Cette fin de semaine, ce jeudi ou ce vendredi, la Fédération Française de football doit entériner sa décision d’une poursuite ou d’un arrêt des championnats nationaux, de la N1 à la N3, et faire connaître les modalités de cette décision.
L’hypothèse d’une fin de saison avant son terme tient la corde pour ces championnats, équivalents des 3e, 4e et 5e divisions. Les championnats de Ligue 1 et 2, supervisées par la Ligue de Football Professionnel, ne sont pas concernés.
C’est la ligne de tous les acteurs du foot ligérien que nous avons contactés. L’important est ailleurs. Il n’en demeure pas moins qu’il est temps que soit tracée une ligne d’horizon. Avoir un but, en période de confinement, cela peut aider.« Il n’y a pas que le football dans la vie »
National, où il est question de huis clos, de jardin, d’entretien
En National, quelle que soit la décision de la FFF, Cholet (12e) et Laval (10e) n’ont ni espoir de montée, ni crainte d’une descente. Cela n’empêche pas le président du Stade Lavallois d’avoir une préférence.« Quiconque a déjà joué un match à huis clos n’a qu’une idée… l’oublier » argumente Philippe Jan, partisan d’un arrêt du championnat. A ses yeux, le football est le même pour tous, professionnels ou joueur U7 et le dirigeant ne supporte pas l’idée d’obliger les supporters des Tangos à rester confinés les soirs de match à Francis-Le-Basser. Trop de questions sans réponses, selon lui, si la saison devait reprendre « quel transport pour les joueurs ? pour aller dans quels hôtels, quels restaurants ?... ».
Pour les joueurs, tout ce qui concerne les transferts, les mutations, les prêts, les congés, est organisé, contractualisé avec une date butoir fixée au 30 juin. Si le championnat devait reprendre (et inévitablement être prolongé en juillet), un décret s’avèrerait nécessaire prolonger des contrats. A Laval, l’épidémie et le confinement ont conduit le club à avoir recours au chômage partiel pour une quarantaine de salariés permanents. Chômage partiel également pour les joueurs et arrêt de travail pour les blessés.
« Quoiqu’il arrive, la politique du club est de mettre les joueurs dans les meilleures conditions possibles » assure Philippe Jan « qu’il s’agisse de créer du lien en période de confinement ou de maintenir un rapport de confiance pour l’avenir, que le joueur soit conservé ou pas, ou qu’il choisisse de partir de lui-même ». Le confinement n’empêche pas les discussions, des contacts, des approches de recrues potentielles sur la base d’une pré-liste établie par le staff en vue de la saison prochaine, par-delà les nombreuses incertitudes.
« S’entretenir, courir, gérer au mieux comme s’il y avait quelque chose à faire et puis j’ai trop le goût du sport, de l’effort ». Ainsi passent les journées de confinement de Kevin Malaga, défenseur du SO Cholet depuis 2018, accaparé également par sa fille, pour son plus grand plaisir « Et puis j’ai une maison, un jardin, je mesure ma chance ». A 32 ans, en fin de contrat avec le S.O.C, il est confiant dans ses chances de trouver un club la saison prochaine. « Plus jeune et avant d’être père, les enjeux étaient tout autre au moment de signer un contrat pro à Auxerre ou en Angleterre » reconnaît-il.
« Pour la suite, je suis positif » complète Antony Robic, l'attaquant du Stade Lavallois...A fond positif
« A fond positif, même si à 34 ans, on peut être moins rassuré et qu’être père amène aussi plus de responsabilités quand on déplace sa famille » au gré des contrats, au fil des saisons. Alors que les footballeurs cachent mal leur aversion pour la course à pied sans ballon, mal nécessaire lorsqu’il s’agit de garder le rythme hors compétition, l’attaquant lavallois réalise « franchement, plus tu cours, plus tu prends plaisir à le faire ».
Anthony Robic sur le compte Instagram du Stade Lavallois
L’ancien nancéen a un confinement des plus actifs avec deux enfants en bas âge, une formation en cours et l’entretien physique quotidien « pour être prêt au cas où… ».
