Ils aiment les décibels et la lutte. Engagés jusqu'au bout de la vie, le poing levé entre deux riffs de guitare, les Tagada Jones n'ont jamais fait mystère de leurs convictions mais viendront tout de même vous les rappeler sur la Warzone. Interview...
Bientôt 25 ans que ça dure, 25 ans de scène, des centaines de concerts et une dizaine d'albums studio au compteur, le quatuor rennais Tagada Jones n'en finit plus de balancer son punk engagé et enragé à la face du monde, une musique simple mais ô combien percutante et efficace pour cracher sa haine de la mondialisation, du capitalisme, du fanatisme, du racisme...
Dans son dernier album, "La peste et le choléra", Tagada Jones ne baisse pas les armes, bien au contraire. La guitare acérée, le chant déterminé, le refrain qui fait mouche... Tagada Jones évoque en douze titres la guerre en Syrie, les attentats, les migrants, la haine, la sauvagerie du monde. La rage, toujours...
Niko. Nous sommes même venus deux fois avec le Bal en 2013 et 2016, ce sera donc notre 4ème participation. Nous tournons énormément allant ainsi à la rencontre de notre public partout en France. Lors du Hellfest, c'est le public qui vient à la rencontre des groupes, on joue donc en une seule fois devant tout le monde, c'est assez magique !
C'est vraiment devenu un évènement important dans le paysage Punk, Rock, Metal français, Il n'y a vraiment aucune raison de s'en priver.
Quels souvenirs en gardez-vous ?
Niko. Que des bons ! Voir 10, 15, 20 ou même 30.000 personnes reprendre en cœur un des morceaux que tu joues c'est quand même assez kiffant. Comme je disais précédemment nous avons plus l'habitude de faire 100 dates devant 500 personnes qu'une seule devant 50.000. Nous avons donc savouré chacune des secondes que nous avons passées sur les scènes du Hellfest à leur juste valeur. Je pense notemment au wall of death mémorable de la fin de notre concert Tagada en 2014.
J'avoue avoir un peu de mal à comprendre comment autant de groupes Punk actuels peuvent ne rien avoir à dire ou à défendre
25 ans de scène, 10 albums studio, les années ne semblent pas avoir eu raison de votre rage et de votre engagement. C'est inscrit dans vos gènes à jamais ?
Niko. Il faut croire que oui, en tout cas notre détermination ne bouge pas c'est clair ! Nous avons choisi dès le début de faire de la musique Punk avec l'engagement qui va avec. Depuis, c'est toujours la même flamme qui nous anime avec autant de rage et de conviction. Le monde tourne toujours à l'envers, il n’y pas besoin de chercher bien loin pour trouver des exemples d'absurdité humaine, on peut donc dire qu'on a toujours autant d'eau à mettre à notre moulin. J'avoue même à contrario avoir un peu de mal à comprendre comment autant de groupes Punk actuels peuvent ne rien avoir à dire ou à défendre... c'est quand même l'essence intrinsèque de ce mouvement...
Niko. À le base, nous avons bien sûr appelé ce disque « La peste et le choléra" en rapport à la situation politique française, à l'époque on voyait plus un Le Pen - Fillon qu'un Le Pen - Macron, mais les affaires ont vite rattrapées à juste titre le soi-disant monsieur propre des républicains.
Nous avons délibérément voulu ouvrir plus le débat en soulignant que les choix sont souvent très difficiles et dans bien des cas ces choix n’apportent aucun solution viable. C'est pour cela que le titre éponyme parle du problème de la Syrie, mais les domaines sont malheureusement vastes et on aurait pu illustrer cette chanson avec de nombreux autres sujets... On trouvait en tout cas que ce titre reflétait bien la situation actuelle.
Le premier titre de l'album, "Vendredi 13", évoque les attentats du 13 novembre 2015. Est-ce que vous pensez vous aussi que la musique peut faire plus de bruit que les bombes ?
Niko. Évidemment la musique n'a pas autant de résonance à court terme, mais c'est très important à long terme, la culture est un travail de longue haleine qui finit toujours par porter ses fruits.
Je suis très surpris qu'on soit l'un des premiers groupes à traiter du sujet. Nous avions décidé dès le lendemain des attentats d'écrire un titre et de rendre hommage aux victimes à notre façon. L'album étant prévu presque un an plus tard, on se disait qu'on serait sans doute le xième groupe à le faire.... et bien finalement non, comme si personne n'osait traiter du sujet, c’est étrange.
Aujourd'hui il ne se passe pas une semaine sans que le public, plus ou moins proches des victimes, nous remercient d'avoir écrit cette chanson.
Paris hier, Manchester aujourd'hui. C'est un combat sans fin ?
Niko. Il faut tout de même espérer qu'il y aura une fin, que l'humanité aura raison des abominations. Pour cela il faudra réussir à éradiquer les guerres et ça ne va pas être chose facile...
Vous avez commencé votre dernière tournée en pleine campagne présidentielle en compagnie de No One is Innocent. Vous aviez un message à faire passer aux candidats ou aux électeurs ?
Niko. Plutôt deux fois qu'une ! On aimerait voir naître en France un parti de démocratie participative car nos politiciens sont aujourd'hui beaucoup trop éloignés de la réalité. Nos convictions personnelles oscillent entre les idées de gauches et l'anarchie tel que pouvaient le défendre les premiers anarchistes du début des années 1900, mais Nous ne nous sommes jamais retrouvés dans aucun des partis actuels.La démocratie est une chose qu'il faut défendre, même si malheureusement le système capitaliste a pris le dessus.
Nouvel album, nouveau spectacle, ça va être pépère peinard ou un brin sautillant ?
Niko. Ahahaha, pépère peinard ça n’existe pas chez Tagada, on est toujours à fond ! Nous avons déjà réalisé une trentaine de concerts en France mais aussi au Canada et aux USA, et ce nouveau spectacle tourne inexorablement vers le tout a fond !!!
La démocratie est une chose qu'il faut défendre, même si malheureusement le système capitaliste a pris le dessus.
Si vous avez 5 minutes, en profiterez-vous pour aller voir et écouter un groupe ?
Niko. Nous irons voir nos potes d’Ultra Vomit, des Ramoneurs de Menhirs, mais aussi des groupes comme Rancid qu’on n’a encore jamais vu ou encore Franck Carter et Trust par curiosité.
Tagada Jones, c'est pour la vie ?
Niko. À aucun moment nous avons commencé ce groupe pour la vie, on s’est juste lancé dans l’aventure les yeux fermés sans se poser de question… 23 ans plus tard, je suis le premier surpris de voir l’ampleur qu’a pu prendre notre petit projet indépendant et underground. Si ça doit durer 20 ans de plus, tant mieux !!!
Merci Niko, merci Tagada Jones
Plus d'infos sur le groupe ici
Tagada Jones jouera vendredi 16 juin 2017 à 18h35 - Warzone