DOCUMENTAIRE. Les chantiers de l'Atlantique, l'âme des géants de l'Océan

Avec un chiffre d'affaires annuel de plus de 1,5 milliard d'euros, Saint Nazaire est le plus grand chantier naval d’Europe. Depuis 2016, 8 paquebots gigantesques ont été mis à la mer. Les chantiers de l'Atlantique font partie aujourd'hui du patrimoine maritime français. À voir le jeudi 20 janvier.

On les découvre d'abord en empruntant le pont qui relie Saint Nazaire et Saint-Brévin, le plus long édifice à haubans de France. Sur l'estuaire de la Loire, les chantiers en imposent ! Du paquebot France jusqu'au dernier géant de croisière, on imagine mal ce qui se passe sur ce territoire de 150 hectares. Les chantiers de l'Atlantique sont un univers à part, gigantesque et passionnant.

Depuis 150 ans, à Saint Nazaire, on construit les plus grands paquebots, pétroliers, méthaniers au monde. C'est ici qu'ont été assemblés le France, le Queen Mary 2 et le Batillus. Aujourd'hui, 2 700 ingénieurs, ouvriers et techniciens dessinent et fabriquent les plus grands navires jamais imaginés. 

En travaillant avec les Chantiers de l’Atlantique, nous nous sommes aperçus que nous avions une préoccupation commune : Comment ramener le gigantisme et la complexité des paquebots à échelle humaine ? Pour les construire d’un côté chantiers, et pour les comprendre et les mettre en images de notre côté.

Thierry Fessard et Hugo Hernandez réalisateurs

Pour le documentaire "Chantiers de l’Atlantique, constructeurs de géants" diffusé ce jeudi 20 janvier, les réalisateurs Thierry Fessard et Hugo Hernandez ont vécu en immersion dans cet univers fascinant. Casques sur la tête obligatoire, plans de tournage sécurisé et très encadré – ici la sécurité est l’obsession de tous et de tous les instants - ils ont pu filmer toutes les étapes de la fabrication d’un navire jusqu’à sa mise à l’eau. Les ingénieurs ont ouvert les portes de leurs bureaux d’études, les cinéastes ont pu approcher les ouvriers dans les ateliers de découpe des coques, de montage des cabines et filmer l’assemblage des blocs, le travail des plombiers, des décorateurs à l’intérieur des navires.

Les chantiers : 150 ans d'histoire contrastée

L’histoire navale à Saint-Nazaire débute au XIXème siècle. Saint-Nazaire est alors une petite ville comptant moins de 1000 habitants. L'Etat décide de moderniser les installations portuaires pour en faire un pionnier du trafic maritime transatlantique.

Elaboration, construction, maintenance de navires titanesques, le chantier va devenir au fil des années l'un des importants au monde. Entre 1914 et 1918, les chantiers sont fortement impliqués dans l'effort de guerre et diversifient leur production. Ils fabriquent des chars et des tubes à canon. En 1932, en pleine période de crise, les chantiers se modernisent et innovent, c'est le début des constructions à sec.

Pendant la 2nde Guerre Mondiale, les frappes allemandes détruisent 45% des infrastructures du chantier. L'état finance alors une grande partie de la reconstruction pour bâtir la flotte civile et commerciale dont la France a besoin. 

 Dans les années 50, une nouvelle économie mondiale permet une rapide croissance de l’entreprise. Dès 1956, c’est la construction du France qui attire les projecteurs. Ce navire d’exception nécessite quatre ans de travail pour 1 300 ouvriers.

Une des plus grandes innovations de ce bateau, c’est la chaufferie. Elle ne possède que huit chaudières alors que le Normandie, grand frère du France en contenait 29. Leur grande puissance permet une économie de 40 à 50% de combustible. En 1960, le général de Gaulle inaugure ce symbole du prestige français.  

Un savoir-faire français mondialement reconnu

C’est aux Chantiers que sont construits, à partir de 1985 les quatre plus grands pétroliers de la planète, « le Batillus », « le Prairial », « le Bellamya » et « le Pierre Guillaumat ».

Saint-Nazaire devient alors un leader incontournable sur le marché maritime et la production repart à la hausse. Alors que le secteur traverse une crise mondiale, les chantiers rebondissent grâce à la construction du « Sovereign of the seas », surnommé le paquebot de l’espoir. 4 800 salariés travaillent pour relever le défi de sa construction achevée en moins de 3 ans.

 Aujourd’hui, les chantiers de l’Atlantique signent des commandes avec les plus importants acteurs maritimes, notamment les croisiéristes. Le Queen Mary 2 paquebot transatlantique de 345 mètres pouvant accueillir jusqu’à 3000 passagers devient le symbole de la réussite française et la fierté de la cité. Il est mis en service en 2004 et quitte le port devant des milliers de personnes amassées sur les quais et les plages de la ville. Cette réussite en appelle d’autres.

Depuis 2016, 8 paquebots gigantesques ont été mis à la mer. Le savoir-faire nazairien est exporté à l’étranger. Les ingénieurs apportent leur expertise aux plus grands constructeurs européens et asiatiques.

Envisager la position de 10 portes, de 150 portes même, c’est possible, mais 10 000 portes c’est impossible pour l’esprit humain, même quand c’est notre coeur de métier. Il faut donc réfléchir partie par partie. Et malgré ce découpage plus accessible, on se retrouve avec des ensembles de 1000 tonnes soulevés par un portique colossal qui surplombe la zone de montage de plus de 60 mètres, le plus puissant d’Europe.

un architecte naval des chantiers de l'Atlantique

Une technologie de pointe

Dans un premier temps, il faut conceptualiser et dessiner les navires. Dans les bureaux du chantier, des techniciens se coordonnent pour créer numériquement les prototypes. Des pièces virtuelles permettent même de s’immerger à l’intérieur des bateaux. Une fois les calculs et les plans finalisés, on passe à l’atelier 180 tonnes - le poids des grues qui le surplombent lui a donné son surnom.

