Sarthe : cherche médecins désespérement

Certaines communes de la Sarthe peinent à attirer des médecins pour remplacer les généralistes à la retraite.

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Le constat est clair : les jeunes médecins rechignent à s'installer dans les zones rurales. La commune de Fresnay-sur-Sarthe en est un bon exemple.

"Ici, tout le monde réclame des médecins mais eux, ils veulent tous s'installer à la mer", se désole Philippe Amraoui, pharmacien dans cette petite ville rurale de 2 200 habitants, située à 160 km du littoral normand. 

Le prochain départ en retraite d'un des généralistes affole les habitants.

Son départ, non remplacé, "sera préjudiciable car les trois autres médecins ne pourront pas absorber son importante patientèle", explique à l'AFP Yves Gérard, vice-président de la communauté de communes des Alpes mancelles, en évoquant "un drame" à venir, notamment pour les nombreuses personnes âgées du canton, fortes consommatrices de soins mais peu mobiles.

         Une "carence" inquiétante

"Il y a du travail pour cinq médecins" dans le secteur de Fresnay, précise-t-il.

"Cela m'inquiète, je n'aurai pas envie de prendre le volant, malade, pour aller chez le médecin" à des kilomètres, témoigne Claude Boulier, 71 ans, l'un des nombreux habitants de Fresnay qui doivent déjà, pour consulter un spécialiste, se rendre à Alençon ou au Mans, à 20 et 40 kilomètres.

En Sarthe, la densité de médecins généralistes reste inférieure à la moyenne nationale (72/100 000 habitants contre 98/100 000, selon le conseil général).

Et la situation risque de s'aggraver : dans l'hypothèse du départ en retraite à 65 ans des médecins libéraux et de leur non-remplacement, la densité chutera à 53 généralistes/100.000 habitants d'ici cinq ans.

          Pourquoi de telles réticences ?

L'aspiration à un exercice en groupe de la médecine - leur laissant davantage de temps - explique en partie cette désaffection des jeunes médecins, qui touche les zones rurales mais aussi certains quartiers périphériques du Mans.

Leurs principales interrogations : la proximité de maisons de santé pluridisciplinaires et l'offre culturelle, de transport, de garde d'enfants et de travail pour le conjoint, d'après Jean-Pierre Vogel, chargé de la commission "démographie médicale" du conseil général de la Sarthe.

Celle-ci a été créée, il y a cinq ans, pour "prendre à bras le corps" le problème de l'inégale répartition géographique des médecins.

          Le désamour malgré les avantages proposés

Et l'on peut dire que les élus sarthois n'ont pas lésiné sur les moyens pour dérouler le tapis rouge aux médecins :

Le conseil général - outre des aides financières aux étudiants effectuant leur stage en Sarthe - a signé 15 conventions avec des étudiants s'engageant à exercer en zone déficitaire pendant au moins cinq ans, contre une bourse d'études de 25.000 euros.

"Ce n'est pas si mal, même si c'est insuffisant pour remplacer les départs", juge Jean-Pierre Vogel.

          La tentation du "salariat"

Autre solution : celle du "salariat", adoptée par la Ferté-Bernard. Cette ville sarthoise de 10.000 habitants, confrontée à une pénurie de médecins, avait fait sensation l'été dernier en salariant directement deux généralistes pour pallier "les carences du privé".

Pas sûr que cela soit suffisant. "Il faudrait que les jeunes médecins comprennent que tout le monde ne peut pas s'installer dans un quartier bourgeois à Nice", conclut Yves Gérard, désabusé.

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