Habitants et élus de la commune de Batz-sur-Mer, victime de la marée noire de l'Erika en 1999, craignent une possible annulation, mardi en cassation, des condamnations pénales déjà prononcées.

Colère devant l'inompréhensible
"Ce n'est pas normal. Ça devrait être jugé comme un délit, comme quelqu'un qui ne respecte pas le code de la route", s'insurge, devant un journaliste de l'AFP René Colbus, l'un des habitants de cette ville de Loire-Atlantique, parmi les plus touchées par la pollution.

Des images toujours présentes dans les esprits
    Venu sur la plage pour entretenir son bateau, il se rappelle comme si c'était  hier des "galettes de fioul tout le long du mur, tout le long de la côte dans les rochers". "Ce n'est pas juste", renchérit Denise Barthélemy, une promeneuse, "ce n'est pas juste avec tout ce qui a été fait là..." Le naufrage au large de la Bretagne de l'Erika, un pétrolier vieux de 25 ans battant pavillon maltais et affrété par le groupe français Total, avait pollué 400 kilomètres de côtes, de la pointe du Finistère à la Charente-Maritime, et tué quelque 150.000 oiseaux.
    Mardi, douze ans après la catastrophe, la Cour de cassation décidera si la France, finalement, était compétente pour juger des responsabilités dans le naufrage du navire qui a sombré en dehors des eaux territoriales françaises.  "Moi, de toute façon", si l'avocat de Total "a gain de cause, je lui amène tout le pétrole devant ses bureaux avec un tractopelle", lance la maire UMP de Batz-sur-Mer, Danielle Rival. "réformer tout de suite" "En fin de compte, il aurait fallu qu'on parte à Malte faire juger cette affaire de l'Erika!", s'exclame-t-elle. "Ça veut dire qu'on aille juger là-bas la catastrophe qui a été faite dans notre pays. Non, ce n'est pas possible", assure l'élue.


Possible annulation des jugements 
    Et si la Cour de cassation suit l'avis de l'avocat général, qui a également remis  en cause l'indemnisation du préjudice écologique, "tout notre combat depuis douze ans" sur la reconnaissance du préjudice écologique et environnemental sera "terminé", relève Danielle Rival. Cela signifierait "qu'on n'a strictement rien fait depuis l'Amoco Cadiz: "les pollueurs ne seront pas les payeurs et ils ne seront surtout pas reconnus coupables",
estime-t-elle. "Je crois qu'au niveau de la France, au niveau de notre littoral, c'est quelque chose qui va être très, très mal perçu", prédit la maire.
    Si la justice donne raison à Total, Batz-sur-Mer "arrêtera" les procédures "mais on l'aura vraiment amère cette pilule!", souligne la maire de la commune, qui gardera les indemnités perçues quelle que soit la décision de la Cour. "L'hypothèse que les jugements pourraient être cassés est inquiétante, inexplicable", a pour sa part réagi Jacques Auxiette, président socialiste de la région pays de la Loire. "Cela provoquerait une grande incompréhension des gens, en constatant que la justice n'est pas juste", a-t-il indiqué samedi, interrogé par une journaliste de l'AFP.
    "Les choses ne pourraient pas rester en l'état. Après on irait voir à Malte la raison pour laquelle ils n'ont pas entrepris les poursuites dans les six mois qui ont suivi le sinistre comme ils auraient dû le faire", a-t-il ajouté.

    En attendant, si la cour annule les jugements, il faudra alors que "le gouvernement se mette au travail et réforme tout de suite", exhorte Mme Rival. Car "l'hiver va arriver. Il va y avoir des tempêtes. On peut avoir de nouveau un bateau-poubelle parce qu'il y en a encore beaucoup, beaucoup, sur les eaux internationales", prévient-elle.

( source AFP )
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