17 mai ou pas? Selon le Canard Enchainé Roselyne Bachelot aurait obtenue la réouverture "simultanée" des lieux culturels dont les cinémas. Les responsables des salles obscures de la région restent prudents, d'autant que les modalités progressives de cette réouverture compliquent la donne.
"Ca m'hallucine", Caroline Grimault, directrice du Katorza à Nantes ne mâche pas ses mots.
Pour l'instant seule certitude sur la réouverture des salles de cinéma elle se fera de manière progressive, selon la Fédération nationale des cinémas français citée par nos collègues de FrancetvInfo.
Trois étapes avec une jauge de 35%, puis 65% et 100%, avec trois à quatre semaines de délai pour passer de l'une à l'autre.
"La très très grosse interrogation c'est le couvre-feu" détaille la responsable de ce cinéma art et essai de 6 écrans du centre-ville de Nantes qui vient de fêter son centenaire.
"Avec un couvre-feu maintenu à 19h c'est quand même très très compliqué de réouvrir" avance-t-elle.
Malgré cette impossibilité de maintenir les séances du soir le temple de la cinéphilie nantaise rouvrira bien ses portes dés que cela sera possible légalement.
"Economiquement ce n'est pas viable mais on préfère être aidé pour réouvrir qu'être aidé pour rester fermé" termine la directrice du Katorza, échaudée par le faux espoir d'une réouverture au 15 décembre dernier.
Une réouverture d'accord, mais avec quels films à l'écran?
"Je pense que les distributeurs de films qui ont laissé de l'argent dans l'ouverture avortée du 15 décembre ne vont pas aller tout de suite à fond dans leur rôle pour des salles à 35% en jauge et avec un couvre-feu", prédit Caroline Grimault.
La responsable du Katorza pense reprogrammer les films qui étaient déjà à l'affiche avant le dernier confinement "dont certains n'ont été exploités que deux jours comme "Adn" de Maïwenn, "Garçon Chiffon" ou encore des films qui ont encore un potentiel de spectateurs comme "Adieu les Cons" et "Une vie secrète" programmé dans le cadre du Festival du Cinéma Espagnol de Nantes".
C'est aussi précisément la difficulté : planifier les futurs festivals.
Après s'être déroulé virtuellement pour cause de Covid au mois de mars dernier le Festival du Cinéma Espagnol comptait fêter dignement ses 30 ans à travers une "édition physique" au mois de mai et juin prochain, notamment au Katorza.
"Le premier des trois week-ends de la manifestation (les 21 et 22 mai, NDLR) est en point d'interrogation, à l'heure actuelle on ne sait pas s'il peut avoir lieu" précise Caroline Grimault.
Le Katorza a une capacité d'accueil globale de 900 sièges sur ses 6 salles.
Une réouverture envisagée à 35% dès le 17 mai selon les informations du Canard Enchainé, cela veut dire 108 spectateurs maximum dans la grande salle.
Le Beaulieu espère mieux
Le cinéma associatif Le Beaulieu situé à Bouguenais près de Nantes a une problématique différente.
"On a une grande salle unique de 332 places" détaille sa directrice Elise Guignard, " un tiers ça fait une centaine de spectateurs, on sera certainement en dessous de cette fréquentation pour la reprise".
L'équipe du cinéma s'était mobilisé le 14 mars dernier pour réclamer la réouverture des salles.
La programmation du Beaulieu se partage entre films grand public, art et essai mais aussi une grosse partie pour le jeune public.
Son "Festival Jeune Public" devait justement accueillir plusieurs centaines de cinéphiles en culotte courte lors de sa vingtième édition prévue l'hiver dernier.
"On s'est pas mal battu pour réouvrir aux scolaires au mois de novembre dernier. C'est un peu tard maintenant pour tenter de remettre le couvert, c'est dommage!" se désole Elise Gaignard.
Exceptionnellement Le Beaulieu, cinéma associatif qui fonctionne grâce à une équipe de bénévoles, est resté ouvert tout le mois de juillet dernier.
Mais cette année la fermeture habituelle de la mi-juillet à la fin août se profile "d'autant qu'on a des travaux de réfection de notre chaufferie à faire" termine la directrice du Beaulieu.
Les 400 coups tiennent le coup
Autre temple de la cinéphilie régionale, le cinéma Les 400 coups à Angers.
Sa directrice n'attend que le feu vert gouvernemental pour rouvrir ses 7 salles.
Isabelle Tarrieux estime qu'il faut une date officielle rapidement car "il faut une quinzaine de jours pour remettre un cinéma en route. Le temps de préparer la programmation, le personnel et de remettre le batiment en état de marche"
Comme d'autres cinémas Les 400 coups s'est mobilisé pour réclamer la réouverture des cinémas fermés en mars dernier, y voyant même "une atteinte à la liberté d’expression et de création des artistes".
Son fondateur Claude-Eric Poiroux, également président du festival Premiers Plans estime que cette date du 17 mai est peut-être une fausse bonne idée.
On craint que cette bonne intention soit un peu prématurée
Et d'expliquer : "Il y a 400 films qui dorment sur les étagères des distributeurs, donc on risque d'être submergé à la reprise avec 20 films à montrer par semaine" .
Au passage celui qui est également le président du festival des premiers films européens qu'est Premiers Plans se félicite de la part réservée par défaut aux films nationaux car les grosses productions américaines vont attendre "d'avoir plus de certitude au niveau européen", explique Claude-Eric Poiroux.
Le créateur du festival Premiers Plans se veut rassurant sur la deuxième version de son festival qui s'est déroulé de manière virtuelle au mois de janvier 2021.
"La deuxième version doit commencer la dernière semaine du mois de mai" détaille Claude-Eric Poiroux.
Ce sont essentiellement des séances scolaires avec déjà prés de 2000 réservations effectuées mais "cela peut s'organiser en matinée donc c'est plus facile pour trouver des salles sur Angers".
Un deuxième grand rendez-vous est prévu du 2 au 6 juin 2021 à Paris au Forum des Images autour de Chantal Ackerman.
Reste là aussi à connaitre les décisions gouvernementales, avec une difficulté supplémentaire en cas de réouverture régionalisée.