Quatre sites emblématiques du patrimoine d’Auvergne ont été sélectionnés pour bénéficier de financements de la fondation Mission Patrimoine. Grâce à ces fonds, ils retrouveront une seconde jeunesse. Des travaux d’ampleur sont programmés pour chacun des sites.
La Mission Patrimoine, portée par Stéphane Bern, a dévoilé le nom des sites auxquels des financements ont été accordés pour restaurer le patrimoine. Au total, 100 sites ont été sélectionnés dont 4 en Auvergne, soit un dans chaque département. « Les sommes octroyées par la Mission Patrimoine viennent compléter les aides publiques ou l’autofinancement pour atteindre la totalité du besoin de financement (dans la limite de 300 000 € par site) », indique la fondation dans un communiqué.
Voici les 4 sites auvergnats qui bénéficieront de ce soutien financier, et les travaux qui seront réalisés.
La réfection de l’Eglise Saint-Loup à Boudes (Puy-de-Dôme) : 290 000 euros
Située au sud du Puy-de-Dôme, dans le village de Boudes, l'église Saint-Loup a été construite au XIIème siècle, bien que certaines des chapelles latérales aient été ajoutées aux XVème et XVIème siècles. Voici la description du monument : « La façade principale est percée d'un portail en bois, en archivolte plein-cintre ornée de motifs floraux. Elle est surmontée d'une baie en plein-cintre elle-même munie d’un bandeau décoratif. Les murs latéraux sont scandés de contreforts en alternance avec des baies en plein-cintre ; un bâtiment annexe jouxte le côté sud. Sur la troisième travée se dresse le clocher, à deux niveaux, de plan carré. Ses quatre pans sont percés de baies géminées en arc brisé et en en arc plein-cintre. Cet édifice se termine par un campanile en fer forgé contenant la cloche. Le clocher est composé de deux étages : le premier niveau remonte probablement au XVIème siècle, tandis que le second a été ajouté au XIXème siècle. »
C’est en 1986 que les premières inquiétudes concernant l’état de l’édifice apparaissent. En effet, la municipalité constate une aggravation de fissures causées par le poids du clocher « qui avaient déjà été observées depuis longtemps ». Après avoir consulté divers spécialistes, des mesures d’urgence sont décidées. Des travaux provisoires d’étaiement des voûtes et du clocher sont réalisés. Aujourd’hui, l’église est rendue inutilisable par les étaiements et la précarité de l’édifice.
Mais d’autres éléments très inquiétants sont découverts, et les travaux s’annoncent d’ampleur : « Les investigations géotechniques complémentaires ont confirmé la mauvaise qualité des sols au niveau des fondations de l’édifice, et la nécessité d’effectuer des travaux de reprise en sous-œuvre à l'échelle de l'édifice tout entier. Ces travaux de reprises structurelles majeures nécessitent une refonte totale des toitures et de nombreux éléments de maçonnerie. Une reprise structurelle par micropieux sur l'intégralité de la périphérie de l'édifice est nécessaire. Le liaisonnement des maçonneries devra être réalisé. La reprise du dallage, de l’escalier d’accès au clocher, la restauration des parements du clocher, de la crypte, ainsi que des arases et des corniches sont des travaux indispensables » Grace aux fonds de la Mission Patrimoine, les travaux devraient débuter à l’été 2025 jusqu’à la fin de l’année 2026.
La sauvegarde de la Maison de Vinols (Haute-Loire) : 300 000 euros
La Maison de Vinols est l’un des 10 hôtels particuliers de Craponne-sur-Arzon. Construite en U, entre cour et jardin entre 1736 et 1738, « son plan procède de l’enfilade de salons et du couloir qui constitue à chaque étage un volume tampon orienté au Nord. Des documents d’archives font état d’un « bâtiment à trois corps de logis, aux murs de trois pieds d’épaisseur à la base et deux pieds en haut », à des « pierres de taille au grain le plus fin » produites par les « maîtres maçons de la Chaise-Dieu ». » D’abord domicile d’un baron, l’édifice a finalement été cédé à la paroisse de Craponne en 1883 pour y accueillir l’école libre de garçons jusqu’en 1990.
Cette transformation en école a « notamment occasionné d’importants désordres, dont le bétonnage des sols et des murs, ainsi qu’une surélévation lourde du corps central. » Des travaux de couverture ont été réalisés de 2008 à 2021 par les propriétaires. « L’urgence porte désormais sur les enduits de protection des façades et les maçonneries sous-jacentes, ainsi que sur la terrasse qui commence à s’affaisser en plusieurs endroits. Les menuiseries extérieures sont également à remplacer. Viendra ensuite l'aménagement intérieur ». Les travaux débuteront en cette fin d’année, et seront terminés en 2025.
