C'est lundi aux Sables d'Olonne que s'ouvre le procès Xynthia. A la barre cinq prévenus pour des débats qui doivent s'étaler sur cinq semaines. Le jugement sera rendu le 12 décembre.

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Que s'est il passé la nuit du 27 au 28 février 2010​

  • Une conjonction de phénomènes provoque la submersion d'une digue à La Faute-sur-Mer : la grande marée, une dépression extratropicale de type "bombe" et des vents violents
  • Selon certains géographes, un 4ème facteur serait intervenu à la Faute et à l'Aiguillon : l'effet goulot d'étranglement qui, par le simple phénomène des grandes marées, provoque une élévation du niveau de la mer de 4 à 5 mètres.
  • Des dizaines de maisons sont inondées. Elles sont  construites dans une zone qui aurait dû être classée rouge, donc inconstructible, sur cette commune située sur une langue de terre coincée entre l'océan et l'estuaire du Lay. On surnommera l'endroit la "cuvette mortifère".
  • Les victimes ignoraient pour la plupart le danger qui les menaçait. Elles périront noyées, surprises en pleine nuit par la montée des eaux, emprisonnées dans leurs maisons ou emportées par les torrents boueux.
  • Sur ces terrains, des lotissements avaient poussé, sans tenir compte des mesures de précaution, voire d'interdiction que les autorités réclamaient depuis des années au maire de l'époque, René Marratier, élu de 1989 à mars 2014.
  • On dénombrera 29 victimes sur la commune de La Faute-sur-Mer

La "cuvette de la mort"

Qui sont les prévenus

  • Le maire de l'époque, René Marratier (UMP). La justice lui reproche de ne pas avoir informé la population des risques d'inondation, en ne se dotant pas de plans de protection (PPRI) et de secours (PCS).
  • Françoise Babin, la première adjointe à l'Urbanisme, étaient propriétaire de certains des terrains construits.
  • Son fils, Philippe Babin, directeur d'une agence immobilière et président de l'association chargée de l'entretien de la digue commercialisait ces terrains.
  • Patrick Maslin, alors conseiller municipal et membre de la commission urbanisme, dirigeait certaines des entreprises qui ont construit plusieurs des maisons inondées. 
  • Alain Jacobsoone, directeur départemental adjoint des territoires et de la mer à la préfecture de Vendée. La justice lui reproche d' avoir négligé d'alerter le maire de La Faute-sur-Mer sur les dangers de la tempête qui s'annonçait.

Quelles sont les peines encourues

  • Les quatre premiers prévenus sont poursuivis pour homicides involontaires aggravés et mise en danger d'autrui par violation manifestement délibérée d'une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence. Ils encourent cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.​
  • Alain Jacobsoone est poursuivi pour homicides involontaires aggravés.

Que doit-on attendre de ce procès

Jusqu'au 17 octobre, c'est un procès fleuve de cinq semaines qui se tiendra aux Sables d'Olonne, avec plus de 120 parties civiles attendues. Le jugement sera rendu le 12 décembre.
"Nous attendons des réponses à nos questions", affirme Renaud Pinoit, président de l'association des victimes, l'Avif. "Pourquoi il y a eu 2,80 mètres d'eau dans certaines zones de La Faute ? Pourquoi 29 morts dans un si petit secteur ? Pourquoi nous n'avons pas été prévenus de cette tempête correctement ?"... Les victimes et leurs familles veulent "que ça ne se reproduise plus", affirme-t-il.
Ce procès doit avoir "une valeur exemplaire", souligne l'ancienne ministre Corinne Lepage, avocate de l'Avif et de 120 parties civiles. Les parties civiles "veulent que les choses soient dites", affirme-t-elle, tout en soulignant dans cette affaire la "faiblesse de l'État", qui n'a pas su imposer à la commune des mesures pour éviter les constructions à risque.

Lors de l'audience, René Marratier "veut pouvoir dire sa vérité", "il veut pouvoir répondre publiquement de ses actes, répondre aux accusations", assure son avocat, Antonin Lévy.

Pendant les cinq semaines que dureront le procès, chacun espère ainsi être entendu. Reste à savoir si ce procès permettra simplement aux prévenus de soulager leur conscience ou s'il permettra de désigner les véritables responsables du drame.
Emission spéciale, lundi à 9h50 sur France 3 Pays de la Loire
Lundi, à 9h50, France 3 Pays de la Loire vous propose une émission spéciale à l'occasion de l'ouverture du procès Xynthia, à suivre sur notre antenne et sur notre site.
Cette émission spéciale, en direct du Centre Des Congrès Les Atlantes des Sables d’Olonne, sera présentée par Virginie Charbonneau : retour sur les origines de la catastrophe et sur les enjeux du procès. Qu’attendent les victimes de ces 5 semaines d’audience ?

Réponses et explications en compagnie de Philippe Ecalle, journaliste à Ouest-France et auteur du livre "Xynthia : l’enquête. Tous coupables ?" ainsi que de Bruno Retailleau, président de la commission d’enquête parlementaire, président du Conseil Général et Sénateur de la Vendée.

Chaque jour, pendant cinq semaines, nous suivrons également le procès au quotidien dans nos éditions régionales à 12h et 19h. A suivre en direct sur Pluzz.
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