Christiane Lambert a un regard lucide et aiguisé sur l'évolution de la place des femmes dans l'agriculture. Son accession à la présidence de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles (FNSEA) n'est pas un hasard, sans doute. C'est aussi un levier.
Un héritage logique
C’est une histoire de famille. De père et mère en fille. Un métier qu’elle découvre et aime petite fille. "J’ai toujours beaucoup apprécié le métier d'agriculteur, mes parents l’étaient. Ma maman travaillait sur l'exploitation et je la suivais partout. Vivre dans une ferme ça joue énormément".Pour autant Christiane Lambert est bien placée pour souligner l’évolution de la condition des femmes dans ce secteur particulièrement avec la notion de libre choix et l’apparition d’un véritable statut. "Chez nous Maman travaillait beaucoup parce que mon Papa avait un métier à l'extérieur pour faire bouillir la marmite ; la ferme était petite et les deux étaient très impliqués. Aujourd'hui ça a changé parce que les femmes agricultrices choisissent vraiment ce métier, ce n'est plus un métier subi c'est vraiment un métier choisi. Elles ont la responsabilité d'ateliers de production et très souvent aussi des tâches administratives. Une vraie professionnalisation des agricultrices s'est produite."
Le parcours de Christiane Lambert est exemplaire à bien des titres. Cette femme de 56 ans s’est impliquée très jeune dans l’action collective en adhérant à 19 ans au mouvement des Jeunes Agriculteurs. Il s’agissait pour elle "d'inscrire son installation dans un territoire et une réflexion collective et puis ayant quitté le milieu étudiant peu de temps assez tôt (après son BTS, NDLR) j'avais besoin d'être de nouveau au contact, d'échanger et ne pas rester isolée dans une exploitation".J'avais besoin d'être de nouveau au contact, d'échanger et ne pas rester isolée dans une exploitation
► Le reportage de notre rédaction en mars 2017
Des expériences singulières
Les femmes se sont organisées avec le temps. Pour partager des expériences singulières."Les agricultrices ont créé des groupes de développement. Une commission nationale agricultrice a même été constituée au sein de la FNSEA. Les femmes aiment se retrouver entre elles aussi pour partager des problématiques liées au travail, des problématiques psychiques et physiques, l'accompagnement des enfants, la formation continue pour rester dans le coup."
Un choix de caractère
L’aspect nature et le rapport aux animaux est évidemment essentiel. Mais contrairement aux idées reçues, l’agriculture est une activité en mutation permanente et c’est justement ce mouvement qui plait à cette femme de caractère. La part de risque aussi."J'aime l'initiative, la prise de responsabilité, le fait qu'on renouvelle régulièrement des choix, des décisions. Ce n'est pas un métier de routine. C'est un métier où l'on décide tous les jours, tous les matins, plusieurs fois par jour."
D’ailleurs si elle n’avait pas embrassé cette profession, elle serait restée dans des secteurs connexes. "Vétérinaire ou conseiller gestion en agriculture."