C’est dans cet immense hangar de 150 mètres de long et 30 de hauteur qu’on fabrique 65 000 tonnes de coques chaque année. Il faut environ 50 blocs pour constituer une coque entière.

Trois machines titanesques découpent les plaques d’acier fournies par Arcelor Mittal. Ce sont ensuite les chaudronniers, qui se chargent de la découpe. Les soudeurs prennent le relais pour l’assemblage de pièces.

Un autre espace de 22 000 m² permet aux ouvriers de fabriquer les cabines des paquebots. Au total, 15 postes de travail permettent de sortir une cabine luxueuse en 30 minutes.

Une fois préfabriquées les cabines, les parties de coques, de pont sont déplacées dans les "formes", ces cuves géantes ou seront assemblées tous les éléments. Pour les transporter, les chantiers disposent de chariots et de gigantesques nacelles élévatrices.

L’étape cruciale de l’armement

Rendez-vous dans la "Forme Joubert" qui accueille les plus petits navires. C’est la dernière étape avant la mise à l’eau. Les peintres qui habillent la coque du bateau jouent un rôle essentiel sur les parties immergées de la coque, les carènes. Il faut les protéger contre la rouille et la corrosion.

Pendant ce temps-là, les électriciens, les plombiers et tous les corps de métiers du chantier travaillent sur l’armement. Enfin, le navire est mis à l’eau puis en mer à marée haute dans l’estuaire de la Loire

Saint- Nazaire, c'est le chantier-usine de la démesure, capable de construire de l’incroyable en continu. Le savoir-faire historique des chantiers est au service d’une organisation rigoureuse.

Thierry Fessard et Hugo Hernandez réalisateurs du documentaire "les chantiers de l'Atlantique

Les paquebots à voile, l’avenir des chantiers

L’un des objectifs des chantiers, l’innovation en faveur de l’environnement. A l’étude depuis 2018 le projet Silenseas. Un navire à voiles. Les chantiers de l’Atlantique ont imaginé des mâts hauts de 103 mètres capables de se plier à 57 mètres.

Un système de haute technologie qui  permet de naviguer uniquement avec les vents sans émission de CO2. Ses dimensions de 190 mètres sur 25 permettent de se rendre dans des zones plus étriquées inaccessibles aux grands  bateaux et de pouvoir se rendre dans la plupart des ports.

Silenseas from CHANTIERS DE L'ATLANTIQUE on Vimeo.

 

 

Sous la coque d’un géant des mers, un vertige émotionnel

Pour les besoins du tournage d'un épisode de la série Artotech avec la comédienne et metteuse en scène Ninon Brétécher, le chantier nous a ouvert ses portes. Privilège que de déambuler dans l’atelier  dit "180 tonnes", dans les ateliers de découpe, sur le sommet des immenses grues qui dominent le port.

Privilège aussi de pouvoir réaliser une interview sous la coque d’un géant des mers le « Celebrity Apex ». Ce bateau est le sister-ship du Celebrity Edge.

Nous sommes à quelques heures de la mise en eau de sa cale et son départ pour les premiers essais en mer. Nous avons la chance incroyable de pouvoir évoluer sous un monstre de 302 mètres de long et 39 de large. C’est aussi une expérience vertigineuse. Un sentiment mêlé de joie, d’émotion avec une petite pointe d’angoisse que le navire ne bouge pas même s’il est solidement posé.

Être là, pouvoir sentir la peinture fraichement appliquée, toucher la taule, passer d’une étrave à l’autre nous a permis de profiter d’une perspective imprenable sur cette cathédrale d’acier.

Vous voulez savoir comment sont construits ces bateaux gigantesques ? Comment s’organise une telle infrastructure ? Quelles sont les technologies utilisées pour rester au sommet de l’innovation et plonger en immersions dans les coulisses de cet immense chantier regardez le documentaire "Chantiers de l’Atlantique, Constructeurs de géants" ce jeudi 20 janvier à 23 h sur France 3 Pays de la Loire

Voir et revoir ce film sur France 3 Pays de la Loire  et France.tv  

Documentaire Chantiers de l’Atlantique

Réalisation : Thierry Fessard et Hugo Hernandez

Production : AH ! Productions

Le Celebrity Apex ou l'histoire d'un départ contrarié par la COVID-19.                            

Le navire a été commandé par la compagnie Celebrity Cruises aux chantiers navals de Saint-Nazaire en 2015. Il est long de 306 mètres pour 38 mètres de large. Sa construction débute en juillet 2018. Quatre mois plus tard, le premier bloc du paquebot est mis en cale de construction. Celebrity Apex est mis à l'eau en mai 2019 et livré en mars 2020. Pour la première fois, la cérémonie de livraison est effectuée en ligne, la COVID-19 s'est invitée à la fête. 

Toujours en raison de la pandémie, le paquebot reste à quai plusieurs mois à Saint-Nazaire. Contraint de quitter le port de Saint-Nazaire en août 2020, pour laisser sa place à la construction d'une nouveau navire le MSC Virtuosa, il reste en mouillage au large des côtes de la Loire-Atlantique. Le 20 septembre 2020, le navire quitte Saint-Nazaire pour rejoindre le port de Southampton. Une semaine plus tard, il revient au large des côtes de Saint-Nazaire, pour effectuer ses derniers essais en mer avant de traverser l'Atlantique. Le navire part définitivement fin septembre, pour prendre la direction des Açores avant de rejoindre les États-Unis.

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