Le futur catamaran de la société Atlantique Scaphandre naviguera en juin 2021. Le chantier naval sablais Ocea lance actuellement la construction de ce bateau de travaux maritimes et sous-marins. Un armement haut de gamme permettra d'arborer tous les labels internationaux de travail en haute mer.
En plein déconfinement et brouillard économique sur la santé des entreprises, voici une nouvelle encourageante pour l'industrie régionale et la filière maritime offshore : un bateau neuf de haute technicité va être construit à Fontenay le Comte et aux Sables d'Olonne.
Quel bateau pour quel client ?
Le Nanoplon vient d'être conçu et designé chez Ocea, chantier naval vendéen qui s'apprête à lancer la construction de ce catamaran de 26,80 m de long destiné aux travaux maritimes et sous-marins au large (offshore).
L'entreprise commanditaire est la société Atlantique Scaphandre, connue en Vendée et bien au-delà, car déjà propriétaire de plusieurs bateaux évoluant dans tout le Golfe de Gascogne, le Miniplon, le Plon Plon et le Maxiplon.
Le Nanoplon est un navire polyvalent, à deux coques, apte à répondre aux besoins de travaux maritimes et sous-marins, mais il répond également à toute une liste d'exigences maritimes internationales en matière de capacité et surtout sécurité dans le travail au large.
Et c'est David Bossard, patron d'Atlantique Scaphandre, qui nous décrit celui qui a déjà un nom mais pas encore de coque : le Nanoplon.
C'est un bateau construit localement par une entreprise française, pour une entreprise française. On a osé le pari de l'avenir, c'est un bateau au top pour travailler aux champs!
Entendez les champs éoliens.
''Cela fait six ans qu'on travaille dans la perspective des champs éoliens, au niveau des pré-études.'' explique le patron-plongeur. ''Vents, houle, courants, accoustique, on a travaillé sur plusieurs paramètres spécifiques à l'éolien en mer. On avait un protocole, un cahier des charges pour ces études. Mais là, avec le chantier du parc éolien au large du Croisic, le premier en France, on change de catégorie. Avec la mise en chantier, on est obligé d'avoir tous les labels internationaux de la filière à bord du Nanoplon.''
Des labels comme IMCA® (INTERNATIONAL MARINE CONTRACTORS ASSOCIATION - association commerciale internationale de premier plan pour l' industrie maritime).
Les opérateurs industriels des parcs éoliens marins ont tellement attendu l'ouverture de ce secteur au large des côtes de France que, sur les chantiers qui se lancent en ce moment, ils mettent la barre très haut en matière de sécurité.
''Notre catamaran bénéficie d'un caisson hyperbare. Il n'y a pas mieux. En cas d'accident de plongée, l'avoir à bord nous permet d'intervenir immédiatement en plaçant le plongeur dans le caisson, ce qui réduit considérablement les risques de décès et même de séquelles''.
Quand on sait que le caisson hyperbare à terre le plus proche se trouve à Angers, on mesure la confiance qu'inspire un tel équipement à bord.
A bord du Nanoplon, les plongeurs actuels ou en cours de recrutement sont des marins-techniciens ultra-confirmés qui recevront en plus une formation nommée ''diver medic'', un bagage ''secourisme'' élargi et adapté à la plongée sous-marine.
Un investissement conséquent
Atlantique Scaphandre voit, depuis sa création en 2004, sa charge de travail augmenter et se diversifier. En plus des travaux maritimes côtiers ou portuaires, cette société a acquis un savoir faire reconnu en matière de travail au large.
Le Nanoplon est un catamaran (navire à deux flotteurs), il a donc plus de stabilité à la mer et permet ainsi un travail plus étalé sur l'année. Il est doté d'un système géostationnaire et, par satellite, peut maintenir sa position grâce à une connexion directe entre le GPS et le moteur du bateau. Une faculté nécessaire pour des travaux en parc éolien.
L'autre partie importante de l'investissement réside dans le facteur humain. Aux dix plongeurs actuels, vont s'ajouter cinq ou six autres supplémentaires sans oublier les marins, capitaine ou membres d'équipage. La formation est également mise en avant, le but étant d'avoir un bateau armé d'un équipage et de plongeurs aptes à répondre à tout moment aux appels d'offres français et étrangers.
Bateau, caisson hyperbare, formation, recrutement, création d'une société dédiée, l'investissement total se monte à près de 8 millions d'euros.
La société de David Bossard travaille déjà en sous-traitance dans l'acheminement des câbles sous-marins du parc au large de Saint-Nazaire. Quant au parc lui-même, Atlantique Scaphandre opèrera pour l'armateur français Louis Dreyfus, chargé de l'installation des câbles et de leur ralliement au continent. Une situation professionnelle qui a permis à l'armateur vendéen d'obtenir et la confiance et l'argent des banques
Nous on a osé, on s'est lancés, à ceux qui ont fait des annonces de tenir leurs promesses - David Bossard, patron d'Atlantique Scaphandre
Le 31 mai 2021, le Nanoplon appareillera des Sables d'Olonne, son lieu de naissance, vers l'île d'Yeu, son port d'attache. Mais David Bossard a tellement travaillé à la conception de ce bateau, aux côté de l'équipe design d'Océa qu'il est presque déjà à bord.
D'ici là, Ambre Giboteau et David Bossard, les responsables d'Atlantique Scaphandre, espèrent bien gagner la confiance d'autres opérateurs de champs éoliens. A commencer par le plus proche d'entre eux après Le Croisic, celui des îles d'Yeu et Noirmoutier. Un travail à leur porte.
''Les élus nous ont encouragés à nous lancer. ''Investissez, investissez!'' nous ont-ils répété. C'est ce qu'on a fait. Maintenant, ça va être à eux de tenir leurs promesses, de jouer la carte des entreprises françaises qui auront investi.'' répète David Bossard qui n'imagine pas ce marché à proximité lui échapper.
Et le travail sur ces deux champs éoliens pourrait apporter le crédit suffisant à l'entreprise vendéenne, dotée de son futur Nanoplon, pour convoiter des chantiers à l'étranger.
Caractéristiques du Nanoplon
Nom : Nanoplon
Bateau : bateau polyvalent de travaux maritimes et sous-marins type OCEA OSV CAT 85.
Armateur : Atlantique Scaphandre - Les Sables d'Olonne
Chantier naval : Ocea - Les Sables d'Olonne
Port d'attache : Ile d'Yeu - Vendée
Dimensions : longueur : 26,80 m, largeur : 10,30 m
Propulsion : diesel électrique (coûteux au départ mais très économe en carburant)
Equipement : 2 grues (80t.m et 16t.m), un treuil de 24 tonnes, le NANOPLON
Missions : Travaux sous-marins par scaphandriers et/ou ROV (robot sous-marin télé-opéré), Travaux maritimes divers (balisage, ancrage, etc.), Assistance sur les travaux des éoliennes en mer, Assistance sur les travaux de câbles d’alimentation électrique sous-marins, Survey, campagnes scientifiques, Remorquage, sauvetage de biens