Les autres skippers en route autour du globe ont pratiquement tous réagi pour contester cette décision, Jean Le cam dit être remonté comme une pendule et Jean-Pierre Dick assure être scandalisé !
Le Suisse Bernard Stamm a été disqualifié mercredi par le jury du Vendée Globe pour avoir reçu de l'aide au mouillage d'une île néo-zélandaise où il s'était arrêté pour des réparations et plusieurs autres skippers ont protesté contre une sanction jugée trop sévère.
Selon le jury de la course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, Stamm a enfreint le règlement lors de son escale le 23 décembre à l'île Enderby en recevant de l'aide d'un navire russe. Stamm s'était arrêté pour réparer ses hydrogénérateurs, des petites hélices immergées à l'arrière de son bateau et fournissant l'électricité du bord.
L'ancre de son bateau "Cheminées Poujoulat" ne crochant pas sur le fond, tapissé d'algues laminaires, le Suisse s'était mis à couple d'un navire scientifique russe, le Professeur Khoromov, mouillé près de lui, après avoir prévenu son équipage par
VHF (radio).
Sans être sollicité par Stamm, un matelot russe est monté à bord et y resté pendant toute l'opération. "Quand je l'ai vu à bord, je n'ai pas trouvé d'argument qui justifiait le fait de le renvoyer du bord", a expliqué le skipper.
Le jury international du Vendée Globe a estimé que "s'amarrer sur un autre bateau" constituait une première infraction et que le fait de ne pas demander "à la personne sur son bateau de quitter le bord quand il l'a découverte" en était une deuxième.
Stamm va faire appel
Bernard Stamm, qui occupait mercredi matin la 10e place (sur 13) du Vendée Globe, a fait appel de cette décision. "J'ai le droit de demander la réouverture du dossier, donc c'est ce que je vais faire, a-t-il dit. Je pense toujours avoir agi dans l'esprit de la course. Je pense que le jury n'a pas tenu compte du contexte, j'ai agi pour la sécurité de mon bateau".
Cette sanction a provoqué l'incompréhension de plusieurs compagnons de route de Stamm.
"Je suis remonté comme une pendule sur cette histoire-là, a déclaré le Français Jean Le Cam (SynerCiel), 5e. Pour moi, Bernard a agi en bon marin, il a tout fait pour sauver son bateau et on le pénalise!" "Ça me désespère. Si ce qu'a vécu Bernard n'est pas un cas de force majeure alors je ne sais pas ce que c'est. J'ai envoyé un mail au jury ce (mercredi) matin car on ne peut pas prendre des décisions pareilles. Il faut se rendre compte qu'à l'avenir on ne pourra plus se porter assistance en cas de danger immédiat, de peur d'être disqualifié".
"Je trouve cela scandaleux, je suis sous le choc de cette annonce", a pour sa part affirmé le Français Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), 3e. "Cette décision du jury me parait totalement démesurée. Bernard Stamm a commis une infraction au
règlement, je peux comprendre qu'il soit pénalisé pour cela, mais pas à cette échelle. La disqualification est vraiment forte. C'est hallucinant! Il s'agit d'un cas de force majeure, Bernard a agi en bon marin pour sauver son bateau".
"Les règles sont les règles, etc... Mais (...) ça parait très injuste", a pour sa part noté le Britannique Mike Golding (Gamesa), 6e. "Je suis vraiment réservé sur cette décision, elle ne me semble pas correcte et je suis vraiment vraiment très triste pour Bernard".
Le coup est particulièrement dur pour le Suisse, 49 ans, qui avait déjà abandonné lors des Vendée Globe 2000-2001 (problèmes mécaniques) et 2008-2009 (échouage aux îles Kerguelen, dans l'océan Indien).
Sa disqualification signifie qu'il ne reste plus mercredi que 12 bateaux encore en course sur les 20 qui avaient pris le départ le 10 novembre des Sables-d'Olonne (Vendée). A 16h00 heure française, le Français François Gabart (Macif) était toujours en tête devant son compatriote Armel Le Cléac'h (Banque Populaire).
AFP
Le reportage de Stéphanie Palgrimaud :