Peut-on rééquilibrer la Loire ? C'est l'objet du chantier qui commence ce mercredi 1er septembre sur le fleuve. 42 millions d'euros pour restaurer le niveau d'eau et donner une seconde vie au fleuve royal.
A cimpter de ce 1er septembre, c’est un chantier titanesque qui commence d'abord entre Montjean-sur-Loire et Ingrandes, dans le Maine-et-Loire. Trois ans de travaux pour inverser le cours de l’histoire du fleuve royal. Depuis la fin du 19e siècle, la morphologie de la Loire a en effet été bouleversée par l’intervention de l’homme et le niveau de l'eau ne cesse de baisser. Il est temps de rééquilibrer tout ça. Pour cela, un premier mode d'action : rouvrir les bras secondaires de Loire.
"C'est maintenant ou jamais, explique Claire Pérard, Cheffe du pôle Etudes techniques Plan Loire chez Voies Navigables de France. Aujourd'hui, les bras secondaires se retrouvent asséchés pendant des longues périodes et ils se végétalisent de plus en plus. Mais ils ne sont pas encore fermés. Si on n'agit pas maintenant, la tendance risque d'être irréversible."
Entre Montjean-sur-Loire et Ingrandes, pour que l'eau puisse de nouveau entrer dans les bras secondaires, les épis construits par les hommes au 19ème siècle vont donc être détruits, abaissés ou raccourcis. "Aujourd’hui, les bras secondaires sont alimentés 30 à 50% du temps, poursuit Claire Pérard. Cette tendance pourrait être encore réduite avec le changement climatique (10 à 30% du temps). Avec les travaux, ils devraient être réalimentés jusqu’à plus de 90 % du temps."
Pour mieux comprendre le problème, Voies navigables de France (VNF), maître d’ouvrage du programme de rééquilibrage du lit de la Loire, a élaboré une vidéo explicative. 5 minutes très efficaces qu'on ne peut que vous conseiller de regarder.
Programme de rééquilibrage du lit de la Loire 2021 from Media Pro on Vimeo.
On vous résume :
- en gros, depuis le 19e siècle, l'homme a extrait du sable de la Loire et a construit des épis de navigation pour pouvoir mieux circuler sur le fleuve.
- conséquence : l'érosion s'est accentuée et le niveau de l'eau n'a cessé de baisser.
- pour rétablir la situation, il faut donc détruire ce que l'homme a construit et aider le sable à se redéposer au fond du fleuve.
Trois zones de travaux identifiées
Les travaux qui débutent dans quelques jours ne sont pas improvisés. Ils sont le fruit de plusieurs dizaines d'années de réflexion, en collaboration avec les acteurs locaux. Jusqu'au mois de novembre, ils concerneront le secteur Montjean-sur-Loire/Ingrandes, puis en septembre 2022, ils seront effectués entre Anetz et Oudon, et enfin à partir de septembre 2023, le chantier se concentrera entre Sainte-Luce-sur-Loire et Saint-Julien-de-Concelles (secteur Bellevue).
C'est sur ce dernier secteur que la situation est la plus délicate. Le chantier va consister à construire un ouvrage submersible pour orienter le courant vers le chenal nord de la Loire. L'objectif est de ralentir les écoulements et de favoriser le dépôt de sable au fond de l'eau.
"Pour les épis, on va retirer quelque chose qui a été construit par l'homme, explique Claire Pérard, de VNF. Mais à Bellevue, on va créer un nouvel ouvrage. Est-ce qu'on ne risque pas d'empirer les choses ? On s'est forcément posé la question. Mais on a tout fait pour que ça ne soit pas le cas. Le but, c'est que ce soit quelque chose de positif pour l'environnement."
Afin de limiter les impacts du chantiers sur les milieux naturels, VNF a par exemple prévu une zone optimisée pour s'assurer que la circulation des poissons ne soit pas impactée. Et pour certaines espèces végétales qui vont forcément être impactées par le chantier, le cahier des charges a prévu des mesures compensatoires. Pour le scirpe triquètre ou l’angélique des estuaires, par exemple, les protections de berge installées à Bellevue seront favorables à leur implantation.
42 millions d'euros pour l'ensemble des travaux
Ce chantier colossal a été estimé à 42 millions d'euros. Il sera financé par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne (45%), la Région des Pays de la Loire (30%), les fonds européens (20%) et VNF (5%).