Un opposant au projet d'aéroport du Grand Ouest vient de déposer la marque "Zad" afin d'empêcher toute exploitation de cette expression symbolique à ses yeux de la lutte pour le respect de l'environnement.
René Leblanc, ancien délégué régional de l'Institut national de la propriété industrielle à Rennes, a aussi déposé en avril dernier "PRO-ZAD Zone A Défendre", "Notre Dame des Landes NDDL" et "Zadiste de Notre Dame des Landes", ces opposants au projet d'aéroport qui, pour certains, ont décidé de vivre sur le site prévu pour l'infrastructure.
Les expressions Zad et Zadistes sont apparues dans la contestation à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les opposants investissant et s'installant sur la "Zone d'aménagement différé" réservée au projet, rebaptisée par eux "zone à défendre".
Ces expressions, "symboliques pour ce qui concerne le respect de l'environnement (...) vont bientôt avoir à mon sens une valeur non négligeable", estime René Leblanc, confirmant une information du quotidien Ouest-France.
"Or des entreprises pourraient galvauder ces mots" et profiter de leur notoriété pour "faire de l'argent", en faisant en outre fabriquer des produits dans des pays à bas coût salarial, craint René Leblanc. "Zad devient universel", analyse M. Leblanc. Dorénavant, "tous les gens qui s'opposent à des projets inutiles sont des zadistes", dit cet ancien maire d'une petite ville du Morbihan, Quelneuc, selon qui ces mots "pourraient être dévoyés".
Loin du projet d'aéroport nantais, le site du barrage controversé de Sivens, dans le Tarn, est aussi devenu "zone à défendre" pour ses opposants.
A Rouen, la Zad était un campement installé par des écologistes dans le centre de la ville, à la mémoire de Rémi Fraisse, jeune homme tué par l'explosion d'une grenade lancée par un gendarme lors d'affrontements fin octobre sur le site du barrage de Sivens. Le campement rouennais a été évacué par la police.
"Moi, je ne veux pas faire de l'argent" avec ces marques, a poursuivi René Leblanc, qui n'exclut pas leur utilisation pour des produits fabriqués en France, qui respecteraient l'environnement et qui auraient "un intérêt économique pour tout le monde". Dans ce cas-là, "je pourrais donner mon autorisation", explique René Leblanc.