Procès de Tony Meilhon à Nantes : le récit du septième jour d'audience

Cette journée de jeudi était consacrée à l'audition des proches de Laëtitia Perrais.

Le procès de Tony Meilhon, âgé de 33 ans, a débuté mercredi 22 mai aux Assises de la Loire-Atlantique. Il est accusé d'avoir enlevé et tué Laetitia Perrais en janvier 2011 avant d'en démembrer le corps et d'en dissimuler les morceaux dans deux plans d'eau.


16h10 L'audience est suspendue jusqu'à demain 9h


15h57 L'audience est reprise, Tony Meilhon commence à parler avec humanité

Le président, "Nous avons entendu les témoins prévus, en l'absence de votre défenseur Me Benbrahim, Mr Meilhon voulez-vous intervenir ? "

Je redoutais cette journée du procès, je savais que j'allais connaître toutes les personnes à qui j'ai fait du mal…


Je me hais pour ce que j'ai fait, j'arrive pas à trouver les mots pour dire ce que je ressentais pendant leurs témoignages… Je suis d'accord, Laëtitia était une fille superbe, pleine de vie, franche, sincère, en même temps il y a avait une souffrance, j'ai fait l'irréparable, je vais l'assumer jusqu'à la fin de ma vie, je n'ai jamais voulu ça, j'ai fait beaucoup de mal, je pense pas que je mérite de vivre même pendant 100 ans, la douleur pour ces proches tout ça, je m'arrête... Je sais plus comment dire les choses.

Le président : "C'est en contradiction avec ce que vous avez dit." "Tout à fait…"
Vous semblez vouloir mesurer la souffrance des familles mais, pour autant vous ne nous dites pas qui est Mr X, vous ne pouvez pas nous dire la vérité ?" "Non."

Me De Oliveira, "Vous avez perdu un ami quelques temps avant les événements, vous avez écrit à cet ami à ce moment là. Vous trouvez des mots justes devant cette cour d'assises, Mr le président vous demande qui est Mr X, vous ne voulez pas nous dire les mots justes ?" Non je ne vous dirai pas." "Tout le monde vit avec quelqu'un d'autre que soit…" "Oui, mais je ne dirai pas qui est Mr X." "Monsieur X c'est vous ?" "Je ne vous répondrai pas." "Mr X saurait trouver les mots justes comme vous ?" "Je ne vous répondrat pas." "Mr X est quelqu'un d'exceptionnel, costaud organisé…il prend des décisions…"
"Je ne vous répondrai pas. Vous êtes aveuglée par vos convictions, vous voulez me faire dire ce que je n'ai pas fait, je ne peux pas vous répondre."


15h30 L'audience est suspendue 10 minutes



15h24 Me de Oliveira

"Laëtitia se confiait à vous ?" "Elle disait souvent j'aurais voulu que tu sois ma maman !"
Quand on est une fille de 18-19 ans, les amis ont une place importante…" "Laëtitia se posait beaucoup de questions. Et c'est sa sœur qui répondait souvent."

Comment la voyez vous embarquée dans cette soirée?" "Forcée et contrainte." "Elle était peureuse !



15h17 Le témoignage d'Oriane Amossé, fille des parents d'accueil

"Laëtitia était une fille adorable, elle me manque terriblement. Les filles sont arrivées chez mes parents alors que j'avais quitté le domicile familial."

"En décembre elle m'avait demandé de venir à la maison." "Je lui ai dit que c'était pas sympa pour nos parents… C'est pas par rapport à Gilles et Michèle, je veux quitter la maison, je ne supporte plus ma sœur ! Et puis elle se reprend aussitôt et on est passées à autre chose."

Le week-end avant chez notre grand mère, elle a voulu me parler, je lui ai dit plus tard, on était en famille, elle étouffe un sanglot et se reprend, voilà je regrette de ne pas avoir pris le temps."

15h14 Questions des parties civiles

Me De Oliveira : "Vous avez dit ce sont des jeunes filles innocentes." Oui je ne vois pas comment elle pourraient faire le mal." "Comment voyez vous Laëtitia "embarquée" dans cette virée." "Elle n'imaginait pas ce qui allait se passer, elle ne pouvait pas imaginer le comportement d'un homme."


15h05 Le témoignage de Gaëlle Patron la fille des parents d'accueil

"Nous avons vécu cette affaire comme un drame. C'étaient deux petites filles fragiles qui se sont épanouies avec nous, ma fille les reconnait comme des tantes."

