Les syndicats du fabricant d'électroménager FagorBrandt, qui emploie près de 1900 personnes en France, ont été reçus aujourd'hui à Bercy pour demander "l'aide de l'État" à cette filiale française du groupe espagnol Fagor, au bord du dépôt de bilan
##fr3r_https_disabled##Des représentants CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC et FO se sont entretenus pendant près de deux heures avec des membres des cabinets du ministère du Redressement productif et du ministère de l'Emploi, avant une réunion de crise prévue jeudi à Bercy avec les élus des départements concernés (Loiret, Loir-et-Cher, Vendée).
La cessation de paiement se rapproche
Ensemble, les syndicats "ont demandé une aide de l'État pour le redémarrage de l'outil industriel au plus tôt", a déclaré Christian Legay (CFE-CGC), qui s'exprimait au nom de l'intersyndicale.Les représentants du ministère "nous ont écoutés et ont assuré que tout serait mis en oeuvre pour soutenir les salariés et maintenir l'outil de travail", mais il n'y a pas d'engagement du gouvernement "pour l'instant", a-t-il ajouté à l'issue de l'entretien.
Le gouvernement "attend" le comité central d'entreprise extraordinaire de mercredi au siège à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) "pour connaître les orientations stratégiques du groupe", a précisé M. Legay.
"On demande un plan stratégique depuis deux ans. Si la direction avait été responsable, on n'en serait pas là", a expliqué à l'AFP Laurent Prévost (CFDT) pour lequel "les feux sont au vert" vers le dépôt de bilan.
La cessation de paiement, qui pourrait être annoncée mercredi, "se rapproche", estime aussi Philippe Rabillier (CGT).
Des carnets de commande pleins
Pour l'heure, la "priorité est de reprendre le travail au plus tôt, les carnets de commande sont pleins jusqu'à Noël", affirment MM. Prévost et Rabillier. La situation de trésorerie tendue a entraîné des ruptures d'approvisionnement de composants et la mise en chômage partiel des salariés des usines.Depuis le 21 octobre, les sites industriels d'Orléans (Loiret), Vendôme (Loir-et-Cher), La Roche-sur-Yon et Aizenay (Vendée), qui emploient à eux seuls 1.225 personnes, sont à l'arrêt. FagorBrandt "est une entreprise viable avec un portefeuille de commandes rempli",
soutiennent les syndicats. "Il y a un savoir-faire, on pense qu'il y a une possibilité pour que cette entreprise continue à exister", "la clé dépend de la direction", estime M. Legay.
En fonction des décisions attendues mercredi, "nous pourrons nous prononcer et apporter des contre-propositions", a-t-il prévenu.
Les syndicats, qui souhaitent que le produire français, ardemment défendu par M. Montebourg, "ne soit pas qu'un slogan", demandent notamment au gouvernement de les aider "à trouver des partenaires financiers, rassurer les fournisseurs et les clients et renforcer le label produire français".
Mondragon a renoncé à renflouer Fagor
Selon M. Prevost (CFDT), l'État était déjà intervenu en 2012 pour échelonner des dettes fiscales. Refusant d'évoquer une "cessation de paiement", la direction s'est bornée à parler il y a quelques jours d'une "poursuite de l'information sur la situation de Fagor", tout en reconnaissant que "le groupe Fagor a besoin d'avoir un accord sur la restructuration de sa dette rapidement".Selon les syndicats, la dette de FagorBrandt s'élève à 250 millions d'euros, dont 142 millions vis-à-vis de l'extérieur et 108 millions dus au groupe.
Depuis que la maison mère, la coopérative basque espagnole Mondragon, a renoncé le 30 octobre à renflouer Fagor, l'ensemble du groupe, asphyxié par une dette de 800 millions d'euros, est menacé.
Le cinquième fabricant européen d'électroménager, entré le 16 octobre en "pré-dépôt de bilan", pourrait se déclarer en dépôt de bilan très rapidement, sans attendre les quatre mois que lui accorde la loi espagnole pour trouver des financements, selon une source au sein de l'entreprise.
Confronté à une chute de ses ventes et un chiffre d'affaires en baisse de 19% au premier semestre, Fagor estimait qu'une aide de 170 millions d'euros serait suffisante pour éviter la débâcle. Mondragon a jugé que "les ressources demandées ne suffiraient pas à garantir sa viabilité".
Fleuron de Mondragon, un conglomérat implanté dans une vingtaine de pays, le groupe espagnol Fagor emploie au total 5.700 personnes et compte 13 usines dans cinq pays (Espagne, France, Pologne, Maroc et Chine).
Un CCE doit se tenir mercredi au siège de l'entreprise. Par ailleurs, les élus régionaux et départementaux ont rendez-vous jeudi au ministère du redressement productif.
avec AFP