Imposante, massive, la Maison Radieuse domine sans pour autant menacer. Bien au contraire, cette création de l'architecte Le Corbusier serait plutôt du genre à rassurer. C'est à la fois un phare dans le sud de l'agglomération nantaise et un toit pour plusieurs centaines de personnes depuis 60 ans...
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La Maison Radieuse, Le Corbu pour les intimes ! Il y a ceux qui passent à côté tous les jours et trouvent le bâtiment effrayant ou rassurant, il y a ceux qui viennent de loin pour la visiter et il y a ceux qui y habitent. Parfois depuis très longtemps.
Les premiers habitants ont investi les lieux en mars 1955 après quasiment deux années de travaux. Les familles sont alors jeunes avec en moyenne deux enfants, principalement des employés, ouvriers ou professions intermédiaires. La Maison Radieuse est un HLM avec un système de location coopérative qui permet d'accéder progressivement à la propriété.
les gratte-ciel de New York sont trop petits (Le Corbusier)
108 m de long, 52 m de haut, 19 m de large... voilà pour les mensurations. La Maison Radieuse compte 294 appartements un peu plus de 1200 personnes au début des années 60, une école maternelle sur le toit, un parc boisé de 6 hectares et un comptoir de vente de journaux et papeterie dans le hall d'entrée. On parle alors d'une "expérience intéressante et réussie".
Surface, agencement, équipement, les appartements du Corbu offrent alors un niveau de confort bien supérieur à ceux des HLM classiques. Pour un loyer très modéré. Au début des années 60, un 4 pièces-cuisine se loue 13000 anciens francs, soit environ 189 euros en tenant compte de l'érosion monétaire due à l'inflation.
Un loyer de 130 francs par mois en 1962
"J'ai découvert (...) la vie collective et très vivante du Corbu...", témoigne une habitante de 1968, "C'était un système de coopérative où il y avait des groupes de réflexion, par exemple pour l'installation d'un Lavomatic, la desserte des bus. Chacun détenait une part sociale et l'on devenait propriétaire au bout de soixante-cinq ans. Un système intéressant qui nous a permis, avec les bénéfices de gestion, d'acheter des hectares de parc supplémentaire".
Et aujourd'hui ?
Le Corbu n'a pas bougé, guère changé. Son environnement immédiat non plus. Certes, le béton et les peintures ont un peu souffert avec le temps. Des travaux de rénovation seraient nécessaires. Et le système de location coopérative a disparu divisant les habitants en trois catégories : les propriétaires, les locataires du privé et les locataires sociaux. Mais l'esprit de village, lui, est toujours là, intacte. Et ses habitants, quelque soit la catégorie à laquelle ils appartiennent restent attachés au lieu.
À l'image de Gérard Zaorski-Bordais, chargé d'administration dans un service culturel municipal. "Ce n'était pas une volonté d'habiter ici mais ça l'est clairement devenu une fois sur place. J'ai été très vite adopté. Je n'ai pas d'enfants, le lien social ne s'est donc pas fait par l'intermédiaire de l'école maternelle comme beaucoup de jeunes parents ici, mais par l'association, les différents clubs, le système de troc mis en place... S'il fallait que je parte aujourd'hui, c'est ce lien social qui me manquerait, plus que le bâtiment en lui-même".
Avant d'y habiter, Gérard ne trouvait pas Le Corbu spécialement beau mais avec le temps il a appris à apprécier son architecture et y dénicher de la poésie : "C'est magnifique quand il y a du soleil et que les oiseaux passent sous les pilotis".
Anne Scotet est enseignante référente et depuis 1 an présidente de l'association des habitants. Une association dynamique qui compte 170 adhérents sur 294 appartements.
7 ans de vie commune avec Le Corbu, deux appartements successifs et un amour toujours aussi vif pour le lieu. Anne Scotet est intarissable... "J'arrivais d'une maison dans les Monts d'Arrée. Changement de ville, changement de vie, j'ai choisi Le Corbu pour la vie sociale mais j'ai aussi été conquise par les appartements". Et de nous ouvrir les portes de son T5 exposé sud. Un duplex montant. On entre par la cuisine. Quelques marches - avec des trous pour que les enfants puissent s'agripper - et nous voici arrivés sur le pont supérieur, un couloir desservant chambres, salon et salle d'eau avec les portes d'origine, dans le style cabine de bateau. Le Corbu est un paquebot !
Un paquebot où les passagers sont forcément amenés à se croiser régulièrement, se saluer, et plus si affinités particulières. "Il y a beaucoup de gens seuls dans l'immeuble, alors parfois des cellules familiales se composent, se décomposent, se recomposent".
On quitte les appartements pour le parc. Immense, des jeux pour les enfants, de l'espace pour les animaux de compagnie. David Buis et Nada (son chien) sont arrivés ici il y a 8 mois. Professeur d'arts appliqués, David a toujours été intéressé par l'histoire du bâtiment. Les aléas de la vie on fait qu'il y a posé ses valises il y a maintenant 8 mois.
"Le Corbusier en tant qu'architecte m'intéresse beaucoup même s'il était un peu psycho-rigide, Le Corbu a du caractère et une grande partie de ses habitants sont ici pour ce caractère. L'autre partie pour les loyers modérés. Il y a parfois quelques incivilités mais rien de bien méchant. Il y a aussi les ascenseurs qui tombent régulièrement en panne. Mais il y a surtout ce parc, un atout, et les clubs : russe, sérigraphie, musculation..."
Un peu plus loin, les garages à vélos. Kathleen Decru, étudiante infirmière, vient d'y remiser le sien, la journée est finie, retour dans l'intimité de son appartement. Elle y retrouvera son mari et sa fille qui fréquente l'école maternelle posée sur le toit du Corbu. "Nous avons eu un coup de cœur pour le lieu et les appartements. Quand nous sommes arrivés il y a 10 ans, nous avons acheté un T3 que nous avons revendu pour louer un T4". De propriétaires, Kathleen et son mari sont devenus locataires pour avoir plus grand au Corbu. Un parcours atypique mais il était inimaginable pour eux de quitter les lieux. La jeune femme adhère par principe tous les ans à l'association pour soutenir tous les projets comme le tritout, un système de revalorisation et mise à disposition d'objets. Kathleen aime la mixité du lieu. Jamais elle ne s'y est sentie en insécurité. C'est un peu la campagne à la ville.
L'émission Enquêtes de Régions s'intéressera vendredi 24 avril à l'architecture et notamment à la Maison Radieuse de Le Corbusier. Rendez-vous à 23h15 après Soir 3 sur France 3 Pays de la Loire. Voir la bande annonce.
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