Il y a mille façons de découvrir le plus long fleuve sauvage de France. La plus originale est de naviguer au ras de l'eau, en canoë, à condition d'avoir l'âme et l'esprit d'un aventurier. Le magazine Envie dehors a relevé le défi et c'est à voir ce dimanche 26 mars à 12h55.
Pas besoin de parcourir des milliers de kilomètres pour ceux qui rêvent d’évasion ou d’aventure. La Loire est un terrain de jeu idéal. A condition de bien la connaître car le fleuve sauvage impose ses règles à ceux qui l’approchent, marcheurs de grève, cyclotouristes et à fortiori navigateurs.
Si vous voyez un jour voguer un drôle de canoé entre Saint-Florent-Le-Vieil et Nantes, rien d’étonnant ! Son pilote n’est autre que Corentin Leduc un aventurier professionnel comme il se définit lui-même. Auteur de plusieurs expéditions dans le Grand Nord, il fait vivre le contenu de ses voyages sur les réseaux sociaux - il collecte aussi des fonds pour différentes associations - dans des livres et des conférences qu'il anime en milieu scolaire.
Comme tout aventurier, il doit se préparer matériellement et physiquement, la Loire lui servant naturellement de terrain d’entraînement. Corentin connaît bien le fleuve, cela fait une décennie qu’il y navigue et sa passion presqu’amoureuse ne s’est jamais tarie, bien au contraire !
En 2018, lors de sa première grosse aventure de 4 mois, au cercle polaire arctique, il a utilisé plusieurs moyens de transport pour parcourir 4 000 km. Il est parti de Ligné où il vit dans une tiny house qu’il a construit lui-même en 2016 au milieu d'une forêt.
Dans sa cabane atelier, on trouve tout le matériel dont il avait besoin pour cette aventure comme une voiture qu’il surnomme “Arbre de tempête », fabriquée à partir d’un résineux touché par la tempête. Son truc à lui, c’est de toujours faire corps avec la nature qu’il traverse et son matériel est toujours conçu de manière éco responsable.
C’est le cas du canoë (le 6ème de sa fabrication) avec lequel il navigue sur la Loire. Il n’a utilisé que des matériaux trouvés dans les 20km à la ronde autour de Ligné. Ce bateau de 4m20 et qui pèse 35 kg, est à 97% totalement dégradable à part quelques vis et la résine à bateau sur la coque.
Il est composé de 80 lattes de bambous, recouvertes d'écorces de peupliers, prélevées sur des peupliers morts. Cela permet d’avoir une carapace, d’améliorer la fluidité du bateau. La toile qui recouvre le bois appartenait à sa grand-mère, ce sont d’anciens draps ! Depuis 2016, il a fait 600 km avec ce canoë.
Corentin a achevé au début du mois de mars son expédition dans le Cercle polaire arctique. Elle aura duré 28 jours dans la taïga et la toundra de la Laponie finlandaise et norvégienne.
Pêcheurs professionnels, il n’en reste qu’une trentaine sur la Loire !
En aval de St Florent, en hiver et au printemps, Mathieu Perraud passe le plus clair de son temps sur l’eau. Il est l’un des rares pêcheurs professionnels à exercer encore sur la Loire dans le secteur. Il n’en reste plus qu’une trentaine de Nantes à Nevers.
Dans ses filets, mulets, gardons, anguilles, sandres, on trouve aussi mais plus rarement des carpes. En revanche, les silures gagnent de plus en plus de terrain, les pêcheurs en relèvent un grand nombre dans les filets. Cette espèce invasive pullule au fond de la Loire, où elle engloutit tout ce qui passe à proximité de sa large gueule. Batraciens, petits mammifères, oiseaux et autres poissons. C’est un poisson qui crée un déséquilibre que les pêcheurs s’évertuent à réguler, par exemple en les cuisinant. Mathieu a eu l’idée de valoriser la chair assez fade et sans arêtes de ce poisson en les transformant en fish and ships.
Il les vend l’été dans sa guinguette à Saint-Florent. Sinon, tout le produit de sa pêche est livré, en circuit court, à des restaurateurs locaux. Ils les transforment aussi en bocaux vendus dans les épiceries fines. Il anime aussi l'été des balades en toue -bateau à fond plat typique- sur la Loire.
