Les universités, les entreprises protestent contre la circulaire qui contraint l'emploi des étudiants étrangers
Marie informaticienne, interdite d'emploi
Marie est venue de Maurice à Nantes faire des études d'informatique. Son master 2 en poche, elle a trouvé un travail à sa mesure. Las, la circulaire Guéant lui interdit cet emploi. Le président de l'université de Nantes a décidé de la soutenir dans son action pour travailler en France.
Plusieurs responsables politiques et universitaires régionaux sont montés au créneau ce lundi contre la circulaire Guéant restreignant les permis de travail aux étudiants étrangers diplômés, dénonçant le coup de frein donné aux efforts d'internationalisation de la formation supérieure.
"Cette circulaire va à l'encontre des objectifs" d'ouverture internationale "qui nous sont donnés par le législateur", a déploré Yves Lecointe, président de l'université de Nantes, lors d'un point presse avec des responsables de grandes écoles régionales et le président (PS) de la région Pays-de-Loire, Jacques Auxiette.
"On a comme objectif 25% d'étudiants étrangers. Si un mécanisme administratif nous conduit à remettre en cause cet objectif, c'est dévastateur. Il y a un risque d'affaiblir la position de nos établissements dans les classements internationaux", a estimé de son côté Pierre Sai, représentant local de la conférence des grandes écoles, et directeur de l'école vétérinaire à Nantes.
Les entreprises en difficulté de recrutement
Les entreprises françaises commencent déjà à freiner les stages pour les étudiants étrangers, puisqu'elles savent qu'elles ne pourront pas les embaucher après, a expliqué Pierre-Yves Paques, directeur du développement de l'ESEO, qui forme des ingénieurs en électronique à Angers, Paris, Dijon et Shanghai.
Or, les entreprises ont du mal à recruter des ingénieurs, avec "80 à 90% des étudiants embauchés à la sortie de l'école" et un taux de chômage "2 ou 3 %", a-t-il regretté.
"Si les entreprises recrutent un étudiant étranger, c'est parce qu'elles s'y retrouvent!", a souligné de son côté Jacques Auxiette. "C'est de notre politique industrielle qu'il est question. L'ouverture internationale est un moteur du développement économique", a-t-il affirmé.
Un texte contraire aux intérêts des entreprises
Lundi matin, le député-maire de Grenoble Michel Destot a également dénoncé à ce sujet une "faute économique", dans une tribune publiée par Libération. "La croissance de demain, les progrès de la science et de la technique, y compris pour faire face aux nouveaux défis, se jouent sur la qualité des investissements dans le capital humain et donc pour une bonne part dans le nombre d'ingénieurs et de docteurs que nous formerons", a-t-il estimé.
Le président de la région Rhône Alpes Jean-Jack Queyranne (PS) a pour sa part estimé dans un communiqué que les aménagements proposés par le gouvernement pour assouplir la circulaire ne constituent "qu'un pâle codicille à un texte préjudiciable aux intérêts des étudiants étrangers ainsi qu'à ceux de nos entreprises".