"On avait une différence d'âge qui faisait que je n'étais pas sa confidente. Elle était discrète, timide non, réservée." "Elles étaient soit complices, soit en chamaillerie, comme toutes les sœurs. Laëtitia avait envie de construire quelque chose, de faire sa vie. Je pense que mes parents ont été avec elles comme avec nous, papa est plus sévère, il pose le cadre, mais il est ouvert à la discussion, maman est plus maternelle."

On sait depuis la perquisition qu'elle rédigeait des courriers… testamentaires..."

Je suis totalement surprise, ça ne lui correspond pas.



14h57 Les questions des parties civiles à Mme Patron

Me De Oliveira : "Comment expliquez vous qu'elle soit allée vers Mr Meilhon." "Je ne me l'explique pas…"
"Laëtitia n'avait pas d'amies ?" " Au lycée sans doute, à la maison non !"
"Et Laura Boville ?" "Comme ça quand elle vient la chercher."

"Laura a fait demander si elle peut venir aux obsèques…" "J'étais choquée, j'avais de la rancœur après elle, ce qu'elle avait dit de mon mari, voilà !"

Est-ce que la peur est un trait de caractère de Laëtitia?" "Non, sauf peut-être avec le recul la dernière semaine…



14h45 Le témoignage de Mme Patron

Le président : "Comment les filles s'entendaient-elles ?" "Moins bien depuis quelques temps, elles étaient moins complices depuis que l'école les avait différenciées."

Le 18 comment vous quitte t-elle ? "Je taillais la haie dans la matinée elle est partie sans que j'y prête plus attention., Ensuite elle m'a envoyé un texto pour dire qu'elle ne rentrerai pas l'après-midi."

"Le matin du 19 ?" "Mon mari est entré dans la maison comme un fou, on a appelé partout les hôpitaux, on est allé chez les voisins.. les gendarmes sont arrivés…"

Dans les derniers temps Laëtitia exprime un mal être…" "À ce moment là je n'en voyais rien, rétrospectivement je me souviens de changements, il y avait la soirée du 4 janvier ou elle n'était pas rentrée, mais depuis j'y repense, elle refaisait aussi des bisous à sa sœur dans cette période…"

Le président : "Elle écrit, "désolée Maurine", précision du président : "c'est votre petite fille", "je pars…Je voulais juste dire regardez autour de vous y a pas que moi qui ment." Mme Patron : "Avec ce qu'on a su après, c'est pas étonnant…" "Il s'est passé quelque chose début janvier qui a provoqué son changement d'état…"


14h33 Questions des parties civiles

"On ne fait pas le procès de Mr Patron," précise le président.

Me De Oliveira : "On a vu des jolies photos dans des moments familiaux heureux chez vous, vous diriez que ces sœurs étaient proches ?" "Oui jusqu'en 2009, ensuite Laëtitia reprochait à sa sœur son homosexualité."

"On a entendu Laura Boville ce matin, cette jeune fille vous percevait comme sévère…" "Je pense pas être si sévère que ça !"

"Mr Patron m'a demandé si j'avais eu des rapports sexuels… c'était dans la véranda…" "Non, je ne me souviens pas du tout."

J'essaye de comprendre comment une jeune fille fragile a pu s'embarquer dans une virée aussi scabreuse avec Tony Meilhon…


"Jusqu'à la mi janvier tout allait bien…" "Comment une fille aussi sage aussi réservée se sont vos mots, toutes les jeunes filles n'ont pas envie de passer leur soirée avec Tony Meilhon…" "C'est pas son genre, elle a été menacée, je vois pas Laëtitia partir comme ça…" "Non ça ne lui ressemble pas, je ne la vois pas peureuse non plus."

Me Poquet : "Vous dites je suis sorti. Jusqu'où ?" "La maison que je construisais est à 20 mètres sur la gauche et le scooter a été retrouvé plus loin." "Vous dites : il fait nuit noire." "Oui ma lampe ne suffisait pas."


14h10 L'audience est reprise avec le témoignage de Gilles Patron père d'accueil

Il se présente séchement : "Patron Gilles, né le 6 10 50, retraité, Pornic !"

Le président : "Que pouvez vous nous dire sur cette affaire ?" "Toute cette souffrance, elle était heureuse."

