Frelon asiatique et moustique tigre, le point sur ces populations d'insectes exotiques en Pays de la Loire

Apparu pour la première fois en 2008 en Pays de la Loire, le frelon asiatique a, depuis, colonisé la région comme quasiment tout le reste de la France. Concernant le moustique tigre, on considère que la région n'est encore que "faiblement" colonisée.

"On ne parle plus d'éradication, sauf miracle, maladie, il ne disparaitra pas." 

C'est Jérémy Gourdien qui fait ce constat. Il est le référent frelon asiatique en Pays de la Loire chez Polleniz, le réseau associatif mandaté par la préfecture de région pour surveiller et documenter la présence de l'insecte sur le territoire. Si en 2006, ce réseau avait été chargé d'alerter sur l'arrivée du Vespa Velutina, 17 ans plus tard, on sait qu'on ne pourra pas s'en débarrasser.

"Il commence à adopter un cycle similaire aux hyménoptères de chez nous, explique Jérémy Gourdien. Tous les deux ans, on a une année à forte population et ensuite une année avec moins de présence. Ça montre qu'il s'adapte, ce qui n'est pas bon signe."

"La région est largement colonisée"

Par son réseau de communes partenaires, Polleniz avait répertorié, en Loire-Atlantique, 1 200 nids de frelons asiatiques détruits en 2021 et près de 2 000 en 2022. 

2023 devrait donc être une année basse et les premiers chiffres le confirment : 170 nids ont été détruits dans ce même département en cette fin juin, contre plus de 320 à la même époque de l'an dernier.

La région est largement colonisée. On en trouve plus en ville

Jérémy Gourdien

Référent frelon asiatique Polleniz

Il bénéficie de l'habitat humain

À cela plusieurs raisons. Tout simplement parce qu'il y a plus de monde pour le signaler, mais aussi car il s'y sent mieux. Le frelon asiatique trouve dans les villes des lieux favorables à l'implantation de nids : bordures de toitures, cabanons de jardin, coffrets de volets roulants, qui lui permettent de se mettre à l'abri d'éventuelles gelées meurtrières du printemps.

Sa proximité avec l'habitat humain est une source de dangerosité avec le fait que, lorsqu'il se sent agressé, il attaque en masse.

"Au début, personne ne voulait payer, les nids n'étaient pas détruits et la prolifération des frelons s'accélérait".

Jérémy Gourdien

Référent frelon asiatique Polleniz

Et puis, la politique de fleurissement des villes, soucieuses d'orner leurs rues de jolis parterres, très tôt dans l'année, est aussi un facteur. Cela apporte de la nourriture au frelon, dont l'adulte se gave de pollen. Les poubelles, les étals de marchés, sont aussi des garde-mangers prêts à fournir de la nourriture carnée que ce charognard ramène à ses larves.

Et l'on sait enfin, que les insectes se portent mieux en ville qu'à la campagne où les produits phytosanitaires utilisés dans l'agriculture intensive font des ravages.

Si l'on n'est pas parvenu à faire barrière à cette invasion, on peut cependant limiter la prolifération. Polleniz a établi des partenariats avec des communes ou communautés de communes des Pays de la Loire pour subventionner la destruction de nids.

"Le seul moyen de lutte reconnu comme efficace, dit Jérémy Gourdien, c'est la destruction des nids le plus tôt possible par injection de produits insecticides. Le problème du piégeage, c'est qu'il capture beaucoup d'autres espèces, comme le frelon européen."

Outre la population de frelons asiatiques, Polleniz surveille d'autres nuisibles comme la chenille processionnaire du pin et, dans le secteur végétal, l'ambroisie, une plante très allergène pour l'humain dont un foyer important est identifié à Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire. Il en existe aussi dans la Sarthe.

Moustique tigre "faible colonisation"

Concernant le moustique tigre, l'agence régionale de la santé des Pays de la Loire nous dit qu'il est désormais présent partout dans la région. Il a été détecté tout récemment en Sarthe.

Mais cette présence est encore qualifiée de "faible". L'Aedes albopictus a été observé dans moins de 40 % des communes de la région.

Selon le site de l'ARS fin 2022, onze communes des Pays de la Loire étaient considérées comme colonisées :

• Loire-Atlantique : Le Pellerin et Saint-Sébastien-sur-Loire depuis 2019, Rezé depuis 2021, Bouguenais et Nantes depuis 2022
• Maine-et-Loire : Trélazé depuis 2017, Chacé (commune de Bellevigne-les-Châteaux) depuis 2018 et Les Garennes sur Loire depuis 2020
• Mayenne : Château-Gontier-sur-Mayenne depuis 2020.
• Vendée : Fontenay-le-Comte depuis 2015 et Sainte-Hermine depuis 2019.

Le moustique tigre est susceptible de transmettre diverses maladies que l'on appelle arboviroses, des maladies virales comme la dengue, le chikungunya et le Zika.

L'ARS des Pays de la Loire dit n'avoir constaté à ce jour aucun cas de ces maladies transmises par le moustique tigre dans la région. Les cas répertoriés étant des personnes arrivées en Pays de la Loire alors qu'elles étaient déjà porteuses du virus.