Il avait aidé des aviateurs anglais

70 ans après, un fusillé du Mont Valérien retrouve sa terre vendéenne à Saint-Michel-en-l'Herm

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70 ans après sa mort, les dernières volontés d'Alphonse Gouraud, fusillé par les Allemands en février 1942 au Mont Valérien pour avoir aidé des aviateurs anglais, ont enfin été exaucées samedi avec son transfert à Saint-Michel-en-l'Herm, en Vendée, grâce à la ténacité de sa fille.

L'histoire poignante du retour à la maison d'Alphonse Gouraud, révélée par le quotidien Ouest France, est aussi celle de sa fille, Pierrette: à la veille de ses 80 ans, elle est parvenue à faire pour son père ce qu'elle s'était juré de réussir alors qu'elle n'avait que neuf ans.

Car c'est elle, la plus jeune de sa fratrie qui, la première, ouvrit le colis contenant la lettre d'adieux et les effets tachés de sang de son père, adressés à sa femme Gabrielle.

Et cette dernière, hospitalisée et très malade des suites d'une péritonite contractée alors qu'elle avait, en même temps que son mari et son fils aîné, été internée à la Kommandantur de Fontenay-le-Comte, n'a jamais su son mari fusillé.

Car jusqu'à la mort de sa mère, trois mois plus tard, la petite Pierrette l'écoutera, sans rien dire, faire "des projets pour quand mon père reviendrait alors que moi, je savais qu'il n'était plus là", a-t-elle raconté. "Il sont morts l'un et l'autre en se confiant leurs enfants", murmure, soixante-dix ans plus tard, cette dame très digne.

"Je vous aime, au revoir à jamais. Je vais être enterré à Paris. Quand ce sera possible, après la guerre, je souhaiterais revenir auprès de vous", disait la lettre de son père.

Après la mort de sa mère, élevée par un oncle et une tante à Paris, Pierrette va surmonter, non sans difficultés, les conséquences - insomnies, crises d'angoisse, etc. - de cette épreuve. Elle va ensuite construire sa vie, fonder une famille,avec deux fils, une carrière professionnelle, mais sans jamais oublier, ni de fleurir la tombe de son père enterré dans un cimetière militaire en région parisienne, ni sa dernière lettre.

Et arrivée à la retraite, vers la fin des années 90, elle se lance à l'assaut des administrations militaires pour tenter d'exaucer son père. Cinq ans durant, elle va de ministères en administrations militaires, sans relâche, mais sans obtenir gain de cause. Parmi les raisons de refus, "ils me disaient que si on enlevait la sépulture de mon père, cela romprait l'harmonie des tombes alignées".

A la moitié des années 2000, "franchement, je capitulais". "Vous savez, mes deux frères étaient morts, il n'y avait plus que moi pour réussir, c'était une angoisse". En juillet 2011, la providence lui donne enfin un coup de pouce.

Un historien local, Jean-Michel Caquineau, au courant du sauvetage des deux aviateurs anglais, obtient de faire apposer, à côté de la plaque qui leur était dédiée depuis 2001 au lieu de la chute de leur avion à L'Aiguillon-sur-Mer, commune voisine de Saint-Michel-en-l'Herm, une autre dédiée aux deux hommes, Alphonse Gouraud et Fernand Neau, qui ont été fusillés pour les avoir aidés.

Il rencontre à cette occasion, pour la première fois, la fille d'Alphonse Gouraud, qui lui confie son tourment. Jean-Michel Caquineau prend fait et cause pour elle et son père et parvient à débrouiller, en quelques mois, l'écheveau qui empêchait de rapatrier la dépouille d'Alphonse Gouraud dans le caveau où reposait sa femme.

Samedi lors de la célébration, les fils de Pierrette, qui n'apprirent que tard l'histoire si pesante que portait depuis l'enfance leur mère, mais aussi ses petits-enfants, devaient être là.

"Je veux que ses descendants soient fiers: avec M. Neau, mon père a sauvé deux

vies humaines", souligne sa fille.

vers le site aerosteles.net

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