Le président : "C'est vous la famille d'accueil, c'est vous qui avez l'agrément ? " Oui." "Comment vivaient les filles ?" "Elles ont d'abord vécu dans la même chambre." "Puis ensuite elles ont eu chacune leur chambre. Elles ne sortaient jamais."

Une fois vous vous êtes plaint d'une absences de Laëtitia… Elle était majeure…" "Pas de son absence, du fait qu'elle n'avait pas prévenu."

Peu de temps avant sa disparition Laëtitia avait exprimé un mal être qu'est-ce que vous pouvez nous dire…" "À Noël elle nous a fait un cadeau, le 7 janvier, elle m'embrasse et me dit p'tit Lou, je suis contente, mon employeur veut bien, je pars aux sports d'hiver avec vous."

Le président : "Rien ne laissait apparaître quoi que ce soit dans son comportement." "En tous cas pas jusque dans les jours qui précèdent…"

Elle semble qu'elle c'était confiée…"

Je n'ai jamais eu de relation sexuelle avec Laëtitia ! Je le jure sur la tête de mes petits enfants !


"Mais il y a des témoignages…" "Des gens qui ne fréquentaient plus Laëtitia…" "Nous ne poursuivrons pas la dessus cela fera l'objet d'un autre procès !"

"Pourquoi interdire la venue de Laura à l'enterrement." "C'est pas moi c'est ma femme !" Le président enfin vous l'avez déposé ! … Pourquoi ?" Laëtitia ne la voyait plus." " Qu'est-ce que vous en savez ?" "C'est une prise de position !"

"C'est une période ou Laëtitia revendique son autonomie, elle avait des horaires dissociés avec une pause dans l'après-midi…" "Oui." Elle était gantée, casquée ?" Les gants je sais pas, je l'ai pas vue partir, mais le casque elle le mettait toujours."

"Vous n'avez pas été étonné quelle ne rentre pas?" Non puisque on nous avait dit qu'elle était majeure…"

"À 1h29 j'ai entendu trois bruits de claquements de portières, je suis sorti en pensant que c'était un vol sur le chantier à côté… Je n'ai rien vu." "La nuit était comment ?" "Noire."

"Je me suis levé vers 7h Jessica part prendre son car pour l'école, elle revient en courant avec une chaussure à la main, ma femme est venue on a appelé les gendarmes tout de suite."

Le moteur du scooter ne tournait pas… contrairement à ce qu'on dit.




12h05 L'audience est suspendue jusqu'à 14h



11h57 Questions des parties civiles

Me De Oliveira : Vous alliez de temps en temps chez les Patron, pour aller à la plage, comment était Gilles avec Laëtitia, sympa, cool…?" "Un peu sévère." "Un jour il vous a demandé si vous aviez déjà eu des rapports sexuels, la pillule, tout ça…"  Silence. Le témoin pleure. "Oui" dans un sanglot.  Aujourd'hui vous avez encore peur de Mr Patron ?" "Oui."

Avez-vous pu aller à l'enterrement de Laëtitia ?" Non." "Pourquoi ?" "Mr Patron me l'avait interdit !


"Oh" fait la salle...

11h45 Le témoignage de l'amie des jumelles


Le témoignage de Mme Boville, timide, les mains dans les poches, elle a recueilli des confidences de Laëtitia.

Le président : "À un moment vous avez fait des révélations sur Mr patron…" "Oui, j'en ai plus parlé avec Laëtitia, elle était d'accord avec moi, qu'il avait commis des gestes pas clairs…" "De Mr Patron, et elle, elle vous a dit qu'elle avait subi des gestes déplacés ?" "Non." "Vous dites que vous avez vu Mr Patron avec des gestes déplacés…" "j'ai vu la main aux fesses… Elle m'avait dit j'ai réussi à le repousser à chaque fois grâce à mon sale caractère mais sa sœur ne saura pas le repousser.

Vous avez fait la promesse de ne jamais en parler, pourquoi ?" "Par rapport à ça…" "Elle m'a dit j'ai été violée par Gilles…"  "Vous confirmez ?" " Oui." "À quelle période, je ne me rappelle plus exactement."


11h42 C'était quelqu'un de totalement désarmé

Question de me De Oliveira : "Comment expliquez vous que Laëtitia ait pu prendre de la cocaïne ?"  "Comme tous les jeunes dans sa situation, elle est totalement cadrée, et toute nouveauté est vécue avec beaucoup d'intensité."

