la modernisation des machines...
Pourtant, en 2001, le groupe Plysorol représentait près d'un millier de salariés.
Ils sont moins de 300 aujourd'hui et seront deux tiers de moins si le "plan de
continuation" est accepté.
"Bitar nous disait: +vous êtes les meilleurs d'Europe, vous allez devenir les
meilleurs du monde+", raconte un salarié grisonnant assis à la table de réunion.
"Je me souviens qu'il disait: +prenez toutes vos RTT, parce que "pshitt!"+, et
il faisait un geste de décollage. En fait, cela voulait dire que c'est lui qui
allait s'envoler!"
Une audience se tient jeudi au tribunal de commerce de Lisieux (Calvados) sur
l'avenir de Plysorol.
A la veille de la présentation du "plan de continuation", expression qui suscite les quolibets, Michel Maire a réuni les salariés de l'usine de Fontenay-le-Comte pour les informer des modalités de ce plan.
Le dirigeant intérimaire, en chemise à carreaux bleus clairs, ne souhaite aborder que le "business plan" et les "questions industrielles", égrenant les prévisions de chiffre d'affaires du groupe Bitar, propriétaire, qui affirme pouvoir poursuivre l'activité de Plysorol en regroupant toutes ses activités sur le site d'Epernay dans la Marne.
 
Face à lui, des hommes et des femmes, de tous âges. Certains, en couple, tirent toutes les ressources de leur foyer de cette usine, et ne peuvent plus rien entendre d'un avenir qui ne les concerne déjà pratiquement plus.
Ils partent en congés vendredi, pour quatre semaines, et savent que l'approvisionnement en bois qui pourrait faire tourner leurs immenses machines, silencieuses depuis le 20 juillet, a été stoppé dès le mois de juin.
"Quand nous allons revenir, fin août, expliquez-nous ce que nous allons faire?", coupent les salariés exaspérés. "On va rembaucher comment? Ou alors, vous nous dites: "dans deux mois on est fermé", eh bien voila! On veut le savoir", lance un homme exaspéré, les yeux dans les yeux avec le manager.

Retenus pour la soirée, et peut-être pour la nuit
 
Dans la pièce également, le directeur de leur usine, Didier Katalenic, présent depuis six ans dans l'usine, qui regarde souvent le bout de ses chaussures ou esquisse des sourires avec certains salariés, et le directeur des ressources humaines, Aymeric Emon, arrivé il y a quelques mois, qui focalise visiblement pas mal de rancoeur.
"C'est pas un DRH, c'est un liquidateur", lance, amer, un homme aux cheveux blancs.
"Vous êtes payé pour ça, hein? Nous accompagner jusqu'à la fermeture?", ajoute un autre, alors qu'à l'issue de la réunion, les salariés ont décidé de retenir le manager de crise et le DRH dans l'usine au moins jusqu'au soir, peut-être pour la nuit.
 
La "retenue" est douce: un plateau repas est immédiatement improvisé pour les nourrir. Ils sont libres de se déplacer dans les locaux. Le directeur de l'usine est libre de partir mais veut rester, par solidarité.

Amertume envers Bitar, le "sauveur" de 2010
 
Les salariés savent bien que seul Ghassan Bitar, le Libanais à la tête du groupe implanté en Afrique, pourrait répondre à leurs questions et que c'est lui qu'ils ne verront pas.
Pendant la réunion, ils se souviennent, amers, de l'arrivée de ce "sauveur" qui, à l'automne 2010, a surgi pour les arracher des griffes d'un précédent repreneur, chinois, qui en voulait à leur seul trésor, des droits d'exploitation de bois d'Okume, au Gabon.
 
Une richesse potentielle qui expliquait en grande partie l'intérêt que suscitaient encore ces usines où, pourtant, les actionnaires successifs s'étaient bien gardés d'investir dans la modernisation des machines...
Pourtant, en 2001, le groupe Plysorol représentait près d'un millier de salariés. Ils sont moins de 300 aujourd'hui et seront deux tiers de moins si le "plan de continuation" est accepté.
"Bitar nous disait: "vous êtes les meilleurs d'Europe, vous allez devenir les meilleurs du monde", raconte un salarié grisonnant assis à la table de réunion.
"Je me souviens qu'il disait: "prenez toutes vos RTT, parce que "pshitt!", et il faisait un geste de décollage. En fait, cela voulait dire que c'est lui qui allait s'envoler!"
Une audience se tient jeudi au tribunal de commerce de Lisieux (Calvados) sur l'avenir de Plysorol.

Voir le reportage sur la manifestation de mercredi matin (25 juillet 2012)


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