Dauphins échoués sur la côte Atlantique, bientôt sauvés par la recherche ? 

Chaque année, dauphins et autres mammifères marins sont retrouvés échoués sur les plages de la côte atlantique. Si la pêche se révèle être la première cause d'échouage, pêcheurs et scientifiques collaborent pour éloigner les cétacés de leurs filets. 

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Du Finistère aux Pyrénées-Atlantiques en passant par la Vendée, 44 dauphins communs ont déjà été retrouvés sur les plages de la côte Atlantique depuis le début de l'année 2020. Une situation alarmante, bien qu'elle ne soit pas nouvelle et régulièrement dénoncée par les associations de défense des animaux comme Sea Shepherd

L’hiver, les fortes périodes de pêche engendrent de réelles hécatombes sur les plages. En 2019, ils étaient presque un millier sur le littoral, mais l’observatoire Pelagis estime à 11 500 les morts accidentelles en mer. 


La pêche, unique coupable ? 

La pêche au chalut pélagique consiste à jeter en haute mer un filet : le chalut. Dans le golfe de Gascogne, les navires fonctionnent souvent par paire, leur permettant de capturer de nombreux poissons en une prise et par banc homogène. À l’aide d’un sondeur, les chalutiers repèrent les bancs de poissons.

Le dauphin, pour manger, fait un travail équivalent à l’aide de son écholocalisation. Il n’est donc pas rare que bateaux et dauphins se retrouvent en eaux profondes.

La profession constate depuis plus d’une décennie l’augmentation de ces mammifères marins autour de leurs bateaux. Ils remarquent également un nombre recrudescent de cétacés dans leurs filets. Attirés par les bancs de poissons, ces derniers sont happés dans le lot par le chalut.

Plus de dauphins dans les zones de pêche

Perrine Ducloy, chargée de projet sur les questions de captures accidentelles pour le Comité National des pêches maritimes et des élevages marins précise : "ce qui est assez étonnant c’est que sur les trois dernières années, à priori il n'y a pas eu de modifications notables des activités de pêche. On ne comprend pas pourquoi d’un coup, il y a eu une explosion par rapport à 2016. Un phénomène nous est beaucoup rapporté par les pêcheurs, c'est qu’ils voient beaucoup plus de dauphins sur leurs zones de pêche qu’avant", mais aujourd'hui les scientifiques ne savent pas en expliquer la raison. 

Dans les filets, ils peuvent se blesser gravement, pire y mourir asphyxiés, faute de pouvoir remonter à la surface. S’ils sont capturés, les pêcheurs ont l’obligation de les rejeter à la mer. "Les dauphins sont une espèce protégée donc le transport est interdit, personne n’a le droit de les récupérer, de les garder, que ce soit en mer ou à terre" explique Perrine Ducloy. 

S’ils ne coulent pas, leurs carcasses viennent parfois s’échouer sur nos plages. "On estime que 20 % des carcasses s’échouent, mais c’est la variable sur laquelle on a le plus d’incertitudes." Pour mieux comprendre le phénomène, l'Observatoire Pelagis et le CNPMEM ont mis en place le marquage des carcasses.

Des bagues sont distribuées à bord des navires de pêche et la profession est incitée à marquer les mammifères. "C'est un système qui permet, quand ils sont retrouvés échoués, de savoir où a eu lieu la capture, nous permettant d’améliorer les connaissances sur la dérive et sur l’estimation du nombre de captures."  

Des ondes dans les filets 

Le nombre de dauphins communs capturés accidentellement augmente. Selon l’Observatoire Pelagis, la situation est dangereuse pour leur population, “un taux de mortalité lié aux activités humaines dépassant 1,7% n’est pas soutenable pour une population de petits cétacés. Dans l’état actuel des connaissances, le taux de mortalité pour le dauphin commun dans le golfe de Gascogne est, depuis plusieurs années, supérieur à ce seuil.”

En 2019, une première expérience a été menée par les pêcheurs de Bretagne, l’Observatoire Pelagis et l’IFREMER : le projet Pingers à Cétacés. Des répulsifs acoustiques sont placés sur les chaluts, l’objectif est d’éloigner les dauphins. Une stratégie efficace, pourtant inexpliquée : "les scientifiques ne savent pas exactement par quel moyen ou phénomène ça les repousse, ils savent juste que ça fonctionne et que cela évite qu’ils se prennent dans les engins de pêche" s'étonne Perrine Ducloy. 

Ce système n’est pas perçu par les poissons et n’a pas d’impact sur la pêche. "À priori, ça n’aurait pas d’effet sur le reste de la faune marine. La quasi totalité des poissons ne sont pas du tout sensibles aux mêmes gammes de fréquences. L’Homme ne perçoit pas ces fréquences là et la plupart des poissons non plus." C’est une réussite selon Pelagis, le nombre de cétacés attrapés par erreur dans les filets de pêche aurait diminué de 65 % sur les chalutiers pélagiques. Ces derniers sont désormais complètement équipés de pingers.

Malheureusement, ces résultats encourageants n’ont pas fait suffisamment diminuer le nombre de morts. Si les chalutiers pélagiques étaient les premiers pointés du doigt, "les chiffres ont montré que ces navires là étaient responsables d’à peu près 4% des captures accidentelles, il y a donc d’autres flottilles impliquées dans le phénomène", notamment les fileyeurs. Ils seront étudiés cet hiver et équipés à leur tour de pingers. 
 

Objectif zéro capture : pêcheurs et associations mobilisés

Si les pingers ont fait leur preuves, ils ne sont pourtant pas efficaces à 100%.

Le projet LICADO, "Limitation des captures accidentelles de dauphins communs dans le Golfe de Gascogne" s’attelle depuis cette année et pour trois ans à mieux comprendre le processus de capture et le comportement des cétacés pour éviter leurs prises.

Un défi compliqué selon Perrine Ducloy, "ce sont des pratiques qui sont tellement diverses, on ne sait pas qui est responsable, on ne sait pas quand est faite la capture donc on ne sait pas les circonstances de la capture et donc on a du mal à trouver les bonnes solutions."

Parmi elles sont proposées, notamment pour les chalutiers déjà équipés de pingers, les ondes directionnelles. Déclenchées en cas de détection de présence de dauphins, elles ont pour objectif d’empêcher leur accoutumance aux nuisances sonores.

Un autre dispositif s'interesse aux filets employés par les pêcheurs, dont on soupçonne qu’ils ne sont pas détectables par les dauphins. Des réflecteurs acoustiques, placés sur les filets, permettraient aux dauphins de les percevoir grâce à leur écholocalisation. Les conclusions du projet LICADO seront rendues en 2022. 

Un Plan National d’Actions pour la protection des Cétacés, préparé par le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire, est actuellement en cours d’adoption.

L'an passé, 928 dauphins ont échoué sur le littoral Atlantique.
 
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