Ce matin, la cour d'Assises de la Sarthe a écouté la déposition de l'amant de Virginie Darras.
Ce dernier a partagé leur domicile pendant trois mois et fait aujourd'hui l'objet d'une poursuite pour non-dénonciation devant le tribunal correctionnel. A la barre, l'homme est resté très évasif sur les mauvais traitements subis par Marina, dont il aurait été le témoin.
"Vous êtes vous interposé quand il y a avait des violences?" demande le président Denis Roucou. "Non, je n'étais pas son père". A chaque question, le simple témoin dans ce procès répond dans le vague, dit ne pas savoir, n'avoir rien vu.
Pourtant, ses dépositions devant le juge d'instruction lors de l'enquête sont beaucoup plus éloquentes et descriptives sur la vie au sein du foyer des Sabatier. "Il faut vous tirer les vers du nez, monsieur…" insiste le président. Debout, jambes croisées face au jury, l'amant tente de raconter le réveillon de Noël 2008 où l'ensemble de la famille Sabatier est réunie chez lui. Marina y passe tout l'après-midi au coin...
Viennent ensuite les premières questions des parties civiles. Me Pierre-Olivier Sur, représentant l'association "Innocence en danger" lui demande s'il se rend compte de la gravité de la situation. "C'était une martyre, cette petite fille, et vous étiez là !" Silence du témoin… "Je pensais que c'était comme ça. Que c'était leur façon de la réprimander."
Pour "La voix de l'enfant", Me Francis Szpiner : "Dans une de vos dépositions, Virginie Darras soulignait votre investissement auprès des enfants. Et Marina ? Vous vous en occupiez ? Vous ne voyez pas qu'elle est maltraitée ?" Réponse évasive de l'intéressé. "Je ne savais pas où était Marina. Je croyais qu'elle était à l'école car je ne la voyais jamais à la maison."
Puis à la barre se succèdent les deux fils du témoin. Eux ont très peu vu Marina dans le cercle familial. Mais ils évoquent des claques violentes et un comportement différent des parents envers Marina par rapport à ses frères et soeurs. "J'ai trouvé ça anormal. J'ai dit aux gendarmes que c'était une famille de cinglés." L'un des deux enfants évoque même des tentatives d'attouchements de la part de Virginie Darras quant il avait 16 ans. Rien, en tout cas, dans les témoignages de ce matin ne relève des "torture et actes de barbarie" qui sont reprochés aux deux accusés.
Cet après-midi, ce sont les services sociaux du Conseil général de la Sarthe qui sont attendus à la barre. Très attendus même par les avocats des associations de défense des droits de l'enfance. Un procès dans le procès de Virginie Darras et Éric Sabatier qui risquent la réclusion criminelle à perpétuité.