Au moins 600 personnes se sont recueillies ce matin en silence devant les locaux de la protection de l'enfance de Nantes, où un éducateur social de 49 ans a été assassiné jeudi dernier par un père de famille
Salariés du service social de la protection de l'enfance, mais aussi travailleurs sociaux de Nantes et du département sont venus rendre hommage, certains les larmes aux yeux, à l'éducateur, tué d'un coup de couteau alors qu'il tentait d'empêcher qu'un père de famille de 34 ans s'en prenne à son ex-compagne,
lors d'un droit de visite médiatisé (en présence d'un professionnel de la protection de l'enfance) avec leur fillette de quatre ans.
Notre collègue Jacques est parti dans des circonstances abominables. Il est décédé en faisant son boulot. Et son boulot, c'était d'appliquer une décision de justice, de mettre en lien une petite fille de quatre ans et son père",
a déclaré l'un des salariés de la protection de l'enfance, devant la grille du bâtiment où plusieurs bouquets de fleurs avaient été déposés.
Le père de famille, mis en examen et écroué samedi pour "assassinat" et "tentative d'assassinat", s'était rendu en possession de plusieurs couteaux dans les locaux de la protection de l'enfance, situés près du palais de justice sur l'île de Nantes,où il devait bénéficier d'un droit de visite médiatisé. Il n'aurait pas dû croiser son ancienne compagne.
Trop souvent exposés à la violence par manque de moyens
Après avoir donné un coup de couteau fatal, au niveau de la carotide, au travailleur social qui a tenté de s'interposer entre eux, le père de famille a poursuivi son ancienne compagne dans la rue et l'a frappée de plusieurs coups de couteau. Il a fini par être maîtrisé par les clients d'un restaurant voisin.Déjà condamné en 2012 pour violences conjugales, ce père de famille avait 1,4 g d'alcool dans le sang au moment du drame.
Travailleur social "est un métier à risques et le risque il s'agrandit parce qu'on n'a plus les moyens. Les collègues sont régulièrement exposés à la violence, que ce soit dans leur service, comme dans les visites à domicile, où on ne peut pas se permettre d'être deux systématiquement", a témoigné Ghislaine Rivière, qui a travaillé "32 ans dans un service de protection de l'enfance".
"Ce n'est pas normal de payer de sa vie, sur son lieu de travail, dans des conditions comme celles-là. Ce sont des boulots où il y a beaucoup de situations compliquées à gérer, beaucoup de tensions, et pas toujours les moyens. On se sent un peu seuls", a renchéri Xavier Sotin, assistant social en milieu scolaire, venu "témoigner de sa solidarité".
avec AFP