Puisque la question leur est posée, Antony Robic et Kevin Malaga peuvent bien le reconnaître « elle manque, cette adrénaline de la compétition ». Mais les deux joueurs relativisent, disent faire la part des choses en pensant à ceux qui n’ont même plus de temps pour le repos et leurs proches.
Evidemment, en sa qualité de dirigeant, préoccupé aussi par les questions de budget, les charges fixes qui restent, les recettes de billetterie qui font défaut, les entreprises-sponsors fragilisées qui sollicitent des remboursements, Philippe Jan trouve que « c’est trop long », cette attente d’une décision de la Fédération. Dans le même temps, à l’attention des dirigeants de cette même FFF, il dit « son respect, sa compréhension, sa confiance… et bon courage !» au regard de la complexité de la tâche.
La Roche-sur-Yon vs Châteaubriant, un match dans le match
En Nationale 3, cet arrêt prématuré de la saison ne permet pas de dire qui de La Roche-sur-Yon ou Châteaubriant va monter en Nationale 2. Après 18 matches joués sur 26 prévus, les Yonnais sont leaders de la poule et devancent les castelbriantais d’un point. Mais les Voltigeurs ont disputé un match en moins. La situation étant inédite, impossible de se référer à un quelconque règlement.Alors chaque club avance ses arguments. L’entraîneur de Châteaubriant souhaite « que cela repose sur une règle équitable, que la Fédé trouve la bonne combinaison ». Papy Leye se veut porte-parole d’une équipe constituée pour moitié de joueurs formés au club, leader du championnat avant de disputer ce 18e match finalement reporté. Aussi, il suggère d’opter pour « un quotient de points par match joué ». Avec 17 points en 41 matches, soit un quotient de 2,4, Châteaubriant devance La Roche et prendrait l’ascenseur pour le championnat de Nationale 2.
« Une formule mathématique ne doit pas trancher, ce serait une aberration totale » pense Charles Devineau. L’entraîneur yonnais préconise « le classement à l’issue des matches allers ou le résultat de la confrontation directe entre les deux équipes (La Roche s’était imposé 1-0 à Chateaubriant fin Novembre) ou bien encore la différence de buts ». Des formules à l’avantage de l’équipe vendéenne.
Après les 2 entraîneurs insistent sur le fait que la priorité demeure la lutte contre l’épidémie, bien conscients que s’il faut parler football et imaginer la saison prochaine, cela ne peut se faire que dans un deuxième temps. Et s’ils reconnaissent vivre dans un esprit de compétition sur le banc, Leye et Devineau réfutent toute animosité réciproque. Au contraire. En qualité de coach, ils aimeraient juste pouvoir téléphoner à leurs joueurs en étant porteurs d’une bonne nouvelle, la montée, la récompense des efforts consentis cette saison.
« Avec le système par quotient, les deux clubs pourraient aussi monter » glisse Charles Devineau « car nous avons de meilleurs résultats que des équipes d’autres poules. On pourrait aussi constituer une Nationale 2 avec plus d’équipes et nous intégrer La Roche et Châteaubriant. Au vu de cette saison, on mérite tous les deux !».
Les clubs sont impatients de prendre connaissance des décisions et des règles initiées par la Fédération Française de Football. Il y aura des enjeux financiers, importants pour les équipes de National, moindres mais tout aussi prégnants pour tous les clubs qui ont des salariés, emploient des éducateurs sportifs, ajustent la voilure chaque saison au gré des résultats et des moyens alloués par les entreprises qui les soutiennent. Les décisions exceptionnelles pour saison exceptionnelle feront l’affaire de certains, génèreront la déception d’autres. Les circonstances inclinent à se montrer beau joueur. Non ?
National, N2, N3, quelques chiffres
National (25 matches joués sur 34)Stade Lavallois 10e 35pts 9v 8n 8d (+26 -24 Dif +2)
Cholet 12e 28pts 7v 7n 11d (+32 -40 Dif -8)
National 2 (21 matches joués sur 30)
Les Herbiers 4e 35pts 11v 2n 7d (groupe C dominé par Sète)
FC Nantes 2 9e 28pts (groupe C)
Angers SCO 2 10e 27pts (groupe B)
N3 (18 matches joués sur 26)
Groupe Pays de la Loire, La Roche-sur-Yon devance Châteaubriant d’un point.
Châteaubriant a joué un match en moins.