La reconstitution partielle du meurtre de Laetitia a accablé Tony Meilhon, qui a refusé d'y participer
Après la journée de reconstitution partielle du meurtre de Laëtitia Perrais à La-Bernerie-en-Retz, les réactions des avocats, Me Olivier Metzner, avocat du père de Laëtitia, Franck Perrais Me Fathi Ben Brahim, avocat commis d'office de Tony Meilhon
La reconstitution partielle du meurtre de Laetitia Perrais en janvier 2011 par son meurtrier présumé Tony Meilhon, a accablé ce dernier, qui a refusé d'y participer, en démontrant l'invraisemblance de sa version, selon les parties civiles.
Les magistrats instructeurs de Nantes avaient prévu de faire venir Tony Meilhon mais les gardiens venus l'extraire de sa cellule mardi matin à Vezin-le-Coquet, près de Rennes, ont découvert un homme menaçant d'avaler une lame de rasoir s'ils approchaient.
Reconstitution de "l'accident" de scooter
Deux sites de reconstitution ont été annulés, mais un troisième, crucial, a été maintenu par les juges d'instruction. C'est celui de la Bernerie-en-Retz (près de Pornic en Loire-Atlantique), à proximité du domicile de la famille d'accueil de Laetitia, là où la jeune fille aurait été renversée en scooter par la voiture de Tony Meilhon.
Les juges instructeurs, les experts de la gendarmerie et les avocats, des parties civiles ainsi que celui commis d'office pour M. Meilhon, ont assisté à la reconstitution minutieuse de l'accident entre la voiture de Tony Meilhon et le scooter de Laetitia à l'issue duquel elle n'a plus été revue vivante.
Il s'agissait d'analyser la thèse de Tony Meilhon qui a affirmé avoir heurté accidentellement le scooter de la jeune fille et paniqué en pensant avoir tué Laetitia, puis avoir été victime d'un "trou noir" avant, le lendemain, de recouvrer suffisamment ses esprits pour dissimuler dans deux étangs le corps démembré de la jeune femme.
La version de Tony Meilhon "invraissemblable"
Selon les parties civiles, les experts, tant légistes que scientifiques, ont montré que l'accident, non seulement n'a pas tué Laetitia mais a pu être délibéré.
Cela "démontre un acte totalement délibéré", a souligné Maître Pascal Rouiller, avocat de la famille d'accueil de Laetitia Perrais à l'issue de la reconstitution de deux heures trente.
"La version de M. Meilhon est tellement invraisemblable qu'elle a duré moins de 5 minutes en reconstitution", a pour sa part souligné Me Olivier Metzner, avocat du père de Laetitia, Franck Perrais.
"Il était important que cette journée ait lieu pour montrer que M. Meilhon raconte n'importe quoi, mais c'est vrai qu'il doit être difficile pour lui de faire face à de telles horreurs qu'il a commises: il est prêt à tout pour éviter d'avoir à s'expliquer", a estimé Me Metzner.
ITW de Me Metzner à venir en vidéo
Un accusé "suicidaire"
"J'aurais préféré que (Tony Meilhon, ndlr) soit là pour qu'on puisse avoir des éclaircissements s'il y avait lieu", a regretté son avocat commis d'office, Me Fathi Ben Brahim. "Il est suicidaire depuis un certain temps et, donc, son attitude de blocage ne m'a pas étonné", a-t-il ajouté.
"J'ai trouvé cette reconstitution intéressante; c'est quelque chose sur lequel nous pourrons nous appuyer", a estimé l'avocat, sans préciser les conclusions qu'il entendait en tirer. "J'espère pour lui qu'il va y avoir de nouveau une fenêtre d'ouverture et que nous pourrons travailler", a-t-il ajouté.
Pour le procureur adjoint de Nantes, Yves Gambert, "il faudrait véritablement que l'accusé adopte une autre posture psychologique" pour organiser une nouvelle reconstitution. "Ce n'est jamais satisfaisant de se passer d'une reconstitution", a-t-il dit à l'Agence France Presse (AFP).
Rappel des faits, le calvaire de Laetitia Laetitia Perrais a disparu le 18 janvier 2011 après avoir été vue en fin de soirée en compagnie de Tony Meilhon à la sortie du restaurant où elle travaillait comme serveuse à la Bernerie-en-Retz. Son scooter a été retrouvé au matin du 19 janvier à une centaine de mètres de son domicile, sur le territoire de la commune de Pornic qui touche la Bernerie. Interpellé le 20 janvier à l'aube sur la commune voisine d'Arthon-en-Retz, Tony Meilhon a dès le départ observé une attitude d'obstruction, alternant mutisme et fausses informations. Ce délinquant multirécidiviste âgé de 32 ans a d'abord indiqué avoir jeté Laetitia dans la Loire depuis le pont de Saint-Nazaire, une version rapidement démentie par les caméras de surveillance. Les importantes traces du sang trouvées dans son véhicule ont conduit à sa mise en examen pour enlèvement suivi de meurtre dès le 22 janvier 2011. Il refuse l'assistance d'un avocat dès la garde à vue. Les gendarmes fouillent alors systématiquement tous les points d'eau de la région. Le 1er février, à Lavau-sur-Loire, ils trouvent la tête et les membres de la victime lestés dans un grillage, un mètre sous l'eau. L'autopsie permet de déterminer que la jeune fille a été étranglée. Peu après, Tony Meilhon commet une tentative de suicide. Il a ensuite plusieurs fois des comportement faisant craindre pour sa sécurité.
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