Bientôt, si la loi est votée, comme aujourd'hui chez le pharmacien, vous n'aurez plus d'argent à avancer chez le médecin ou le spécialiste. Les syndicats de médecin sont opposés à cette proposition du gouvernement.
Ils ne veulent pas d'un acte gratuit
La principale crainte des médecins et de leur représentant est de voir leur acte se galvauder. Jean-Paul Ortiz président de la Confédération syndicale des médecins de France explique ce matin dans le Parisien que "transformer la carte Vitale en carte de paiement, c'est déresponsabiliser le patient et c'est banaliser l'acte médical, qui deviendra un service et un dû avec le risque de surconsommation. La gratuité induit des comportements différents." Ces mêmes syndicats, il y a quelques années étaient opposés à la CMU (couverture maladie universelle). Ils voyaient un risque d'une fonctionnarisation des médecins en France, à l'image du système britannique (NHS, National Health System) où depuis les gouvernements travaillistes d'après-guerre l'accès aux soins est gratuit mais les médecins démotivés et le système sclérosé.Encore aujourd'hui, les syndicats des médecins libéraux ont la CMU en ligne de mire "les bénéficiaires de la CMU sont par exemple ceux qui oublient le plus d'annuler un rendez-vous. Et je n'ai pas envie que mon acte n'ait aucune valeur. C'est une question de respect du médecin" explique Jean-Paul Ortiz. Les patients bénéficiant de la CMU ou de l'aide médicale d'Etat ont malgré tous les contrôles et mises en garde des autorités de réelles difficultés pour avoir accès aux spécialistes ou à des actes médicaux mal remboursés comme les soins dentaires ou optiques.
La Sécurité Sociale tarde à rembourser
De nombreux pharmaciens, vous le diront, le tiers payant implique de jongler avec les découverts et les avances de trésorerie. Les Caisses Primaires d'assurance maladie mettent souvent plus d'une semaine à rembourser les professionnels de santé. Il faut donc pour ces derniers négocier avec leur banque des avances de trésorerie ou bien encore trouver les moyens de financer des assurances se chargeant d'avancer les fonds avant l'arrivée des remboursements. Le coût de traitement des feuilles de soin est évalué par les mutuelles à 3,50€ l'unité, au regard des tarifs conventionnés pratiqués de nombreux médecins considèrent ne pas avoir de trésorerie suffisante pour faire face à cette dépense de fonctionnement induite.En déclarant s'opposer fermement à la généralisation du tiers-payant, les médecins prennent le risque d'un repli corporatiste. Ils auront du mal à expliquer à l'opinion publique comment ce qui a été possible pour les pharmaciens, infirmières libérales ou kinés ne l'est pas pour eux.