Coronavirus : système D et impression 3D, en Loire-Atlantique, des bénévoles fabriquent des visières de protection

Des bénévoles fabriquent des visières de sécurité en plastique grâce à leurs imprimantes personnelles. Une production citoyenne qui s'avère un bon complément aux masques de protections des personnels soignants et des travailleurs côtoyant du public, les stocks sont notoirement insuffisants.

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Dans sa maison nantaise, le confinement de Yann rime avec multi-activités. À la vie de famille bien remplie, au télétravail avec son entreprise exercé depuis son salon se rajoutent des allées et venues régulières dans son garage où trône près des outils de bricolage une imprimante 3D.

Depuis une semaine, la machine tourne à plein régime pour la bonne cause : des visières de protection transparentes en plastique. Ce matin là, il en a livré 77 destinées à un établissement de soins de la préfecture de Loire-Atlantique.
 


Comment s'est il lancé dans cette production inédite, lui qui avait acheté cette imprimante à 250 euros (fabriquée dans un pays à faible coût de main d'oeuvre dont nous tairons le nom...)  pour construire à ses heures perdues des pièces plastiques pour son aquarium ?

Tout simplement en trouvant sur internet des modèles à fabriquer soi-même, en s'informant sur les réseaux sociaux et en rejoignant le groupe Facebook  Visière Solidaire. Cette communauté associe des particuliers, tous imprimeurs bénévoles ("makers"), des demandeurs (personnels soignants, commerçants, administratifs) et des fournisseurs de pièces.
 
Ensemble, ils proposent ce nouveau type de boucliers qui peuvent à la fois remplacer ou se rajouter à un masque classique de protection dont les stocks, on le sait, sont largement insuffisantspar rapport  besoins.

Une feuille plastifiée et une fixation, c'est prêt

Le modèle présenté est des plus simples et c'est Yann qui nous décrit le processus de fabrication : "Il se compose d'une feuille plastifiée transparente souple modèle A4 sur laquelle je perce des trous avec une perforatrice de bureau standard qui serviront à la fixer sur la visière plastique noire que je vais elle imprimer".

Passons dans le garage : "J'installe ma bobine de fil plastique à dérouler au-dessus du plateau. L'imprimante va découper une pièce 3D en tranches et imprimer des couches de 0,4 mm. Le plastique fond à 180-200 degrés, la forme va se faire au fil des couches déposées et au bout d'une heure, la matière devient dure et vous obtenez la pièce finie, en l'occurence un serre-tête". L'imprimeur insiste sur le coût de fabrication très économique : "Une bobine d'un kg doit coûter 20-25 euros et la pièce imprimée pèse 15-20 grammes".

Le tout pour un objet couvrant largement le visage y compris des lunettes, facilement réutilisable après nettoyage. Autre atout du produit, la version serre-tête évite l'emploi d'élastiques sur le côté, une matière des plus recherchées en ce moment par les couturières bénévoles qui s'activent sur les masques maison en tissu !

Le seul bémol concerne les cadences de l'imprimante 3D. "Il faut compter une heure de fabrication pour un modèle, j'en suis à 8 par jour mais au niveau du groupe, on arrive à assurer une fabrication continue 24 heures sur 24" rappelle Yann qui est au coeur de la chaîne en tant que fabricant et point-relais.

"Pour l'instant, nous imprimons tout à nos frais. Il y a des des gens qui se proposent de livrer chez moi des stocks de feuilles plastifiées inutilisées et sur le marché, il y a des entreprises et des fournisseurs qui jouent le jeu en proposant du prix coûtant ou des frais de port gratuits sur les marchandises".

Justement, quelqu'un sonne chez le Nantais. C'est le président de l'association des Francas de Loire-Atlantique qui vient chercher une ramette de feuilles plastifiées. "Nous tournons avec deux imprimantes explique Maxime Macron (!) dont une qui servait normalement pour les activités éducatives des enfants le mercredi. Les masques que nous fabriquons seront distribués aux Ehpad qui en manquent mais aussi dans un foyer de jeunes travailleurs (FJT) et un centre d'accueil pour mineurs isolés qui m'ont contacté".

Un élan de solidarité apprécié dans les hôpitaux

Au niveau de la livraison, il n'est pas question pour tous ces bénévoles de livrer eux-mêmes dans les hôpitaux.

Ils peuvent compter sur des personnels soignants intéressés par la démarche et inscrits comme membres du groupe.

À eux de remplir les formulaires de demande mis en ligne car mieux que quiconque, ils connaissent l'état des lieux et les besoins des différents services médicaux. Claudine Dias, infirmière au bloc opératoire de chirurgie infantile au CHU de Nantes a distribué vendredi 25 visières plastiques aux équipes de réanimation et 100 autres samedi au SAMU ainsi qu'aux équipes de kiné respiratoire, des unités en contact rapproché avec des patients. "Sincèrement c'était la fête quand les collègues m'ont vu arriver. Les modèles sont pratiques à utiliser y compris pour ceux qui portent des lunettes.

Ils couvrent du front jusqu'au menton, protègent des possibles projections par les personnes. Sachant que le port du masque reste obligatoire en dessous de l'écran plastique".
L'infirmière compte aussi proposer ce matériel à d'autres corps de métier,  les commerces par exemple, qui souhaiteraient disposer de stocks pour se protéger dans les prochains jours.

 

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