La Loire, dernier fleuve sauvage de France, regorge de bancs de sable et autres obstacles. D’Angers à Nantes, les équipes des voies navigables de France assurent au quotidien les opérations de balisage pour sécuriser la navigation. Un programme est en cours pour redonner au fleuve sa dynamique.
La Loire n’a plus de secret pour eux. Les marins du baliseur "Michel Pineau", scrutent l’horizon à l’affut du moindre banc de sable émergeant de la surface du fleuve.
Car cet été, la Loire est particulièrement haute en raison des fortes pluies du printemps et un été qui se fait attendre. Le mois de juillet 2021 est le mois le plus humide depuis 40 ans, selon le GIP Loire Estuaire, chargé du suivi environnemental de la Loire, de la Maine à la mer.
En ce début de mois d'août, le niveau de la Loire commence enfin à baisser et les hommes du "Michel Pineau" sont en pleine activité.
"On va partir baliser, c’est-à-dire que l’on va rechercher les bancs de sable qui peuvent gêner la navigation et on va positionner une bouée, comme dans cet alignement", explique Hervé Couet, membre de l'équipage.
C'est grâce à eux que les plaisanciers peuvent naviguer en toute sécurité sur une centaine de kilomètres de Bouchemaine à Nantes.
Car la Loire n’est pas un long fleuve tranquille. Elle regorge d’obstacles, notamment des épis, des ouvrages construits tout au long du XXe siècle pour concentrer les écoulements de la Loire l’été, lorsqu’il y a peu d’eau et permettre ainsi la navigation. Entre Angers et Nantes, on en décompte près de sept cent.
Des constructions humaines remises en question
Mais ces ouvrages, associés à une extraction très importante de sable ont provoqué l’érosion du fleuve.
"La Loire a érodé le fond de son lit et s’est enfoncée. A Nantes, elle coule aujourd’hui quatre mètres plus bas qu’au début du vingtième siècle, et ces épis qui fixent les écoulements sur la Loire l’empêchent d’avoir une mobilité naturelle", explique Séverine Gagnol, responsable de l'Unité Territoriale Loire (Voies Navigables de France).
"Aujourd’hui le fond du lit est très profond et des bras secondaires sont perchés plusieurs mètres au-dessus. On a finalement créé un dysfonctionnement morphologique de la Loire qui a des conséquences négatives sur son environnement. Elle n’est plus aussi naturelle et dynamique", poursuit Séverine Gagnol.
Afin de redonner à la Loire "une liberté pour façonner son lit et son environnement", un programme d'actions, mené sur trois ans, débutera en septembre prochain. Plus d'une centaine d'épis vont être abaissés, raccourcis et pour certains supprimés.