"On ne mesure pas les conséquences de ces artificialisations", un nouveau quartier bâti sur la Méditerranée à Monaco

Nouveau quartier de Monaco, entièrement construit sur l’eau, Mareterra a été inauguré mercredi dernier. Ce chantier unique est vu comme une réponse au défi de l’aménagement en Principauté. Six hectares ont été gagnés sur la Méditerranée, soit un gain de superficie de 3% pour le Rocher.

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Il est présenté par la Principauté comme un projet urbanistique d’envergure exceptionnelle : le quartier Mareterra vient d’ouvrir ses portes aux Monégasques, dévoilant ses 6 hectares de superficie, gagnés sur la mer.

Le quartier répond à la problématique historique de la Principauté : contrainte par un territoire limité et une géographie particulière, entre mer et montagne, elle doit s’adapter pour trouver de la place, en faisant preuve d’imagination et d’ingéniosité.

La principauté de Monaco a cette particularité d’avoir (…) plus de territoire sur la mer que sur la terre.

Thomas Fouilleron, directeur des Archives du Palais Princier

à France 3 Côte d’Azur

Une histoire et des détracteurs

Nombre de quartiers ont vu le jour à Monaco, notamment ceux de Fontvieille ou du Larvotto. Leur construction a permis à la Principauté de gagner 60 hectares de terres sur l’eau, soit un quart de son territoire. Mareterra vient cette année mettre sa pierre à l’édifice.

Néanmoins, depuis que Monaco grignote des parts de Méditerranée, ses détracteurs voient le paysage évoluer et déplorent une "bétonnisation" du Rocher.

Plus de 90% des petits fonds entre 0 et 10 mètres n’existent plus, recouverts, endigués, bétonnés.

Alexandre Meinesz, professeur émérite de l’Université de Nice

à France 3 Côte d'Azur

Le scientifique Alexandre Meinesz lutte depuis des années contre l'expansion du Rocher. "Plus de 90% des petits fonds entre 0 et 10 mètres n’existent plus, recouverts, endigués, bétonnés… On a détruit à jamais un pourcentage important de la zone où la vie était la plus riche" explique-t-il à France 3 Côte d'Azur.

Les associations de défense de l’environnement vont plus loin encore.

Frédérique Lorenzi, qui représente l’association Aspona luttant pour la sauvegarde de la nature, exprime sa révolte : "On ne mesure pas les conséquences de ces artificialisations".

De son côté, Hélène Granouillac, de l’association Terre Bleue, déplore les dégâts sur l'environnement. "C’est criminel pour les espèces, la vie marine et les écosystèmes, on détruit irréversiblement".

Plus qu’un quartier, la volonté d’un écoquartier

Pourtant Mareterra est présenté comme une "innovation en matière d’urbanisme et de construction durable".

Ce modèle, voulu par le Prince Albert II, devrait atteindre la neutralité carbone en 2050 et préserver la faune et la flore marines locales, chères au Prince. La phase de réalisation a d’ailleurs été l’occasion de décontaminer les sédiments du port dans une usine Varoise.

Afin de construire sur l’eau de manière raisonnée, biologistes marins, plongeurs et experts scientifiques ont été mobilisés pour déplacer et suivre les espèces locales (posidonie, grandes nacres…) qui pourront désormais coloniser l’assise sous-marine de Mareterra. Une évolution qui sera surveillée de près, assure la Principauté.

Le quartier, entièrement piéton, abrite enfin des espaces verts et un parc de près d’un hectare. Mareterra est notamment doté de 5 000 m2 de panneaux solaires et de systèmes de récupération des eaux de pluie.

Un chantier européen

Plus de 300 entreprises sont intervenues sur le chantier, issues de 40 pays différents. C’est à Marseille, en 2018, qu’ont été construits les 18 caissons en béton transportés jusqu’à Monaco puis assemblés sur place pour former une ceinture destinée à protéger contre la houle et les éléments. Une opération d’envergure puisque chaque bloc pèse 10 000 tonnes.

Le granulat calcaire qui compose le remblai d’assise sous-marin à ces blocs, lui, est issu d’une carrière basée à Châteauneuf-les-Martigues (Bouches-du-Rhône).

Les arbres des espaces verts viennent, eux, d’Italie.

Mareterra en chiffres

  • Coût total : 2 milliards d’euros
  • 300 entreprises et 4000 personnes mobilisées sur la construction
  • 6 hectares de superficie gagnés sur la Méditerranée
  • Plus de 3 hectares d’espaces privés, 124 logements
  • Près de 3 hectares d’espaces publics comprenant des espaces verts, des commerces et lieux culturels, un port de plaisance et un parking
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