La députée de la 7e circonscription de la Loire-Atlantique, Sandrine Josso, droguée à son insu par le sénateur ligérien Joël Guerriau en novembre dernier, s'est vue confier une mission gouvernementale sur la soumission chimique. Ce mardi 21 mai, la première audition à l'Assemblée nationale a été consacrée au recueil de témoignages de victimes.
C'est une mission gouvernementale qui a pour objectif "d’examiner l’ensemble des questions
et des enjeux autour de la soumission chimique, la prise en charge des victimes et la prévention de cette forme de violence, et de faire toutes propositions dans ces matières, en prenant appui sur les dispositifs existants".
Une mission confiée à la députée de la 7e circonscription de la Loire-Atlantique par le Premier Ministre Gabriel Attal, sous la tutelle de la ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé.
Sandrine Josso (Modem) avait notamment milité pour l'ouverture d'une telle commission après avoir été elle-même victime d'une soumission chimique par le sénateur ligérien Joël Guerriau (ex Horizons).
Droguée à son insu
Les faits remontent à novembre 2023, la députée ligérienne avait été invitée à fêter la réélection de son ami et collègue sénateur, élu dans le même département.
Mais la soirée avait mal tourné. Sandrine Josso a raconté avoir été rapidement "prise de "palpitations" et de "sueurs". Elle dit avoir vu son hôte " ranger un sachet blanc sous le plan de travail" de sa cuisine", de l'ecstasy, que les policiers retrouveront au même endroit lors d'une perquisition.
La députée avait réussi a quitter l'appartement en appelant un taxi pour se rendre rapidement aux urgences et être examinée.
Elle a porté plainte contre son agresseur présumé, le sénateur Joël Guerriau. Ce dernier a d'ailleurs rapidement été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire.
Il avait également été exclu de son parti, Horizon, et suspendu de son groupe parlementaire au Sénat.
Avec cette commission, Sandrine Josso a de grandes attentes,elle espère notamment une réelle évolution juridique quant à la prise en charge des victimes.
"Aujourd'hui les victimes ne sont pas assez prises en compte. On a l'impression que les auteurs ont plus de droits que les victimes."
Il faudrait une grande loi cadre pour les victimes avec des moyens et des fonds d'indemnisation
Sandrine JossoPrésidente de la commission sur la soumission chimique
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Histoires traumatiques
Ce mardi 21 mai après-midi, quatorze victimes ont témoigné -parfois anonymement- avec force et émotion dans une salle de l'Assemblée nationale, pour raconter leur histoire traumatique.
Elles ont toutes été victimes de soumission chimique, c'est-à-dire qu'elles ont été droguées de force ou à leur insu, la plupart du temps en vue d'une agression sexuelle.
Toutes racontent la douleur, la longueur, la difficulté de la procédure judiciaire, mais aussi les failles de la prise en charge des victimes.
Certaines d'entre elles, comme Sandrine Josso ont porté plainte.
Parmi les victimes auditionnées cet après midi, il y avait notamment Caroline Darian, présidente de l’association 'M’endort pas: Stop à la soumission chimique' qui se bat justement contre la soumission chimique.
Son père est accusé d’avoir pendant dix ans drogué sa mère pour la livrer au viol de plus de quatre-vingt personnes. Une affaire sans précédent qui sera jugée à la fin de l’année.
Pour elle, cette première journée d’audition est historique: "Il y a beaucoup d'émotions et surtout beaucoup d'espoir pour la suite. Moi ce que j'en attends, comme je pense l'ensemble des victimes qui sont aujourd'hui auditionnées dans le cadre du démarrage de cette mission gouvernementale, c'est une accélération en matière de prise en charge des victimes de soumissions chimiques.
La soumission chimique consiste à droguer une personne à son insu, à des fins criminelles et dans plus de 70 à 80% des cas à des fins d'agression sexuelle
Caroline DarianPrésidente de l’association 'M’endort pas : Stop à la soumission chimique'
Caroline Darian espère aussi que des pistes d'amélioration se mettront rapidement en place concernant également la collecte de preuves.
"On sait que c'est indispensable aujourd'hui pour les victimes qui rentrent dans un process de judiciarisation. Parfois les victimes ne vont pas déposer plainte. Avoir la preuve quand on a été soumis chimiquement à des agressions peut être un levier supplémentaire pour les victimes, pour aller déposer plainte et entreprendre une procédure judiciaire".
Après le témoignage des victimes, des associations, des professionnel de la santé, de la police et de la justice seront entendus dans le cadre de cette mission sur la soumission chimique.
Cette mission d'information va durer six mois. Elle rendra ses conclusions au premier ministre en octobre prochain.