Les propriétaires souhaitent « redonner une place dans la vie locale à l’édifice, en l’ouvrant largement au public, avec le soutien de deux associations locales. Il deviendra un lieu d’échanges culturels ou seront régulièrement organisés des conférences, expositions et salons à thème, visant à faire connaître le patrimoine culturel, architectural et paysager de Craponne ». La fille des propriétaires organisera et animera par ailleurs des ateliers saisonniers de dentelle au fuseau et d’autres artisanats locaux. Le propriétaire organisera également des ateliers saisonniers d’initiation et de sensibilisation au patrimoine en pierre sèche.
Un chantier exemplaire au Château de Saint-Cirgues-de-Malbert (Cantal) : 180 000 euros
Le château de Saint-Cirgues-de-Malbert est situé au sommet d’un coteau rocheux dominant le village. Construit au XVIIe siècle, l’édifice est composé initialement « d’un corps de logis à trois étages flanqués de quatre échauguettes carrées à mâchicoulis, d’une écurie, d'une grange, d’un fournil et son four, d’une cour d’honneur et d’un jardin, le domaine a successivement appartenu à de grandes familles auvergnates ». Depuis son rachat en 2017, l’actuel propriétaire du site s’est entouré de passionnés pour « la rénovation et la mise en valeur du site dans le cadre de chantiers participatifs, de stages en immersion et d'accueil de visiteurs désireux de découvrir les techniques anciennes de construction et le mode de vie du XVIIe siècle. Il a également installé un potager, des ruches et animaux de ferme afin de pouvoir vivre presque en autarcie avec eux. » La mobilisation a pour but d’ouvrir au public le chantier de restauration.
Le château a été laissé à l'abandon depuis près d'un siècle. « Il ne subsiste aujourd'hui que deux étages du logis. Le toit s’est écroulé dans les années 1950, puis deux cheminées dans les années 2000. » Le propriétaire qui s’était donc entouré de passionnés, a déjà réalisé « plusieurs campagnes de restauration afin de préserver les ruines de l’édifice. Par manque de financement, il ne peut entreprendre les travaux d’ampleur qui s’imposent pour remonter les parties du bâtiment écroulées. Les bénévoles ne suffisent plus. L’intervention de maçons spécialisés est aujourd’hui indispensable afin de poursuivre le chantier. »
Des méthodes qui tranchent avec les techniques d’époque utilisées par le propriétaire : débardage du bois par des chevaux, bois équarri à la hache, matériaux récupérés sur le site, etc. Une fois restaurés, le logis et les écuries permettront de mettre en lumière l'histoire du site et les techniques ancestrales de construction. Les travaux de maçonneries du logis débuteront courant 2025, un an avant la restauration de l'écurie. Les deux chantiers devraient s’achever en 2027.
Un chantier naturel au Parc des Millets de Saint-Didier-en-Donjon (Allier) : 290 000 euros
Le domaine « Les Millets » est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques. Dessiné en 1934 selon les plans du paysagiste Lacarelle de Paray-le-Monial, le parc est un « ensemble rare composé d’un verger, d’un potager clos de murs, d’un jardin à l’anglaise et d’un parc paysager, ainsi qu’en contrebas, de sources, bassins, cressonnières, cascatelles, pont japonais et rocailles. De beaux sujets l’ornent : tulipiers de Virginie, hêtres, charmes et charmilles, pterocarya ou encore robiniers disposés en arc de cercle à l’extrémité du jardin régulier. Le parc possédait un système hydraulique exceptionnel lié aux nombreuses sources qui sera recréé ».
Laissé à l’abandon jusqu’à son rachat en 1999, « le parc a fait l’objet d’interventions ponctuelles pour limiter sa dégradation, mais nécessite désormais une restauration profonde afin d’en assurer la pérennité. A cause des fortes chaleurs et faibles précipitations dues au réchauffement climatique, son patrimoine naturel a énormément souffert. Les ifs meurent les uns après les autres et les buis ont subi les attaques de la pyrale. Suite à plusieurs tempêtes, son patrimoine bâti (rocailles, cascades, pont, bassins et cressonnières) a été très endommagé. Plusieurs arbres centenaires ont fauché et brisé les éléments décoratifs de la rocaille. Les rambardes du pont sont brisées et les bassins fuient à de multiples endroits. Par ailleurs, les sources disparaissent sous les arbres et la végétation. »
Un constat très alarmant qui nécessite d’air vite, pour préserver ce site exceptionnel : « Les travaux consisteront en l'élagage des arbres, la restauration des systèmes hydrauliques et de gestion des eaux pluviales et de la fontainerie, la recréation du massif de la cour des communs et des jardins ornementaux et se termineront avec la restauration du parc paysager, du pont et des cascatelles. » Les travaux seront lancés dès cette fin d’année et se poursuivront jusqu’en 2027.
Avant la fin de l’année, 26,1 millions d’euros seront reversés par l’Etat à la Fondation du patrimoine, issus de la septième édition du Loto du patrimoine de FDJ. Sur cette somme, 7,5 millions d’euros ont déjà été octroyés aux 18 sites emblématiques des régions lors des Journées européennes du patrimoine 2024. Aujourd’hui, c’est une aide globale de 18,6 millions d’euros qui est octroyée aux 100 sites départementaux.