Amélie Benesteau est institutrice à Nantes. Dès le début du confinement, elle s'est posée la question de comment parler du coronavirus avec sa fille de 5 ans. Elle a décidé d'en faire une bande dessinée "Doudou et sa Lisette restent à la maison".
"Mes enfants perdent leur gaïeté", "Ils refusent de manger", "Ils dorment mal". C'est en recueillant les témoignages de plusieurs parents de copains et copines de sa fille Juliette, 5 ans, qu'Amélie Benesteau a eu l'idée de publier sa bande dessinée. Elle raconte l'histoire d'un "vilain virus [qui] circule dans le monde entier. Les doudous qui l’attrapent ont de la fièvre, toussent beaucoup et ont parfois du mal à respirer. "Au début, la petite fille a eu l'impression d'être en vacances, mais au fur et à mesure, "elle s'est rendue compte qu'elle ne pouvait plus voir ses grands-parents et que plusieurs fêtes de famille étaient annulées". Pendant le week-end de Pâques, Amélie entend sa fille jouer avec ses personnages et mettre en scène une réunion de famille.
Elle utilise alors une autre bande dessinée pour lui parler : Coco Virus, des illustrations créées sur les réseaux sociaux par Marguerite de Livron, une psychomotricienne et Paul, son frère ingénieur. "Ça l'a aidée à comprendre pourquoi elle ne pouvait pas aller voir ses grands-parents."
Rassurer les enfants et les parents
Expliquer à ses enfants la situation inédite que nous vivons, ce n'est pas toujours simple. Le réseau de psychologues Les pâtes au beurre, a mis en place une permanence d'appel depuis le début du confinement. Tous les jours, des psychologues répondent aux questions de parents de plus en plus inquiets.La fondatrice de ce réseau, la psychologue nantaise Sophie Marinopoulos raconte qu'au début, il y avait beaucoup de questions organisationnelles: comment faire l’école, comment télétravailler, comment faire pour que chacun trouve sa place. "Et puis, explique-t-elle, petit à petit, on a vu apparaître un mal être tant du côté des parents que du côté des enfants. Certains parents ont du mal à comprendre le comportement de leurs enfants."
Pour elle, il faut surtout adapter son comportement à l'âge de son enfant. Si les bébés ne sont pas en âge de comprendre par exemple, ils sont très sensibles à l'état émotionnel de leurs parents. "Il faut donc se sentir apaisé lorsque l'on parle à son bébé. Il a besoin de voir que son parent va bien".Ce qui est important, c'est qu'il n'y a pas de recette, il n'y a pas une manière d’être un parent confiné - Sophie Marinopoulos
Entre 3 et 5 ans, les enfants commencent à faire marcher leur pensée. Il est donc possible de leur parler du coronavirus. "Ils ont des modes d'appréhension qui vont leur permettre de l'intégrer dans leurs jeux". C'est là qu'entrent en scène certains supports comme les bandes dessinées ou les vidéos, comme celle-ci produite par la Coopérative nationale de l’information indépendante au Québec.
"Nos petits philosophes"
Pour les enfants déjà à l'école primaire, le principal conseil donné par Sophie Marinopoulos, c'est de "suivre leur pensée, de ne pas la devancer". À cet âge là, les enfants raisonnent et les grands thèmes de la vie les passionnent. "Ce sont nos petits philosophes", sourit la psychologue.Si les parents se sentent dépassés, il ne faut surtout pas hésiter à faire appel à un tiers. "Les situations les plus compliquées, explique-t-elle, c’est quand il y a une montée en puissance de la violence. Expliquer les choses, parler à quelqu'un d'extérieur, ça aide à apaiser les choses, on se sent moins en colère et ça va avoir des effets bénéfiques sur les relations familiales."
Des psychologues disponibles 6 jours sur 7
Le réseau des "Pâtes au Beurre" est joignable du lundi au vendredi de 9 heures à 21 heures.Et le samedi de 9 heures à midi.
Vous pouvez appeler le numéro suivant : 02 40 16 06 52