Le procureur de la République de Saint-Nazaire a requis mardi une amende et une interdiction de manifester d'un an sur la commune de Notre-Dame-des-Landes contre l'un des principaux et plus anciens opposants au projet d'aéroport sur cette commune.
Cette annonce, mise en délibéré au 11 septembre, a aussitôt suscité un fort émoi chez les opposants présents, l'eurodéputé José Bové dénonçant une demande digne de la "Russie de Poutine" et en appelant au garde des Sceaux, Christiane Taubira.
Sylvain Fresneau, président de l'association de défense des exploitants concernés par l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Adeca), était poursuivi pour avoir reculé son tracteur avec une remorque en direction d'un barrage de gendarmes le 21 juin, lors d'une manifestation de protestation sur les modalités des enquêtes publiques qui venaient d'être ouvertes sur le projet d'aéroport.
M. Fresneau est né en 1962 à Notre-Dame-des-Landes, sur la ferme de son père. Ce dernier s'est opposé dès les prémices des premiers projets d'aéroports sur ses terres, dans les années 1960, et a fondé en 1972 l'Adeca, la plus ancienne association d'opposants. Sur leur ferme devrait s'élever en 2017 la tour de contrôle de l'aéroport, si celui-ci, confié au groupe Vinci par l'Etat, est construit.
La procureure Florence Lecoq a estimé que le "fait de violences contre les gendarmes avec usage ou menace d'une arme, en l'espèce un tracteur", était constitué. La masgistrate a requis contre lui 80 jours amende à dix euros ainsi qu'une interdiction de manifester d'un an sur la commune de Notre-Dame-des-Landes.
L'avocat de M. Fresneau, Me Erwan Lemoigne, a quant à lui plaidé la relaxe, son client arguant qu'il n'avait jamais voulu heurter les gendarmes mais seulement placer sa remorque comme protection des manifestants.
L'audience était accompagnée d'une manifestation qui a rassemblé devant le tribunal à partir de midi quelques 150 tracteurs et plus de 300 manifestants. En début d'après-midi, au cours d'échauffourées avec les forces de l'ordre massivement présentes, un manifestant a été brièvement interpellé.
Un autre opposant, militant anarchiste, était jugé ce même jour pour violences à l'encontre d'un gendarme, le 21 juin également, et la procureure a requis contre lui deux mois de prison avec sursis pour les violences et deux autres mois pour
refus de prélèvement d'ADN, une peine également mise en délibéré au 11 septembre.