Comment Laëtitia a t-elle pu se défendre au moment où Mr Meilhon est entré dans une phase violente ?" "Aucune !" "C'était quelqu'un de totalement désarmé."


"Quelqu'un en construction dans sa vie affective et d'adulte."


11h12 L'audience est reprise

Le témoignage de Mme Laviolette, référente jeunesse au Conseil Général

"J'accompagnais Laëtitia et Jessica depuis 2008, mon travail consistait à les accompagner dans leur vie à l'école, dans la famille d'accueil, dans leurs vies d'adolescentes."

Le président : "Quel était le contexte ?" "La maman était dépressive chronique, le papa avait des difficultés éducatives importantes."

"Chez les Patron, le contact était difficile, Mr Patron avait la maîtrise de tout, pour Laëtitia il n'était pas question de quitter la famille d'accueil, Jessica envisageait un internat. Laëtitia se reposait sur la famille Patron, c'était compliqué de lui faire prendre conscience de la réalité des choses, faire les courses, des démarches à la sécu…"

Le président : "Le travail à l'hôtel l'avait valorisée par rapport à sa sœur." "Jessica était la porte-parole." "Laëtitia disait oui oui"

Elles avaient petites le projet d'aller s'installer à Tahiti, des rêves comme ça ! 


"Les Patron avaient des amis là bas."

Elles s'entendaient bien, il y avait parfois des mésententes, mais de mon point de vue, c'était plutôt bien pour elles !"

Le président : "Mr Patron a eu un comportement qui fera l'objet d'un autre procès…" "C'était impossible à deviner, Mr Patron était omniprésent, j'ai posé un an avant la question d'une possibilité d'attouchements…, c'est d'une manière détournée, et à l'extérieur que j'ai pu libérer la parole… J'ai eu des entretiens individuels sur cette question, ça a été un non sans affect… j'en ai fait référence à mes cadres…"

On a retrouvé des écrits de Laëtitia où elle souhaite se donner la mort, des écrits testamentaires, donner ses organes, qui doit être présent à son enterrement…


"Je voulais juste dire regardez autour de vous y a pas que moi qui ment" vous avez été très surprise quand vous en avez pris connaissance…" "Oui rien ne me permettait d'imaginer ça… rien, jamais !" "Rien, hormis la difficulté des cours, elle n'a évoqué quoi que ce soit d'autre."

Vous avez continué de suivre Jessica ?" "J'envisageais à ce moment là de réorienter ma carrière professionnelle, alors je me suis posé des questions, qu'est-ce que j'avais manqué, qu'est-ce que je n'avais pas su voir… Je me suis rendue disponible pour Jessica en revanche, et puis j'ai été malade et la relation s'est rompue."

Pour Laëtitia on avait affaire à une jeune fille immature, et on se demandait avec l'approche des 21 ans et leur majorité définitive pour nous, s'il ne fallait pas demander une reconnaissance de handicap…" "Et puis avec l'apprentissage elle cheminait positivement." "Elle commençait à avoir une vie sociale en dehors, un soir elle n'est pas rentrée, sans prévenir, le lendemain matin Mr Patron avait prévenu les services. Nous lui avons répondu qu'elle avait 18 ans. J'avais expliqué à Laëtitia que c'était normal de sortir, mais qu'il fallait prévenir, passer un coup de fil."

"Mr Patron était extrêmement protecteur, il ne supportait pas selon Laëtitia que les soeurs soient en présence des personnes plus âgées, "Il ne voulait nous voir qu'avec des petits" !"


10h45 L'audience est suspendue pour 10 minutes



10h30 Le témoignage d'Alain Larcher


Alain Larcher est l'oncle et parrain de Laëtitia

C'est ma princesse, j'ai du mal à en parler à l'imparfait, j'ai deux enfants qu'il faut que je protège, mais je pense à Laëtitia tous les jours tous les jours les jours…



Il a un sanglot dans la voix, c'est ma princesse…

Laëtitia depuis qu'elle était majeure je la voyais plus souvent c'était plus facile.