Mathieu incarne la dixième génération de pêcheurs professionnels. C’est son grand-père qui « lui appris à lire la Loire ». Pour Mathieu, comme pour tous ses confrères, la pêche est maigre car le fleuve est victime de la sècheresse. On n’a jamais vu ça de mémoire de pêcheurs !
Quand la Loire est très basse, ça signifie moins de débit et donc moins de poissons. Autre conséquence, les zones de frayères, là où les poissons se reproduisent, disparaissent. Malgré ces difficultés, les pros comme Mathieu n’ont aucune envie d’abandonner le métier.
Saint-Florent-Le-Viel, le fief de l’écrivain Julien Gracq
Si le cœur vous en dit et avant d’emprunter un bateau pour découvrir le fleuve, offrez-vous une balade dans la petite ville de Saint-Florent-Le-Vieil. Cette petite Cité de Caractère est située sur la rive gauche du fleuve. Au sommet du Mont-Glonne, l'Abbaye Mauriste du 14e siècle domine la cité et offre un panorama exceptionnel sur la Loire.
Dans les ruelles escarpées qui débouchent sur la Loire, vous passerez devant la maison de Julien Gracq. Cette maison est aujourd’hui devenue un musée et un lieu de résidence d’écritures. Elle est ouverte au public aux visites publics du 6 avril au 10 novembre.
Le célèbre écrivain né ici en 1910 a beaucoup fait référence au fleuve dans ses œuvres. On apercevait très régulièrement sa silhouette sur les berges. L’auteur, qui nous a quitté en 2007, appréciait les promenades au bord de l'eau, il croisait les pêcheurs et aimait contempler les couleurs changeantes du fleuve au fil de la journée.
Les éditions José Corti, auquel l’écrivain a été fidèle toute sa vie publie dans quelques jours un roman inédit « La maison » écrit en 1941 pendant l’Occupation. Ce récit de 84 pages, d’après l’éditeur "met en scène une fascination. C'est la vision initiatrice, brève mais répétée, d'une demeure, aperçue à chaque trajet depuis un car traversant la campagne pendant l'Occupation, qui pousse le narrateur à se mettre en route, cheminant seul dans les sous-bois pour s'approcher de la maison".
Ce trajet, l’écrivain le faisait deux fois par semaines entre Angers, où il enseignait la géographie, et Saint-Florent- Le- Viel. Il est, au moment où il écrit La Maison, presque un inconnu en dehors des cercles littéraires. Sa célébrité viendra avec le prix Goncourt 1951 pour Le Rivage des Syrtes, qu'il refusera de venir chercher, comme il l'avait préalablement annoncé.
"La maison" ne fait pas partie des 29 cahiers dont Gracq a interdit la publication jusqu’en 2027. Ce qui signifie la probable édition de textes inédits après cette date. Plusieurs de ses écrits ont été publiés depuis son décès : Manuscrits de guerre en 2011, un journal tenu en mai-juin 1940 suivi d'une fiction ébauchée à partir de ce journal, Les Terres du couchant en 2014, un roman abandonné auquel il s'était attelé entre 1953 et 1955, et Nœuds de vie en 2021, recueil de fragments divers.
Sur la trace des castors
La Loire et ses nombreuses îles sont un abri naturel pour les castors. Cet animal vit sur les berges, au bord des lacs, des étangs ou des cours d’eau. Il lui faut aussi des zones boisées car c’est un herbivore. Il fait partie des plus gros rongeurs d’Europe. C’est un animal semi-aquatique qui est la plupart du temps dans l’eau, puisque sur la terre ferme, il a plus de mal à se déplacer. L’animal a bien failli disparaître au début du XXe siècle, chassé pour son castoréum, une sécrétion servant de fixateur de parfum, sa fourrure et sa viande. Depuis sa réintroduction, en 1974, dans le Loir-et-Cher, il a alors reconquis les bras de la Loire.
Le castor fait l'objet de toute l'attention de l’Office Français de la Biodiversité. Ses agents sont chargés de suivre la répartition du castor en France et de répertorier les problèmes que peuvent parfois causer la cohabitation entre les castor et les riverains. Régulièrement, tous les indices de la présence de l’animal sont notifiés sur des cahiers de prospection.
► Pour en apprendre et en voir plus sur la Loire, regardez Envie Dehors ce dimanche 26 mars à 12h55 et à voir en replay sur france.tv dans notre collection Envie Dehors !
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Réalisation : Gildas Cornet
Rédactrice en chef : Alexandra Lahuppe
Production : Les nouveaux Jours Productions