En Vendée, l'actuel ministre de l'intérieur se rêve en Clemenceau, 107 ans après que le Radical a quitté la place Beauvau.
Le déplacement
Le ministre de l'intérieur était en pèlerinage aujourd'hui en Vendée sur les traces du Tigre, Georges Clemenceau. Un arrêt à Mouilleron-en-Pareds, le village natal du père la Victoire. Une escale à Mouchamps, sur la tombe du grand commis de l'Etat et président du conseil. Le ministre de François Hollande, ce n'est pas un secret apprécie la comparaison historique avec son illustre prédécesseur.Dans son bureau au ministre, Manuel Valls a devant lui un portrait de Clemenceau avec la fameuse maxime du Vendéen "le rôle des ministres de l’Intérieur ne peut pas se résumer uniquement à l’ordre. Ils ont une fonction qui les dépasse largement". Alors le lionceau est-il un tigre en puissance ?
Le retour du "Tigre" ?
- L'entourage du ministre cet été a distillé les comparatifs historiques après les polémiques et les joutes verbales entre Christiane Taubira et l'actuel locataire de la place Beauvau sur la réforme pénale. Le socialisme de Valls prendrait ses racines dans le terreau de la République, l'éternelle celle de la IIIème des Jules et des Georges. En clair, c'est lui le gant de fer contre le désordre. Il est comme Clemenceau brisant les grèves et les mutineries paysannes.
- Clemenceau ce n'est pas seulement l'ordre républicain contre la chienlit prônée par les premiers socialistes révolutionnaires ouvriers. Le Tigre c'est aussi les positions courageuses contre les Versaillais et les Thiers comme maire de Montmartre en pleine commune de Paris. C'est également des convictions chevillées au corps en faveur de Dreyfus. À une époque où les soutiens au capitaine se comptaient sur les doigts d'une main, il publie dans son journal le fameux "j'accuse" de Zola.
- Pour Didier Fischer, historien dans les colonnes du plus du Nouvel Obs, comparer Valls à Clemenceau n'a aucun sens.
Avant d’être un socialiste de "trente ans" comme il l’affirme, Valls est un républicain d’ordre. Il est parfaitement dans son rôle comme ministre de l’Intérieur. Il aurait d’ailleurs pu occuper les mêmes fonctions sous Nicolas Sarkozy. La stratégie qu’il déploie ressemble aussi à s’y méprendre à celle utilisée entre 2002 et 2007 par ce dernier : surfer sur les sondages qui en font le ministre le plus populaire du gouvernement pour s’emparer du Graal présidentiel.
Il n’y a au final pas grand-chose de Clemenceau là-dedans. C’est même une atteinte à la mémoire d’un homme politique qui n’a jamais hésité à prendre l’opinion publique à rebrousse-poil et qui refusa plusieurs fois le pouvoir à des conditions qui ne lui convenaient pas.