Je l'aimais, j'ai une pensée particulière pour Sophie Graveau dont les parents sont mes voisins…

Quand on sortait c'était génial, avant on disait les filles, maintenant on dit… Jessica…

Le président : "Qu'attendez-vous de ce procès ?" "Vous avez des enfants, Mr le président, il faut lui mettre la peine la plus forte, c'est dommage la peine de mort est interdite… Il a été condamné 15 fois, chaque fois il recommence, même sa famille n'en veut plus…"


10h27 Le témoignage de la mère de Laëtitia... Faut qu'il paye 

Sylvie Larcher, elle parle d'une manière essoufflée. Elle se croise les mains dans le dos. On la sent comme un bloc "Ça n'aurait pas dû arriver, on n'aurait pas dû me séparer de mes enfants. Il l'a tuée, il l'a fait sniffer, il a abusé, il… Ça ne se fait pas…"

Le président reprend la parole :"La dernière fois que vous avez vu Laëtitia…" Elle se détend : "C'était le 25 décembre, avec mes parents. Une fois je suis allée au restaurant, manger avec elle une fois, j'étais fière d'elle." "Laëtitia vous parlait ?" "Non, et j'osais pas poser de questions…" "Vous avez été aidée ?" "Oui depuis 1994… J'ai un psychiatre, un psychologue…"

"Vous avez eu une autre enfant ?" "Oui, elle est placée, on en veut encore à mes enfants…" Jessica s'entend bien avec elle…"

"Qu'attendez vous de ce procès?" 

Que justice soit faite, aussitôt qu'il sort il recommence… Pourquoi il fait ça… donner des coups de couteau, des coups de hache… s'il ressort de prison il recommencera… Faut qu'il paye !



9h57 L'audience est reprise


Le témoignage de Franck Perrais, il se tient mains posées de chaque coté de la table devant lui. Menu, il porte un gilet de costume strict.

Le président : "M" Perrais présentez vous." "Franck Perrais, j'ai 46 ans, j'habite Nantes." "Que pouvez-vous nous dire de Laëtitia?"

"C'est difficile, les événements, tout ça, Laëtitia était une petite fille joyeuse. Elle me manque. Des fois j'ai peur de l'oublier, et je ne le veux pas, mais elle n'est pas là." "Deux jours avant, j'étais allé la voir à son travail, comme j'étais serveur en haute restauration, je lui ai donné des petits conseils comme elle était très réservée…"

Le président : "Il y avait de la violence à la maison, c'est pour ça que les enfants avaient été placés?" "Oui mais je n'ai perdu le contact avec mes enfants. J'allais les voir au foyer, c'était pas facile avec les éducateurs… J'allais à La Bernerie…"

Jessica c'était la "maman" qui protégeait sa sœur, et ma femme aussi !


Mes enfants voulaient pas que je refasse ma vie." "Elles étaient très différentes ?" "Non elles étaient aussi taquines l'une que l'autre, elles se complétaient…"

Le président : "Il y a les faits, avec un tourbillon médiatique autour de vous…" "J'étais en formation j'ai été convoqué au conseil général où on m'a dit qu'elle était kidnappée, je suis allé à la gendarmerie, les gendarmes m'ont questionné, il y avait des médias partout qui m'ont vite identifié. Le lendemain, je suis allé chez les Patron… j'ai cherché partout ma fille, j'étais au téléphone partout… J'ai fait les caravanes, les propriétés privées abandonnées…"

"J'ai eu un coup de téléphone d'un gendarme pour me dire qu'on avait retrouvé le corps démembré à Lavau-sur-Loire. J'aurais préféré être convoqué par le juge, apprendre ça au téléphone au volant… c'est mon enfant… enfin c'était difficile…"

Le président : "Vous avez continué de travailler ?" "Oui mais par intermittence, j'ai fait une dépression, je suis suivi par par un psychiatre, je prends toujours des médicaments, j'en reprends plus en ce moment…"

Je me suis investi dans des groupes de recherche de majeurs disparus sur facebook, c'est une bonne chose, c'est important pour moi d'aider les autres à retrouver leurs enfants…


"Avec Jessica on se parle, on a parlé du procès qui arrivait, on a pleuré, elle m'a serré dans ses bras… la première fois depuis l'autre affaire… enfin vous savez… Je suis le père de Laëtitia, quand on va sur sa tombe, comme père qu'on ne peut plus rien faire pour elle… J'essaie d'avoir des rêves avec Jessica et Laëtitia."


On fête l'anniversaire de Laëtitia, quand Mr Meilhon dit que c'est un dossier… non c'est une personne, c'est Laëtitia, il ajoute, "La-ëtitia" ça veut dire la joie de vivre !"

