Nicolas Barbisan, Victor Martial, et Natalya Yankovska ont été déclarés lauréats du "Concours acier 2014" pour leur projet de gare intermodale, les étudiants de l'Ensa, l'école d'architecture de Nantes, ont proposé "Tram on Way" qui conjugue transports et urbanisme, et qui a fait l'unanimité du jury
Le projet présenté au Concours acier 2014 devait porter sur la conception d'une gare intermodale. Un lieu qui permette aux voyageurs de passer facilement d'un mode de transport à un autre. Les trains, les bus, les trams, les voitures individuelles comme les piétons ou les cycliste ! Pas facile de laisser une place suffisante à chaque mode de déplacement en ville.
Chiche ! se sont dit les 3 étudiants nantais de l'ENSA qui ont rebondi sur l'idée lancée par la SNCF et la Communauté urbaine de Nantes pour reconstruire le bâtiment voyageurs. Ils ont baptisé leur projet tout en légèreté, posé au dessus des voies ferrées, Tram on Way. C'est Natalya Yankovska qui en parle le mieux : "il fallait quelque chose d'innovant digne de Jules Verne, en faisant appel à une architecture qui rappelle à la fois les structures industrielles du 19ème siècle et situe la nouvelle gare de Nantes dans les nouvelles mobilités, la modernité du 21ème".
Un sol urbain au dessus des voies
Le projet Tram on Way repose sur la construction d'une dalle au dessus des voies ferrées. Les étudiants ont imaginé ensuite quels sont les besoins des personnes qui vont l'emprunter, quelles devaient être les fonctions attendues de ce nouvel endroit. Depuis l'arrivée du chemin de fer dans la ville en 1851, est posée la question de la séparation physique des quartiers alentours. La coupure du passage à travers la ville vers Saint-Nazaire a été réduit après la seconde guerre mondiale par la construction du tunnel de Chantenay, plus près de nous, l'arrivée du TGV en 1989 a permit l'édification de la gare sud. Mais sans gommer cet effet de coupure.La nouvelle gare de leur point de vue sera d'abord un "sol urbain" qui réunit le quartier du jardin des plantes et le quartier Malakoff. De la rue Stanislas Baudry au stade Saupin, en continuité. Un sol urbain où les piétons et les cyclistes cohabitent avec le passage d'une nouvelle ligne de tramway. Une station sera édifiée sur ce sol face à la nouvelle gare. En dessous passeront les voitures individuelles, les trains, et au sud sous la rampe d'accès commune aux cyclistes et au tram, on trouvera la nouvelle gare routière.
"Un projet d'une évidence naturelle qui mériterait d'être construit"
Par ce sol urbain les passants pourront accéder aux services habituels offerts par une gare ferroviaire, restauration, services, lieux d'attente et de travail conçus en fonction du temps contraint entre deux modes de transport, et, prendre leur train ! "Si on a 20 minutes on reste dans la gare, si on a 1h30 on monte à l'étage dans un salon face au spectacle de la ville".Dans l'autre sens l'effet sera spectaculaire. On ne quittera plus le train en descendant vers le passage souterrain mais en s'élevant ver la nouvelle rue. Dès l'arrivée dans la gare, les voyageurs découvriront le panorama ouvert sur la ville. "On s'aura qu'on est arrivé à Nantes ! À gauche on verra la tour LU, en face le château des Ducs de Bretagne, et à droite la cathédrale ! Comme une carte postale" ! Les yeux de Nathalya brillent à cette vision inédite de la ville. Et on pourrait ajouter, une carte postale en 3D.
Lors de la désignation des lauréats, Odile Deck la présidente du jury et architecte de renom, a défini le projet des étudiants nantais "comme une évidence naturelle qui mériterait d'être construit".
Les lauréats aussi aimeraient voir leur imagination et leur enthousiasme se concrétiser. Ils sont intarissables sur les deux structures aériennes en acier inspirées des halles des anciens chantiers navals, mais qui se déforment dans l'espace en fonction des lieux qu'elles abritent, signifiant ainsi la notion du temps qu'on y passe.
Les grandes gares du 19ème siècle ont été construites comme des cathédrales dédiées à la vitesse nouvelle et à l'industrie du charbon et de l'acier. À leurs talents d'architectes, Nicolas Barbisan, Victor Martial, et Natalya Yankovska ont ajouté une réflexion sur les nouvelles temporalités du voyage et les modes de travail nouveaux apportés par les technologies numériques. Pour que la nouvelle gare de Nantes ne soit plus un "embarcadère", mais un lieu vivant 24h sur 24 au synchronisme de la ville. Et marque son époque.
La gare de Nantes en chiffres
Fréquentation- 5 millions de voyageurs en 2000
- 12 millions de voyageurs en 2008
- 25 millions de voyageurs prévus en 2025
Par la gare nord pour 73% des voyageurs, le tramway et la marche à pied y sont les premiers moyens de transport utilisés
Par la gare sud pour 27%, essentiellement les automobilistes avec les stationnements de courte et moyenne durée.