La centrale à charbon de Cordemais connaît un nouveau mouvement de grève depuis le 2 janvier. Mais la production d'énergie pour le grand ouest a repris le 8 janvier, sur réquisition de RTE. Aujourd'hui, l'intersyndicale participe à une réunion de travail avec le ministre de Rugy.
Le débat sur l'avenir des centrales à charbon n'est pas clos. C'est ce que veulent dire les syndicats de la centrale thermique de Cordemais (CGT- CFE-CGC -FO).
Le mercredi 2 janvier 2019, les syndicats ont repris la grève, entamée avant les fêtes. À 6h00 du matin, le maintien à l'arrêt de deux unités de production sur Cordemais a été appliqué.
Un arrêt coordonné au niveau national avec l’arrêt des 4 centrales françaises à charbon (Le Havre, Gardanne, St Avold, Cordemais).
Le but est de peser dans le débat et offrir un avenir aux (futures ex-) centrales à charbon en permettant leur reconversion. Pour les syndicats, celle de Cordemais "peut et doit passer par le projet Ecocombust qui vise à substituer au charbon un combustible alternatif produit à partir de déchets verts et de déchets de bois d’ameublement et de chantier".
Le mouvement de grève est organisé de telle façon à pouvoir gérer, dans la durée, le maintien à l’arrêt des installations : plus de 250 agents travaillant sur le site sont en soutien financier des "agents qui pilotent les installations et permettent par leur grève de bloquer la production."
En grève, sauf si réquisition
Mardi 8 janvier à 18h, les agents grévistes ont été réquisitionnés par RTE pour produire de l'électricité pour le grand ouest.
La légère baisse des températures prévue ce jeudi 10 janvier oblige le réseau électrique du grand ouest à solliciter les 2 unités charbons de Cordemais pour assurer l’équilibre consommation production. Cette réquisition donne, selon les syndicats, raison aux grévistes qui avaient annoncé dès l'automne qu'il serait ''difficile de se passer de Cordemais quand le thermomètre va plonger''.
Les syndicalistes interrogent : "quid du rapport RTE du 15 novembre dernier qui expliquait que nous avions des marges sur le réseau jusqu’au 15 janvier ?" Avec de simples températures hivernales, mais sans excès de froid, RTE est "déjà contraint de réquisitionner les agents de Cordemais pour fournir de l’électricité aux citoyens du grand ouest".
Les organisations syndicales poursuivent en soulignant la difficulté pour RTE de fournir des prévisions à 2 mois fiables, difficulté d’autant plus alarmante que le gouvernement s’est appuyé sur les prévisions à 4 ans de RTE pour confirmer la possibilité de fermer la centrale de Cordemais dès 2022.
La direction de RTE dément
La direction de Réseau Transport d'Electricité dément les affirmations de l'intersyndicale. "Ces accusations sont fausses...en raison d’un mouvement social, la centrale de Cordemais est actuellement à l’arrêt. Cependant, l’indisponibilité simultanée de deux réacteurs nucléaires de Flamanville - une situation inédite en période hivernale-, nécessite le fonctionnement de cette centrale pour assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité de l’ouest."
"Cette situation avait été clairement identifiée comme un risque spécifique par RTE dans son analyse prévisionnelle de l’hiver 2018-2019, présentée en novembre dernier."
"...À compter de la mise en service de l’EPR de Flamanville, 3 réacteurs nucléaires, d’une capacité totale de 4200 MW, seront présents dans le Cotentin. La mise en service de la centrale de Landivisiau et d’un parc éolien en mer renforceront également le parc de production dans cette zone. Le recours au moyen de production de Cordemais ne sera alors plus nécessaire pour assurer la sécurité d’approvisionnement dans l’ouest de la France".
Aujourd'hui, rendez-vous à Paris
En parallèle de cette réquisition, le Ministre François De Rugy convie l’intersyndicale de Cordemais à une réunion de travail ce jeudi à 10h au Ministère sur le sujet de la centrale de Cordemais.
Les personnels, réunis en Assemblée Générale, ont décidé de répondre favorablement à la réquisition et fourniront de l'électricité pour le grand ouest. Mais la bonne volonté des grévistes est soumise à variations.
Les résultats obtenus lors de cette réunion influeront directement sur le mouvement de grève à Cordemais.