Au début, j'ai eu de la haine, mais j'ai fait un travail sur moi, je n'ai plus de haine pour Tony Meilhon


II me regarde, il me toise au procès, il nous doit la vérité, qu'il nous dise la vérité et qu'on en arrête là. Ces deux jours, je ne suis pas venu, je voulais pas entendre les expert médico-légaux, on me dit ce qui se dit sur internet… je veux pas retourner en dépression."

"Ça me choque de voir autant de violence gratuitement… (un silence) pour rien…."



9h45 l'audience est suspendue pour 5 minutes



9h10 L'audience est reprise

La vie de Jessica, la sœur jumelle

Le président : "Nous allons ce matin parler de Laëtitia Perrais, en vertu de mon pouvoir discrétionnaire, nous allons entendre l'éducatrice de Jessica, qui ne peut supporter de témoigner, présentez vous madame : "Je m'appelle Mme Colin éducatrice spéciale à l'enfance."

"En septembre 2012, avec toute l'évolution de son état, Jessica qui avait souhaité être placée en foyer collectif, a intégré un appartement individuel à Nantes, quelques jours, la solitude était trop compliquée, elle a réintégré un appartement collectif. À 21 ans, elle ne bénéficie plus de la protection de l'enfance, nous faisons des démarches pour qu'elle puisse bénéficier d'une aide et d'un soutien aux adultes. En dépit de tout cela, elle a obtenu son CAP en 2012. Jessica a intégré un Bac pro cuisine, l'année a été difficile, beaucoup d'absentéisme scolaire, du fait de ses hospitalisations à l'hôpital Saint-Jacques."

Elle avait des impossibilités d'action comme... couper de la viande rouge...

 

"Elle vivait ses difficultés scolaires comme des échecs, se dévalorisait, l'équipe pédagogique lui a proposé d'évoluer vers le service. Son dernier stage a été très positif, l'employeur a été très soutenant pour elle. En juillet 2012 elle a fait son premier remplacement. Jessica avance, malgré ça, ça reste très compliqué, des périodes très difficiles, des incapacités de paroles avec ses collègues..."

Elle a obtenu un certificat de personne handicapée, mais son employeur l'a maintenue dans une situation ordinaire. Elle est très vulnérable, un banquier, un opérateur téléphonique lui ont fait faire des dépenses inconsidérées... une curatelle est en cours de mise en place.

Elle est toujours sous traitement, les éducateurs du foyer gèrent ses besoins pour elle. Elle fait des éruptions d'eczéma, elle est parfois incapable de s'alimenter, avec une oscillation de son poids qui la préoccupe.

Dans sa vie de jeune femme de 21 ans, c'est très compliqué, il y a des colères dont les personnes de son entourage font les frais. Elle réussit à maintenir ses relations amicales et amoureuses, mais la moindre dispute le moindre désaccord à un impact énorme sur elle.

Jessica est toujours dans l'incompréhension de ce qui s'est passé


Elle était présente lundi mais elle n'a pas pu en supporter plus. Elle dit : "il a sali ma sœur. Placées à 8 ans elle est jumelle avec Laëtitia, elle formait un binôme avec sa sœur, les faiblesses de l'une compensant les avantages de l'autre. Durant une période, elle parlait à la place de sa sœur, elle portait ses vêtements...

Au moment du drame, elles commençaient à avoir leurs vies de jeunes filles, leurs petits secrets, et tout ça a disparu. Les dates anniversaires sont des jours difficiles pour elle. Elle a fêté son anniversaire le 4 mai, l'équipe éducative a organisé un petit événement un peu plus tard... Elle ne sait plus ce qu'est le bonheur... Il n' y a jamais d'éclats de rire spontanés.

Le président : " L'approche du procès a été difficile ?" "Sa venue le premier jour a été préparée avec le médecin, un psychologue... Mais la vue de Mr Meilhon a ravivé des souvenirs qui lui sont insupportables."

Le président : "Est-ce qu'il y a toujours des liens avec sa famille ?" "Oui un week-end sur deux avec sa maman, elle est en lien régulier avec son papa. Elle a beaucoup d'attachement avec ses parents, elle est soucieuse des différentes personnes de sa famille. En dépit du placement par le juge des enfants il reste de l'affection dans cette famille."


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